Pour ce dernier samedi du mois de mai, Case Départ vous propose une petite sélection. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : le second volet de l'excellent série Amère Russie, Le croque-mort : un très beau roman graphique se déroulant en Grèce, L'essai : l'histoire méconnue d'une colonie libertaire, Mille tempêtes : le nouvel album fantastique de Tony Sandoval, le premier volume de l'adaptation du roman de Julia Verlanger : L'autoroute sauvage, le second tome de la saga Le chevalier d'Eon signé Agnès Maupré, les nouvelles aventures de Ric Hochet par Zidrou et Van Liemt, le deuxième volet de l'excellent polar Wonderball, Mes Dinky : le bel album de Rémi Simard sur sa collection de mini-voitures, le deuxième tome de Retour au centre de la Terre, la première intégrale des Petites Femmes : la série de Pierre Seron, Juliette Merris propose le second volume de Je veux un bébé tout de suite, le huitième recueil de Dopututto Max des éditions Misma, Nouvelles graphiques d'Afrique : un bel album de Laurent Bonneau, le recueil d'histoires Des filles de ma connaissance, la nouvelle aventure de Top 14 Rugby, l'adaptation en bande dessinée de L'Iliade et l'Odyssée et Growing love : un manga pour adultes. Bonnes lectures.
Amère Russie
Pour vous rafraîchir la mémoire sur cette très belle épopée d'une mère à la recherche de son fils soldat pendant la Guerre de Tchétchénie, cliquez ici.
Résumé de l'éditeur :
Pour retrouver son fils, un militaire russe détenu en Tchétchénie, Ekaterina a bravé tous les dangers. Jusqu'à rencontrer Bassaiev, le redoutable chef tchétchène, qui lui présente un prisonnier... qui n'est pas celui qu'elle recherche éperdument. Retranchée dans une Grozny assiégée, déçue par l'attitude des belligérants des deux camps, Ekaterina semble plus seule que jamais. Mais une porte de sortie se trouve peut-être au milieu des immeubles en ruines.
Aurélien Ducoudray est un scénariste qui commence à compter dans le monde du 9e Art. En proposant les excellents albums Clichés de Bosnie (avec François Ravard, Futuropolis), Young (avec Eddy Vaccaro, Futuropolis) ou Mobutu dans l'espace (avec Eddy Vaccaro, Futuropolis), il confirme tout le bien que l'on pensait de ses récits. C'est encore le cas avec Amère Russie. Comme pour le premier volume, il transporte le lecteur dans cette contrée peu avenante qu'est la Tchétchénie, pendant un des conflits les plus meurtriers de ses dernières années ; une guerre méconnue en France.
Alors que son histoire est très sombre, il l'illumine par Ekaterina, cette fantastique petite mère-courage d'une belle intelligence, bravant tous les dangers pour retrouver son unique fils Volodia. A force de ruses et de petits boulots, cette femme courageuse et touchante, avance malgré les dangers. Accompagnée de Milyi, rayon de soleil dans une Grozny en ruines, elle croise le chemin d'Oleg, un soldat aveugle.Le scénariste castelroussin brosse donc un formidable portrait de femme, apeurée parfois mais toujours combattante. Tout n'est donc pas noir dans ce récit, construit comme une comédie dramatique à la Kusturica. Le point de départ de ce diptyque est le visionnage d'un reportage sur les mères de soldats russes partant en zone de guerre pour retrouver leur enfant et plus particulièrement après le serment que Bassaïev leur a fait.
Le croque-mort
Il est rare de découvrir en France des bandes dessinées venues de Grèce. Les éditions Steinkis réparent cet oubli en publiant le très beau roman graphique Le croque-mort scénarisé par Tassos Zafiriadis et Yannis Palavos et mis en image par Athanossios Pétrou. Dans ce très bel album, le lecteur suit Lefteris, un employé de pompes funèbres qui doit veiller sur la dépouille d'un vieil homme mort depuis plusieurs jours.Résumé de l'éditeur :
La chambre froide des " Pompes funèbres Leonidas " est en panne. Dans la fournaise de Thessalonique, impossible de garder les corps en ville. Le croque-mort va donc devoir veiller deux nuits durant la dépouille d'un homme dont on attend la fille pour les funérailles. Impossible de fermer l'œil... Lefteris, loin de sa famille et de sa petite fille, est un homme de la soixantaine, solitaire et qui vit dans un appartement trop grand pour lui. Employé de pompes funèbres dans une Grèce en crise, il continue a y travaillé malgré le poids des années. Il le sait, sa vie est derrière lui ; la voyant arriver à grands pas. Comme les défunts qu'il accompagne, sa dernière demeure lui semble très près. Pourtant, cet homme robuste ne se plaint pas, il continue malgré tout. Ce jour-là est particulier, Stavros, son patron lui confie la mission de veiller sur la dépouille d'un vieil homme. Décédé depuis plusieurs jours, le cadavre émet une odeur pestilentielle qui contraint Lefteris à l'emmener loin de la boutique sur les hauteurs de Thessalonique. La fille du défunt, qui ne lui parlait plus depuis de nombreuses années, veut être présente pour les funérailles. Le croque-mort doit donc garder le cercueil le temps d'un week-end. L'existence de Lefteris se confond avec celle du mort : comme lui, il est seul et loin de sa famille. Ce très beau portrait d'homme est à la fois tendre et bouleversant. Il faut souligner que les silences fréquents dans l'album apportent une lenteur bienvenue, contemplative et il est finalement plus solaire que la thématique le laisse entendre. Humainement fort, le récit a pour toile de fond la Grèce actuelle, au bord du gouffre financier, en crise mais très digne.
Cette belle chronique sociale douce-amère sur la vieillesse est admirablement mise en image par Athanassios Pétrou grâce à un trait à la puissance graphique forte. Il propose des planches où les expressions des personnages sont excellemment mis en lumière.
Le croque-mort : un excellent album à lire !
L'essai
Nicolas Debon dévoile une histoire française méconnue dans L'essai, publiée par Dargaud : En 1903, dans les Ardennes, et ce pendant 5 ans, Henry Fortuné crée un lieu où les anarchistes se regroupe, une colonie de l'humanité future.
Pour découvrir cet album sur Comixtrip, cliquez sur le lien suivant.
Mille tempêtes
Résumé de l'éditeur :
Je suis une âme qui erre depuis l'aube des temps. Mon peuple t'a confondue avec moi.
Rentre chez toi, maintenant, pour accomplir ton destin. Je te salue Lisa ! Ange et Démon...
L'autoroute sauvage
Si Julia Verlanger (qui signait sous le pseudonyme de Gilles Thomas) proposait une attaque bactériologique soudaine sur Terre dont l'héroïne Annie allait chercher une antidote à Paris ; le récit de Mathieu Masmondet s'intéresse davantage à un déclin de l'humanité qui sera visible dans le dernier opus de la trilogie. Le scénariste, spécialiste des récits pour la télévision, met avant tout en lumière une véritable histoire d'amour. D'un côté Hélène, jeune femme dont le père a été assassiné par une bande de malfrats assoiffés de sang et qui ont kidnappé sa jeune sœur, Anna. De l'autre, Mo, grand gaillard taiseux et solitaire. Ensemble, ils vont découvrir l'amour, s'entraider et partir vers Paris, le long de cette autoroute désaffectée et laissée aux mains de Groupés sanguinaires. L'ambiance de tension et quasi angoissante est servie par le beau dessin de Zhang Xiaoyu. Très à l'aise dans les scènes d'action et de combats, il réussit aussi les planches où les décors d'abandon des villes et de l'autoroute sont décrites. D'ailleurs ces lieux désaffectés recommencent à être colonisés par la nature.Le chevalier d'Eon
Après un premier volet extrêmement bien réussi, Agnès Maupré dévoile le second tome de l'excellent diptyque Le chevalier d'Eon, édité par Ankama ; une adaptation romancée de la vie du célèbre espion de Louis XV qui avait l'habitude de s'habiller en femme. Le second volume de cette belle saga est dans la même veine que le premier volet qui fut un très beau succès critique. Il faut dire que le fameux Chevalier d'Eon a eu une vie digne d'un roman d'aventure et d'espionnage. S'emparant de ce destin hors du commun, Agnès Maupré le décline en un excellent récit où les intrigues de cour, les combats à l'épée, les déguisements et les coucheries sont légion. Dans ce second opus, le lecteur retrouve le Chevalier d'Eon, ayant pris l'apparence de Lia, au service de sa majesté le Roi d'Angleterre, en tant qu'ambassadeur de France. Cette couverture lui permet de rédiger des plans précis des côtes britanniques dans le but de faire débarquer les troupes françaises sur le sol anglais plus facilement. Accompagnée de La Rozière, elle peint les plages ainsi que ces fameuses falaises. Mais Louis XV, qui avait confié cette mission au chevalier, meurt. Son successeur et petit-fils, Louis XVI ne l'entend pas de cette oreille, le rétrograde en simple secrétaire d'ambassade et lui adjoint un nouveau supérieur en la personne de Guerchy, un homme simplet. Les relations entre les deux hommes sont des plus tendues.Le chevalier d'Eon : une mini-récit pour découvrir la vie romanesque de cet être fantasque et si attachant.
Ric Hochet
Disparu en 2010 à 78 ans, Gilbert Gascard, plus connu sous le nom de Tibet a consacré sa vie au dessin. Son œuvre monumentale (plus de 200 albums) est composée en grande partie de la série Chick Bill (69 albums entre 1954 et 2010, avec l'aide quelques fois sur le scénario de Greg, André-Paul Duchâteau ou Goscinny), Le club des Peurs de rien (7 albums entre 1966 et 1984, avec l'aide sur les récits des mêmes scénaristes) mais surtout Ric Hochet, le célèbre journaliste, qui apparaît pour la première fois en 1955 dans les pages du journal Tintin et qui connaît sa première publication en album en 1964 avec le titre Traquenard au Havre.Les éditions du Lombard ont décidé, avec l'autorisation de Nicole, la femme de Tibet et d'André-Paul Duchâteau, le scénariste de la série, de relancer Ric Hochet, dans de nouvelles aventures. Pour cela, elles ont fait appel à Zidrou pour la partie scénaristique et Simon Van Liemt pour la partie graphique et le premier album de ce nouveau tandem est publié le 29 mai avec pour titre R.I.P Ric !
Ric Hochet est une série à succès (plus de 15 millions d'albums vendus pour 78 titres et 10 hors-série) dès son apparition. Le héros est journaliste au quotidien La Rafale et aide fréquemment la police judiciaire. Les deux auteurs, Tibet et Duchâteau, s'étaient librement inspirés de Rouletabille mais aussi Valhardi pour créer leur personnage principal. Les enquêtes de la série tournent fréquemment autour du fantastique et la première apparition de Ric et du Commissaire Bourdon le sera dans Signé Caméléon mais ne sera pas tout de suite publiée en album. Pour les nouvelles aventures signées Zidrou et Van Liemt, le scénariste a décidé de faire un lien avec le fameux Caméléon que les lecteurs ont découvert dès la première histoire dessinée par Tibet. Cette histoire se déroule en 1968, entre les albums Alias Ric Hochet et Les cinq revenants. Dans un premier temps, Zidrou avait choisi d'imaginer un album one-shot dans la veine de la collection Spirou par... Ayant changé d'avis, il se lance dans la reprise du personnage et confie d'ailleurs : " [...] tenter de garder cette évidence qui s'impose lorsqu'on lit les albums de Tibet et Duchâteau : ils essayaient tout le temps de surprendre le lecteur, sur un rythme effréné, qui était celui de la publication en magazine. Et même si les rythmes ont changé, il faut garder ce plaisir du retournement, de la surprise. Et ne pas trop se prendre au sérieux, exactement comme eux ". Très vintage dans son approche, l'album plaira aux lecteurs les plus anciens (pas sûr que les plus jeunes s'y retrouvent) puisqu'il met en scène tous les acteurs principaux de la série. Ainsi, on retrouve : le commissaire Bourdon, Nadine la nièce de ce dernier et compagne de Ric Hochet, le professeur Hermelin, l'inspecteur Ledru, le journaliste Drumont... Les dialogues sont recherchés et les hommages nombreux à la série originale voire aux films des années 60. Si le rythme est au rendez-vous, tout ne fonctionne pas tout le temps.Pour accompagner Zidrou dans ce nouvel opus à l'intrigue assez classique, il a choisit Simon Van Liemt, qui s'en sort avec les honneurs en ce qui concerne la partie graphique. C'est d'ailleurs le gros point fort de l'album, puisque le récit ne nous a pas enchanté plus que cela. Les deux hommes qui souhaitaient depuis de nombreuses années travailler ensemble, se retrouvent donc sur ce beau projet. Le dessinateur de Poker (Le Lombard) souligne ainsi : " On a voulu tout de suite prendre nos distances avec le Ric classique, aller un peu plus loin qu'un simple James Bond avec un nouvel acteur, mais sans trop s'en écarter non plus. Jouer avec ses codes, très précis, mais se garder une marge de liberté. Un choix volontairement hybride. Ce n'est pas un 79e tome, j'espère que cela sera compris, juste une version plus moderne bien que vintage du personnage ". Il réussit parfaitement son entreprise, proposant des planches au découpage moderne et beaucoup de mouvements dans les scènes d'action.
De son côté, André-Paul Duchâteau confie : " Nous voulions surtout, Nicole et moi, que ce soit fait avec beaucoup de soin. [...] Ric au départ est quelqu'un de très cartésien, mais qui en même temps vit tout le temps des rebondissements, à la lisière du fantastique ". Et c'est le cas pour cette nouvelle aventure.
Nous vous invitons par la même occasion à vous (re)plonger dans les premiers albums du duo Tibet-Duchâteau et (re)découvrir une très belle série polar et d'espionnage. A noter que les éditions Daniel Maghen proposeront Mystères ! une biographie en images de Tibet en octobre 2015, sur le même modèle que celle sur Maurice Tillieux, un formidable travail de mémoire et d'archives.
Wonderball
Le 24 septembre dernier, les éditions Delcourt dévoilaient le premier volet de Wonderball, un excellent polar signé Jean-Pierre Pécau et Fred Duval pour le scénario et Colin Wilson pour la partie graphique. Pour le deuxième volume de Wonderball, intitulé Le fantôme, le récit de Jean-Pierre Pécau et Fred Duval s'accélère, se densifie et cela pour le plus grand bonheur des lecteurs, vite accrochés par cet excellent polar. Les rebondissements et les surprises émaillent l'album et cela est fort agréable. Cette histoire se fonde sur un thriller utilisant admirablement les codes du genre : tueur en série, complots politiques, drogue, machination, retour sur une vraie affaire (l'assassinat de JFK) et surtout un personnage principal à la forte personnalité : Spadaccini alias Wonderball, le meilleur inspecteur de San Francisco, aux manières peu orthodoxes, forte tête, irascible et jouant facilement du poing y compris contre ses collègues. Mais malgré cela, il est toujours protégé par son commissaire au grand dam du procureur.Mes Dinky
Très original dans son traitement graphique comme dans son approche scénaristique, le beau roman graphique de Rémi Simard est singulier. Traité avec un bel humour et une belle dose d'auto-dérision, le récit du québécois amuse beaucoup le lecteur. Agé de 6-7 ans, il découvrit sa première passion à travers les cartes à collectionner Batman, puis vint sa passion pour les petites voitures lorsqu'on lui offrit un très beau cadeau : une Batmobile produite par Corgi Toys en 1966. Dans son album, le lecteur apprend une foule de choses, notamment sur les grandes marques fabriquant les mini-véhicules : Dinky Toys (produit par Meccano en France et en Angleterre dès 1933), Corgi Toys (par Mettoy en Angleterre dès 1954), Matchbox (par Lesney en Angleterre en 1953) ou Hot Wheels (par Mattel à la fin des années 60) mais aussi les différents modèles que l'auteur possède.Retour au centre de la Terre
En novembre 2013, Ludo Lullabi dévoilait le premier volet de sa nouvelle série Retour au centre de la Terre. Ce mois-ci sort le deuxième tome, Les pilliers de No'or. Le lecteur retrouve avec un grand plaisir, la suite des aventures de Tod et Dilly Ross.Pour vous rafraîchir la mémoire, vous pouvez relire la chronique du tome 1, en cliquant ici.
Les Petites Femmes
Les éditions Joker proposent une intégrale de la série coquine de Pierre Seron, Les petites femmes. Pour ce premier album, deux histoires sont à l'honneur : Le gabarit sacré et Les petites femmes à plumes, éditées initialement à la fin des années 90.Résumé de l'éditeur :
Le chef d'œuvre érotique de Seron remis au goût du jour ! Les Petites Femmes c'est un cocktail d'aventures, de charme et d'humour qui est réservé à un public averti sans être vulgaire. Voici donc la première des trois Intégrales Les Petites Femmes de Seron qui reprend les deux premiers albums :
- Le Gabarit Sacré dans laquelle un naufragé se retrouve unique homme sur une île déserte peuplée de petites femmes guerrières qui désirent par-dessus tout se reproduire, lourde tâche qui doit incomber à... L'homme !
- Les Petites Femmes à plumes : Cette fois, c'est suite à un accident d'avion que deux hommes vont atterrir sur une ile des plus étranges. Elle est peuplée par des Petites Femmes à plumes, mi-poules, mi-femmes qui elles aussi souhaitent se reproduire alors que le mâle coq ne l'entend pas de cette oreille!
Un dossier complémentaire de 10 pages ponctuera l'album reprenant des croquis inédits, des gags érotiques de manière à offrir un petit plus coquin à cette intégrale pleine de charme. Les petites femmes furent initialement publiées par la maison P&T production. La toute première aventure sexy de ces êtres minuscules, Le gabarit sacré fut publié en 1999 et la deuxième Les petites femmes à plumes en décembre 2000. En tout, 6 récits seront édités (le dernier, VDQS en 2009). Après une quarantaine d'albums des Petits Hommes, sa série référence, Pierre Seron, poussé par sa conjointe Magda, en imagine une nouvelle. L'idée lui vint alors de suite : laisser s'exprimer sans retenue l'esprit licencieux souvent présent au second degré dans Les petits Hommes. Pour être clair, malgré le nom de la série, ce n'est absolument pas un spin-off des Petits Hommes mais une série très coquine où les hommes et les femmes dénudés se livrent à toutes les prouesses sexuelles sur des îles tropicales, le tout mâtiné d'un bel humour. Pierre Seron est né en 1942 en Belgique. En 1957, il entre dans le fameux Institut Supérieur des Beaux-Arts de Saint-Luc (à l'époque, il n'y a pas de cours de bande dessinée). Là-bas, il croise les futurs artistes comme Dany, Walthéry ou Pleyers. Par la suite, il deviend l'assistant de Dino Attanasio ( Spaghetti ou Bob Morane) aux éditions du Lombard. Après son service militaire, il devient tour à tour l'assistant de Mittéi ( Indésirable Désiré) ou Maurice Maréchal ( Prudence Petitpas). Et en 1967, il imagine la première histoire des Petits Hommes, Alerte à Eslapion, un succès immédiat. En 1976, il débute Les Centaures, son grand coup de cœur.
Je veux un bébé tout de suite
L'échelle de Richter est le deuxième volume de Je veux un bébé tout de suite, un album de Juliette Merris, publié par Hugo Desinge. L'auteure continue de nous livrer sa vision de sa grossesse et l'arrivée de son premier enfant.Résumé de l'éditeur :
L'échelle de Richter évalue l'énergie dégagée au foyer d'un séisme. Cette échelle possède une particularité, elle ne dispose pas de limite supérieure. Avoir un enfant, est-ce vraiment la chose la plus naturelle du monde ?
Je veux une bébé tout de suite, c'est l'histoire d'une aventure semée d'embûches, un vrai parcours du combattant, dès lors que l'idée, l'envie et le désir (voire l'obsession) d'avoir un bébé naît et grandit.
Et quand le bébé arrive, après bien des problèmes, la galère continue. Il y a l'accouchement, un grand moment intense que seule une femme peut connaître, et l'apprentissage (ça, ça se partage) des premiers moments comme le changement de couches, les biberons toutes les 4 heures et les cris non-stop qui vous transforment en pur zombie en trois mois à peine.
C'est le blog de Margaux Motin qui a donné envie à Juliette Merris d'ouvrir le sien. En janvier 2009, elle rejoint la grande famille des blogueuses-illustratrices avec le lancement de http://jeveux1bebe.com, son blog sur sa maternité. Après la publication en janvier 2015 du premier volume de Je veux un bébé tout de suite, voici déjà le deuxième opus. Après toutes les questions et les difficultés du couple pour avoir un enfant, L'échelle de Richter décrit l'arrivé du bébé. Tout y passe avec énormément d'humour et d'auto-dérision : l'accouchement, l'humour des sages-femmes, la montée de lait, le premier trajet en voiture, l'éloignement du chat, les cadeaux de naissance, pourquoi le bébé pleure, le prénom, le sexe après l'accouchement, le coucher, la première promenade, les nuits ou le premier rire.C'est rafraîchissant, amusant ! A offrir à de futurs parents !
Dopututto Max 8
Pour son huitième recueil Dopututto Max, les éditions Misma ont invité 19 auteurs à imaginer des mini-récits afin de les publier dans cette revue alternative de 146 pages, qui a pour but de mettre en lumière les dessinateurs publiés par la structure mais aussi faire émerger de nouveaux talents.Parmi ses histoires, certains nous ont enchanté et interpellé :
- Meet in meat de Wakana Yamazaki. Un homme hyper glouton se retrouve happé dans une dimension parallèle où il découvre un lieu rempli d'aliments. Il commence alors son festin pantagruélique. Fait d'un dessin et de couleurs psychédéliques, cette histoire quasi muette est une belle métaphore sur l'alimentation et la société de consommation.
- Carte postale de Grèce de Sandrine Martin (qui signe aussi la couverture de la revue). L'auteure rend visite à Angeliki, une amie vivant près de Corinthe. Chez les grands parents de cette dernière, la pause café-thé est importante. A la télévision, un visage apparaît et le grand-père fond en larmes. Cette vision lui fait remonter des souvenirs douloureux de la Seconde Guerre Mondiale. Ce récit simple, véritable, est d'une belle sensibilité. Les récents événements et les élections en Grèce mettent en avant Aube Dorée, un parti néo-fasciste qui font vaciller la république grecque (avant que Syriza n'arrive au pouvoir). Ajouter à cela des mesures d'austérité et l'on obtient un témoignage vrai au cœur du pays hellène.
- Histoire tremblée d'Amandine Meyer. Une petite fille pleurant en perd ses yeux. Elle va naviguer dans des lieux poétiques et fantasmés. Ce récit onirique sur le sens de la vue et sa perte est porté par un trait vif, jeté, entremêlé proche du gribouillis et qui enchante le lecteur.
- Les vies de Gumbo par Ed. Une petite chauve-souris est déposée dans une caverne par un dragon. Dans ce lieu, elle va croiser de drôles de créatures qui vont la mettre en danger. La grande force de cette petite histoire muette repose sur un excellent dessin où les couleurs ont beaucoup d'importance, faites de noir, de violets ou de bleus.
- Elémentaire mon cher Scoote r de El don Guillermo. Salami et Scooter sont envoyés à Londres par leur patron car il se passe des choses un peu bizarres dans la patrie de Shakespeare. Après quelques heures de shopping effréné, le premier meurtre à lieu : une peluche doudou a été éventrée. Les deux enquêteurs commencent alors leurs recherches. De la folie, un peu de nostalgie des années 90 (les Spice Girl, Margareth Thatcher...), des situations cocasses, des écureuils et de personnages un peu décalés et l'on obtient un long récit de 32 pages très agréable et amusant.
Dans ce recueil, comme dans les précédents, il y a aussi des histoires de Fashion Cat d'Alex Schubert, de Megg Mowl and Owl de Simon Hanselmann ou Autorisé par Nounours (Le jardin de Mimi) de Yoon Sun Park.
Et pour quelques pages de plus...
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Nouvelles graphiques d'Afrique
Les éditions Des ronds dans l'O dévoilent le très beau roman graphique de Laurent Bonneau, Nouvelles graphiques d'Afrique.Résumé de l'éditeur :
Un garçon de 21 ans remet en question ses conditions de vie en Afrique subsaharienne, son éducation, son pays. C'est sur ces notes que débute ce recueil graphique de courtes histoires sensibles, entremêlant déambulations et pensées intérieures présentées sous forme de témoignages. Après Metropolitan (avec Julien Bonneau, chez Dargaud) et le très beau et bouleversant Ceux qui me restent (avec Damien Marie, chez Grand Angle), Laurent Bonneau revient seul aux commandes d'un ouvrage Nouvelles graphiques d'Afrique. Alors qu'il n'avait jusqu'à présent pas évoqué ce continent dans une bande dessinée, il l'avait pourtant fait dans de nombreux documentaires qu'il a réalisé sur différents pays d'Afrique. Pourtant, dans cette histoire difficile de découvrir quel est le pays évoqué, il n'indique jamais le lieu exact de son histoire ni le pays dans lequel elle se déroule. Peut-être un mix de plusieurs d'entre-eux ? Essayant de casser les clichés des européens sur l'Afrique, il invite le lecteur dans une histoire très contemplative, faite de beaucoup de silences, soulignant que le temps de ce continent est différent du nôtre. Les habitants prennent leur temps, jouent avec le soleil et la nuit. En toile de fond, il dépeint aussi la corruption importante dans ces contrées mais aussi les enfants-soldats, la pauvreté, parfois la famine, mais aussi le football.
Un beau roman graphique porté par un dessin des plus remarquables !
Des filles de ma connaissance
Pour ce faire, il n'a de cesse de métamorphoser son trait, piochant tout d'abord chez des auteurs comme Matt Groening puis évoluant avec assurance dans une esthétique faite d'un noir et blanc d'une grande élégance, et lorgnant du côté de chez Adrian Tomine, mais avec, en filigrane, une voix qui reste toujours la sienne. Comme dans un film de Hong Song-soo, on se croise, on s'aime, on se déchire et on s'engueule, on tergiverse et on refait le monde autour d'une table, et on boit, beaucoup et souvent.
Et si désormais les échanges se font plutôt à coup de sms et d'emails que de lettres chères à Choderlos de Laclos, les questionnements et les intrigues restent les mêmes; quête impossible de l'être aimée, petits mensonges, trahisons mesquines, sentiments contradictoires... Car si les cœurs esseulés semblent paradoxalement chaque jour qui passe un peu plus dur à ravir, c'est peut-être que l'homo modernus, malgré tout son savoir et toute la technologie dont il se pare, apparaît comme une créature toujours un peu plus solitaire, et paumée.
Kwon Yong-Deuk est un artiste sud-coréen, souvent édité par Saï Comics dans son pays natal. Pour la première traduction en français de ses œuvres, c'est Atrabile, maison d'édition suisse, qui publie Des filles de ma connaissance. Parfois, le lecteur se demande si ces mini-récits sont exacts et véridiques, le mangaka le confirme : " Est-ce que tout cela est vrai, est-ce une autobiographie ? Ma réponse est oui ! Même la dernière histoire avec la jeune éditrice, est autobiographique... Mais est-ce vraiment si important, de savoir si ces histoires sont vraies ou fausses ? Ce que dit mon cœur est vrai, même si ma mémoire n'est pas si bonne que ça ". Simples, touchants, parfois amusants, ces huit récits, au-delà de l'histoire personnelle de l'auteur, permettent de plonger le lecteur dans la Corée du Sud contemporaine, découvrir ce pays, ses us et coutumes. Si les conquêtes, la drague, les relations de couple et l'amour sont universelles, on peut y déceler quelques différences d'avec les nôtres. Multipliant les relations courtes, Kwon Yong-Deuk essaie en vain de se stabiliser et pouvoir entamer une vraie histoire.Top 14 Rugby
Top 14, la série jeunesse des éditions Soleil, continue son petit bonhomme de chemin sous la houlette de Benjamin Ferré, Christopher Lannes, et Gildas Le Roc'h. La meilleure série sur le rugby pour les enfants (et de loin!) mêle habilement le jeu, les stars du ballon ovale, les matchs, une jeune garçon attachant et un bel dose d'humour !
Résumé de l'éditeur :
Un nouveau challenge attend Jérémy et la Top Team : le tournoi de l'hémisphère sud. L'équipe du Top 14 est opposée aux terribles joueurs de Nouvelle-Zélande dans un match à quitte ou double.
Accompagné des stars All Blacks du Top 14, telles Ali Williams, Sitiveni, Sivivatu ou René Ranger, Jérémy va aller à la rencontre de la culture néo-zélandaise, de ses rites initiatiques, de ses traditions et surtout de son rugby si particulier. Avec pour ultime ambition : remporter le match, remporter la Top Cup !
Les dessins du duo Lannes-Le Roc'h sont de nouveau simples mais terriblement efficaces. Pas de faute de goût pour ce troisième volume de Top 14. Du jeu, du rugby, de l'exotisme, de la fête, du sourire et un peu de suspens : tout est là pour accrocher le jeune lectorat !
L'Iliade et l'Odyssée
Attention : petit ovni en vue ! Soledad Bravi dépoussière et modernise à outrance L'Iliade et L'Odyssée, deux textes attribués à Homère, écrits entre 850 et 750 avant Jésus-Christ. Si les deux ouvrages originaux sont écrits en grec homérique, l'auteure l'adapte dans un français contemporain : anachronismes, jeux de mots et expressions actuelles ; c'est ce qui en fait tout le charme et un très bel humour. Le lecteur ne rit pas à gorge déployée non plus mais sourit à chaque page.
Tous les moments importants de l'Iliade et de l'Odysée sont retranscrits ici : le choix de Pâris, l'enlèvement d'Hélène, la Guerre de Troie, la mort d'Achille, le Cheval de Troie, le retour d'Ulysse, le cyclope, Circé, Télémaque ou Pénélope; le tout sous la forme de petits dessins sans cadre, surmontés de textes explicatifs, ainsi que de dialogues. Le graphisme est simple, très lisible, faisant référence à des ouvrages pour enfants. Une belle réussite.
Growing love !!
(album pour adultes)
Kyo Kitazawa livre la suite de l'excellent yaoi Daddy please fall in love. Avec Growing love !! elle fait un bon dans le temps : Rintaro n'est plus un tout-petit garçon, il est un beau jeune homme, attiré par son beau-père, Natsuki, l'homme qui partage la vie de son père Jirô. Drôles d'aventures pour cette famille particulière !Résumé de l'éditeur :
Rin et Kiyo sont deux amis qui se connaissent depuis le jardin d'enfance. Leur amitié est telle qu'aucun n'a de secret pour l'autre. Encore enfant, Rin avait eu le béguin pour Takahashi, le petit ami de son père, mais avait finalement renoncé pour laisser son père vivre heureux avec son nouveau compagnon. Pour surmonter ce chagrin d'amour, Rin a pu compter sur Kiyo qui l'a aidé à oublier. Mais aujourd'hui Kiyo a décidé d'avouer ses sentiments à Rin, qui ne sait comment réagir... Le nouveau récit de Kyo Kitazawa est toujours aussi agréable à lire. Il faut souligner que l'auteure sait parfaitement décrire les joies et les tristesses d'hommes amoureux d'autres hommes. Avec une belle sensibilité, elle livre un scénario touchant et empli d'humour. Elle mise sur la force de ses personnages pour accrocher son lectorat.
Jirô et Natsuki filent le parfait amour. Depuis le début de leur relation, ils vivent dans un bel appartement et élèvent le fils du premier, Rintaro, qui a beaucoup grandi depuis Daddy please fall in love. Bel étudiant intelligent, il passe son temps avec son meilleur ami Kiyo, qu'il connaît depuis la maternelle. Le jeune garçon est amoureux de son beau-père et décide de lui avouer. Après avoir été éconduit poliment, il voit son meilleur ami lui avouer ses sentiments. Un très bon yaoi, simple et efficace à découvrir !