Au moment de son lancement, la Normandie est assurément le plus grand et le plus luxueux paquebot au monde. Le Figaro souligne que c'est tout un peuple qui se retrouve sur ce bateau et détaille l'art décoratif mis en œuvre tandis que Le Petit Journal Illustré relève les ponts qui s'étagent harmonieusement et que le poète Léon-Paul Fargue lui consacre une chronique. Mais L'Humanité dénonce de son côté les charges d'exploitation trop élevées qui forceront le gouvernement à renflouer la compagnie et des aménagements qui compromettent la sécurité des passagers.
Le 5 mai 1935, la Normandie quitte le chantier de Saint Nazaire, acclamé par une foule énorme, pour effectuer des essais en mer au cours desquels le navire bat tous les records de vitesse et où l'on acquiert la certitude que le ruban bleu viendra à la France. Le 11 mai, le paquebot arrive au Havre qui sera désormais son port d'attache et où une nouvelle gare maritime a été construite spécialement, comme à New York.
Le 16 mai, coup de tonnerre, le personnel de la Compagnie Générale Transatlantique déclenche une grève. Si L'Humanité se range aux côté des travailleurs du Havre et dénonce les menaces de sanction, Le Figaro titre sur le grave préjudice causé et L'Ouest Eclair y verra la possible implication de forces occultes anti-françaises. Le 19 mai, la grève est terminée et la menace pesant sur La Normandie se dissipe. Le 29 mai, la Normandie part pour New York, salué par les cris d'enthousiasme de plusieurs milliers de personnes, embarquant à son bord Madame Lebrun mais aussi des souvenirs de France.
Pendant la traversée, alors que Le Figaro se demande si la Normandie décrochera le ruban bleu, Jean Bareil donne ses impressions de voyage pour L'Ouest Eclair tandis que Guermantès délivre ses billets d'humeur, le deuxième jour et à l'horizon de New York, pour Le Figaro.
Le 3 juin, La Normandie arrive à New York et a droit à un accueil inoubliable. Mais si les qualités techniques du paquebot sont admirées aux États-Unis, les Allemands contestent aussitôt le record de traversée alors que L'Humanité l'attribue aux compétences du personnel. Le 8 juin, la Normandie quitte New York, emmenant plus de 2 100 passagers, pour rejoindre Le Havre, qu'elle atteint le 8 juin, escortée de l' hydravion géant Lieutenant-de-Vaisseau-Paris, et battant à nouveau le record.
L'Ouest Eclair publie encore du 16 au 20 juin plusieurs articles de Jean Bareil, avant que la Normandie ne poursuive une carrière placée sous le signe du luxe, prématurément interrompue par la Seconde Guerre mondiale...
Wilfried Muller - département Droit, économie, politique
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