Rappel important des faits avant ce second tome, le commissaire Gordon est emprisonné après avoir été victime d'un coup monté. Tout le monde croit qu'il a abattu de sang froid un criminel non armé, et que son geste a provoqué une véritable catastrophe dans le métro de Gotham, provoquant la mort de centaines d'innocents. Et dans le même temps, le chef mafieux Carmine Falcone est de retour dans la ville, et ses intentions n'ont rien de vacancières. Il revient aux affaires! Du coup, c'est la guerre des gangs qui explose et embrase la cité, et donne l'occasion à Bard, petit nouveau de la brigade criminelle de Gotham, de montrer de quel bois il se chauffe. En parallèle à cette recrudescence de la violence urbaine, il faut prendre en compte la dimension mystique de ces assauts sur la ville, et pour ce faire, Batwing et James Corrigan vont à l'asile d'Arkham pour y voir plus clair. La Bat-Family se répartie les tâches puisque Red Hood (et Batwoman) chaperonnent Barbara Gordon qui veut disculper son père, quitte à commettre des bétises, et que le Red Robin trouve une nouvelle associée (Harper Row) alors qu'il a pour mission de comprendre quelle maladie semble frapper certains habitants de Gotham. Tiens, petite précision importante, Corrigan n'est autre que le spectre, si vous l'ignoriez, à savoir une entité supranaturelle qui donne dans la vengeance et l'équilibre mystique. Le problème avec Batman Eternal c'est que rapidement le lecteur est submergé par les informations, et les enjeux, et que tout devient confus. Qui est donc ce Mister Bygone, et que vient faire là la fille du Joker, à Arkham, elle qui capture Batwing et leurre Batman? Ceci alors que le Red Robin est à Tokyo, que le Professeur Pyg s'apprête à être jugé à Arkham sans savoir que le jury est composé de cinglés du coin, et qu'un ancien prédicateur au service des sans-abris revient à la vie dans le corps de Maxi Zeus. N'en jetez plus, pause, et un peu d'ibuprofène.
Et ce n'est pas fini. On se retrouve à Rio De Janeiro, avec le problème des enfants esclaves du travail. Nous avons aussi la fille d'Alfred le majordome, qu'il va falloir connaître. Les apparitions d'autres vilains classiques comme Killer Croc, qui mènent Batman et le lieutenant Bard dans les égoûts de Gotham, à la recherche d'une fillette disparue. Bref, un menu très copieux, ce qui explique aussi le recours à une équipe d'artistes (il s'agit d'un titre hebdomadaire) plutôt qu'à un duo ou un trio unique. La bonne nouvelle est de voir Dustin NGuyen au dessin, lui dont le trait devient de plus en plus maîtrisé et correspond parfaitement à ce qu'on pouvait attendre de ce Batman Eternal. Andy Clarke ou Emanuel Simeoni sont aussi intéressants, chacun dans son style caractéristique. Seeley, Snider, Tynion IV, Layman, sont autant de scénaristes qui oeuvrent pour construire ce jeu de piste qui s'étend sur différents continents, et englobe plusieurs niveaux de lecture qui se juxtaposent. Plus que d'exigence, je parlerais de bonne mémoire, parmi les qualités requises au lecteur de passage. Il faut toujours avoir en tête l'ensemble des indices pour reconstituer peu à peu la trame principale de ce Batman Eternal, qui reste encore nimbée dans le mystère et l'expectative avec ce volume 2. Qui ne manque pas de bons moments ou de planches de qualité, mais qui ressemble trop par endroits à un patchwork de sous-récits pas toujours agencés avec liant. Parfois il faut savoir faire simple, direct. Batman Eternal ne choisit pas cette voie, et court beaucoup (trop?) de lièvres à la fois.
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