Tueuses mais pas trop de Stéphanie Mesnier 3/5 (07-05-2015)
Tueuses mais pas trop (240 pages) est sorti le 25 février 2015 aux Editions Fayard.
L’histoire (éditeur) :
Qui n’a pas souffert de la présence, dans son entourage, d’un odieux personnage ? Supérieur hiérarchique pervers, belle-mère sadique, associé escroc… Comment se débarrasser de ces « encombrants », qui prennent plaisir à pourrir la vie de leur prochain, sans y perdre son âme et sa liberté ?
Quelques femmes - des esprits supérieurs et très inventifs - ont résolu la question. Réunies en une mystérieuse association, elles se consacrent aux cas extrêmes, dans un registre esthétique qui élève le crime au rang des beaux-arts.
Quand vous aurez fait leur connaissance, vous ne parlerez plus jamais de sexe faible.
Mon avis :
On connaît tous quelqu’un qui nous a rendu la vie difficile, qui nous en a fait baver et qu’on aurait aimé voir disparaître. Non ? Si je vous disais qu’il existe une solution…un club confidentiel réservé aux femmes (messieurs, vous n’avez qu’à bien vous tenir !) qui, en plus de régler votre problème, pourrait même devenir votre groupe de meilleures copines. Le Bloody Ladies tue avec éthique, attention ! Le mobile financier est exclu bien évidemment, et puis ses membres sont triées sur le volet. Mais une fois intégré, même si vous aurez à passer par un rite d’intégration hyper délicat, vous pourrez enfin dire adieu à la personne qui vous pourrit la vie !
Voilà en gros l’histoire de Tueuses mais pas trop. Lorsque le roman débute Georges Hellis, présentateur du 20 heures (et ancien reporter) autant craint des politiques qu’adoré des téléspectateurs (et téléspectatrices surtout) est sur le point de recevoir un prix. Sauf, qu’une fois sur scène, il fait un malaise…Fin de l’histoire. Et puis, l’auteure nous fait ensuite revenir trois mois en arrière avec la petite vie de Camille. On ne comprend pas bien le rapport jusqu’à ce que ce fameux club fasse son apparition.
Voilà une comédie qui ne vous fera pas tordre de rire mais avec laquelle vous passer un bon moment. Sans tomber dans la caricature, Stéphanie Mesnier nous fait partager la vie d’une petit groupe de femmes influentes (femmes d’affaires, religieuse, actrice…) et surtout celle de Camille Verdier, femme du célèbre avocat exclusif de la First (premier groupe audiovisuel du pays) et grand ami de Georges Hellis. Camille est une femme qui n’en peut plus de sa belle-mère, la riche Jackie Verdier qui l’a fait passer pour une mauvaise mère, mauvaise épouse et comme la pauvre fille d’une autre classe (pas de la sienne en tout cas) incapable de rien. Lorsque Camille retrouve une vielle amie d’université membre du club des Bloody Ladies, il se pourrait que ses problèmes soient enfin réglés, mais avant il va falloir s’occuper d’un Encombrant…
Au-delà de l’histoire de Camille, que l’on pourrait presque plaindre tant se belle-mère est infecte (mais dont la situation financière ne nous permet pas vraiment une total empathie), il y a aussi celle de ce club. En 240 pages, l’auteure ne nous donne pas l’occasion de s’ennuyer et se lance dans une description franche et assez juste d’une partie de la population : journaliste, actrice sur le déclin, mannequin (et le dictat de la mode), avocat efficace mais sans moral. Les pires défauts des uns sont abordés avec une bonne dose de bonne humeur et dans un style gai et caustique. Oui, vous risquerez de sourire à la lecture de cette intrigue, des situations comiques, des dialogues piquants et des tournures plutôt bien trouvées (« Avec ses injections de Botox, son visage reste impénétrable, plus hermétique que le cul d’une nonne. » Page 9).
Tueuses mais pas trop est un livre qui m’a fait penser à de la chick-lit mais que j’ai trouvé plus intelligent que certains du genre. J’ai aimé me mettre du côté des criminelles et imaginer leur club et son mécanisme sans faille réel.
« Un public peu averti pourrait ne voir dans cette scène qu’un sabbat de sorcières complotant autour d’un chaudron, un syndicat de tueuses anonymes, une singularité dans la longue histoire du crime…ce serait dédaigner la qualité existentielle de cette association pour n’en retenir qu’un reflet déformé. Les Bloody Ladies qui voient au-delà des banales notions de Bien et de Mal, ont élevé l’assassinat au rang d’un des beaux-arts. » Page 100