La « délinquance » étatique se fait « aux frais du contribuable » et fait partie de l'un des mythes les plus trompeurs et les plus destructeurs. Certains ont fait valoir que le gaspillage du gouvernement ne coûte rien aux contribuables. Néanmoins, une telle affirmation douteuse mérite quand même que l’on en examine le bien-fondé.
Le gaspillage du gouvernement, et une grande partie de ce qui est dépensé légitimement, n’est en réalité que de la redistribution de la richesse des pauvres vers les riches. Cette opinion bien établie, et renforcée par la complaisance des électeurs à faible revenu croyant à tort que ce sont les riches contribuables qui paient la note, est tellement enracinée et évidente que l’on ne comprend même pas que l’on puisse se poser la question.
Nous sommes bombardés avec des rapports dans lesquels toute chose répréhensible est à mettre « aux frais des contribuables ». La famille Dewani, par exemple, vivait pendant le procès « aux frais des contribuables ». L’«obsession de la croissance et de l'expansion » de South African Airways se fait « aux frais des contribuables ». L'Alliance démocratique accuse le Congrès national africain (ANC) de propagande électorale « aux frais des contribuables ». Les députés sont tombés dans une frénésie de dépenses « aux frais des contribuables ». Richard Branson a gagné des millions grâce « aux frais des contribuables ». L'ANC a peint la province Gauteng en Afrique du Sud en vert, noir et en or « aux frais des contribuables ». Les médicaments prescrits sur ordonnance dans les prisons génèrent d'énormes profits pour les sociétés pharmaceutiques « aux frais des contribuables ». Le président Jacob Zuma coûte au « contribuable » un milliard de rands. Les voitures des membres du Conseil Exécutif (CEM) ont peut-être été acquises « aux frais des contribuables ». Les députés veulent des vols gratuits pour 10 ans « aux frais des contribuables », etc.
Les impôts sont, cependant, fixés au début de chaque exercice budgétaire. Toute dépense ad hoc est une réaffectation de fonds prévus initialement pour d’autres usages. Si au lieu de redistribuer des transferts sociaux, les fonctionnaires du parti se contentent de ne pas collecter plus d’impôts des contribuables ; ils éviteront le mauvais usage de chaque cent extrait de chaque personne démunie. Ceci est de l’arithmétique simple, pas de l'idéologie.
Le gaspillage, le patronage, le népotisme, le favoritisme, le racisme et la corruption se produisent au détriment des bénéficiaires visés. Après avoir déduit la dette publique du budget, plus de la moitié de ce qui reste est consacré à l'éducation, la santé, les transferts sociaux, le développement et le logement. Le reste est consacré aux infrastructures, la sécurité, l'administration publique et «divers». Le tout étant destiné normalement aux pauvres. Malheureusement, 75% de chaque rand réaffecté se fait à leurs dépens.
La croyance du contribuable est que la plus grande partie des recettes fiscales proviennent des « riches ». Les taux d'imposition progressifs élevés signifient que les gens riches paient, ou sont tenus de payer, plus. Toutefois, la réalité montre qu’ils contribuent seulement avec une petite proportion du total des revenus parce qu'il y a peu de gens riches, et ils sont très forts en évasion fiscale. Les calculs de la Free Market Foundation présentés au Davis Tax Committeeont montré que, si les plus hauts taux marginaux d'imposition sont doublés, il ne sera pas collecté plus d’impôts que si tout le monde paie un simple et faible taux d'imposition.
Près de 70% des recettes fiscales sont issues de l'impôt sur les particuliers, la TVA, les droits de douanes et d’autres taxes. La plupart de ces recettes proviennent des contribuables à moyen et faible revenu.
En Afrique du Sud, nous avons l'un des taux les plus élevés d’impôts sur les sociétés dans le monde, mais les entreprises ne contribuent que de 18% aux recettes fiscales totales. Mais, qui paie effectivement l’impôt sur les sociétés? Tous les impôts sont supportés par les contribuables en dernier ressort. Si l'impôt des sociétés est aboli, comme il se doit, qui serait enrichi? Puisque les taux de rendement des entreprises restent constants indépendamment des taux d'imposition, l'impôt sur les sociétés n’est pas principalement au détriment des propriétaires. Les gestionnaires, les travailleurs et les créanciers sont payés aux « prix du marché », ce qui suggère que l'impôt sur les sociétés n’est pas à leurs dépens. Reste alors les consommateurs. La concurrence oblige les entreprises à convertir leurs économies, indépendamment de leur source, en une baisse des prix. L’impôt sur les sociétés devrait donc, comme la TVA, être considéré comme une taxe à la consommation. Or, la plupart des consommateurs sont pauvres. Enfin, il y a les taxes sur le carburant et «autres» (12%). La plupart des taxes sont appelés « régressives » parce qu'elles affectent les pauvres de manière disproportionnée.
Bref, l’essentiel des impôts est supporté par les pauvres. Une fois collectées, les dépenses délinquantes redistribuent la richesse des pauvres vers les riches.
Leon Louw, analyste pour The Free Market Foundation – Article initialement publié par Free Market Foundation – Traduction réalisée par Libre Afrique – Le 29 mai 2015