Je suis assistante Comenius cette année à Athènes. Je travaille en collaboration, à raison de 13 heures par semaine (un luxe ! Même si mon quotidien n'est pas si conte de fées), avec une professeure grecque de français (au niveau de langue vraiment excellent) dans un collège public au nord de la capitale près du mont Parnès. Je prépare des activités ludiques, des exercices et des travaux sur des textes littéraires, des devoirs (j'adore !)... Je fais des animations sur la musique française, le cinéma... Je prépare les élèves au DELF... Je m'occupe de différents projets de correspondances, d'échanges avec d'autres collèges en Europe. Mania, ma trutrice est très enthousiaste pour tous ces projets à dimension européenne. Nous entamerons bientôt via la plateforme E-twinning (découvrez ce magnifique défi en théorie, plus coriace en pratique je trouve : http://www.etwinning.fr/) des échanges avec un collège de la région de Naples et un collège de Chorzow en Pologne où une excellente amie, Amélie, travaille en tant qu'assistante Comenius elle aussi ! Une belle ouverture pour moi, pour l'école, pour les élèves même si parfois de petits doutes m'assaillent.. Si peu savent conjuguer les verbes au présent en français, j'entends parfois "Je suis 13 ans" et on veut les faire écrire en langue française à des débutants francophones d'Italie, de Pologne.. L'idée me plaît, me passionne mais n'est-elle pas trop ambitieuse, idéaliste?
Mania est par ailleurs sur un autre projet qui ne me concerne qu'à moitié, toujours Comenius cependant. On l'appelle un projet d'échange multilatéral : elle est entrée en contact avec des collèges d'Espagne, de Turquie, de Roumanie, d'Islande, d'Italie... et développera pour deux années des échanges, des rencontres... Sur le thème de l'art dans l'éducation. Projet passionnant mais au final un peu difficile à monter dont je ne saisis pas encore tout l'intérêt pour les enfants, les écoles... Comme E-twinning, super en théorie, dans les idées, un peu moins compréhensible et original en pratique.
Quoiqu'il en soit les professeurs d'anglais de Turquie et d'Espagne qui vont collaborer à ce projet sont venus découvrir Athènes et poser les premières bases de leurs idées sur papier et sur le sol Grec ! J'ai rencontré Franzisco, 45 ans et Muhammet, 31 ans, jeudi matin, différents, sympathiques, très intéressés par le système scolaire grec. " Mummi " était surpris qu'il n'y ait pas de pause midi à l'école. En Grèce, les cours sont de 8h10 à 14h10 avec de nombreuses petites récréations durant lesquelles les élèves grignotent beaucoup (Mummi m'informe qu'en Turquie il est interdit de manger pendant les cours. L'école ne vend pas de sucreries aux élèves à la différence de mon collège) et une prière le matin pour bien débuter la journée... En Grèce lun cours dure 45-50 minutes... Franz était plus dans l'observation que dans les questions. Mummi lui s'est informé sur les horaires, les salaires, voulait savoir si les enfants peuvent choisir en Grèce leur collège - comme en France il y a une carte scolaire. Comme en France elle peut être détournée. Mummi qui a eu un succès fou auprès de la gente féminine de 13 ans de mon collège nous a donné l'impression que le système turc était beaucoup plus cool et avantageux financièrement - il nous a expliqué qu'un prof doit faire 15 heures par semaines (18 pour un prof en Grèce qui a 10 ans d'ancienneté) mais qu'il est possible de faire des heures supp mieux rémunérées en accord avec le directeur de l'établissement. Il en fait 15 !!!...
Vendredi matin nous avons parlé pendant plusieurs heures de leur projet Comenius. Une prof grecque d'anglais, un prof grec d'informatique, un prof grec d'allemand, Vagelis, très sympa étaient présents qui souhaitent y participer. Au début j'étais très intéressée, peu à peu je ne me suis plus sentie en accord avec leurs idées et finalement je me suis sentie peu concernée. Ce fut tout de même intéressant d'échanger sur les systèmes scolaires respectifs, sur les régions de chacun, sur la politique des pays et de les entendre parler de leur projet.
Mummi nous avait apporté des loukoums et des pişmaniye, des bonbons en forme de filaments sucrés ressemblant à de la barbe à papa plus dense mais ayant le goût de torrone (nougat). Dépaysant un instant... Il était très intéressé par la vie à Athènes, les prix, les voitures en vente... mais aussi par mon travail, mon statut, mon quotidien, mon quartier et mes " connaissances " en grec, de la ville d'Athènes. Je lui ai appris mes rudiments de langue : Yassou (salut), efkaristo (merci).. C'était drôle : le matin je lui ai appris Kalimera (bonjour). Par la suite une professeure de grec s'est présentée ; elle s'appelle Katerina. Il lui a redit "Katerinaaaa" avec un grand sourire pensant lui dire bonjour (kalimera) !! C'est vrai que ça se ressemble. Je ne l'oublierai plus ce prénom. C'était vendredi la Sainte Katerina. En Grèce les " namedays " sont très importants !! Aujourd'hui je peux vous informer qu'on fête les Stella en Grèce. Dans la famille du petit garçon à qui je donne cours, la petite fille et la grand-mère s'appellent Stella. Aujourd'hui c'était la fête.. Presque mieux, plus important qu'un anniversaire !! Au collège quand un élève, un prof a son "nameday", il apporte des bonbons, des gâteaux.. Trois Katerina au collège équivaut à un déjeuner de chocolats et de bonbons. C'était vendredi. J'ai rempli mon quota de sucre de la semaine !Je vais reprendre le fil de l'Europe et de Comenius... Jeudi matin nous avions une réunion au Ministère de l'Education. Un bâtiment moderne en dehors du centre d'Athènes dans la partie nouvelle de la ville près d'un grand centre commercial, le Mall. Quelques chiens er
rants et même à l'intérieur du Ministère !! Il fallait enjamber un gros pépère caramel pour se rendre aux toilettes.. L'État est en crise... Contrairement à la réunion à laquelle j'avais assisté l'an dernier à Turin pour mon année d'assistante CIEP en Sicile, celle d'Athènes pour les Comenius fut très intéressante. Pas très instructive mais intéressante. Les intervenants auront au final plus parlé du programme Gruntvig (je n'ai pas encore bien compris ce que c'était - un programme pour partir enseigner à l'étranger...) mais ce fut tout de même une bonne matinée où j'ai pu pêcher quelques infos. J'ai appris que nous étions seulement 16 assistants Comenius en Grèce, quelques uns venant d'Angleterre (deux de London), de Bulgarie et de quelques autres pays de l'est. A part nous les trois assistantes françaises Cloé, Hélène et moi qui sommes à Athènes et là pour le français et pour une année complète, les autres sont à Tripoli (une assistante d'anglais italienne des Pouilles) ou tout dans le nord, dans la région des Météores, à Xanthi (Ξάνθη en Thrace) et enseignent la langue anglaise et ne sont là que pour trois mois, six mois maximum. Certains connaissent bien le grec, d'autres comme moi pas du tout. Lors de ma présentation, un monsieur a pris la parole pour nous remercier chaleureusement d'être venues, nous les françaises et d'assurer une présence française !!!! C'était surprenant...Le clou de la matinée fut lorsqu'un Grec précédemment assistant d'anglais en Slovaquie a pris la parole. Passionnant ! A mourir de rire ! Il nous a présenté les projets qu'il avait développés durant ces trois mois d'assistanat, tous regroupés sur un site dont voici le lien : http://sites.google.com/site/lamirakliscask/home. Il nous a parlé d'un autre blog très intéressant sur des activités de lecture qu'il a développées. Autre lien http://fairy-tell-me-in-english.blogspot.com/. Je ne me sens pas passionnée tous les jours par le travail d'assistante de fait pas toujours motivée mais avec son intervention Iraklis qui devait repartir sous peu achever son service militaire (une année en Grèce !!) m'a donné un petit coup de pied au derrière et m'a redonné cette motivation première qui s'était en moi un peu empoussiérée.. L'envie de m'amuser avec les collégiens et de leur donner goût aux langues, aux échanges, à découvrir autrui et d'autres pays, à l'Europe...Cette Europe si malmenée en ce moment. Quand je vois mes élèves en fait, j'ai confiance en l'avenir de l'Europe. Je suis sûre qu'hors des circuits économiques de belles et intéressantes choses peut être faite. On po
urra me critiquer, me rabrouer tout ce que l'on veut, j'y crois !!! Vive l'Europe ! Il y a des jeunes (dont moi) qui continueront à la faire exister à leurs façons, avec de nouvelles visions !