~~d'après UNE VENDETTA
Près de Bonifacio, la veuve Baranis Habitait avec Antoine, son dernier fils Et son gros chien-berger Sémillant.
À la suite d'un différend, Antoine fut assassiné par Ravoleti.
Quand la vieille mère Reçut le corps de son petit Que des passants lui rapportèrent, Elle demeura à le regarder Puis, levant sa main ridée, Promit la vendetta : " Tu seras vengé, mon garçon, va ! "
Une nuit, la mère conçut l'idée De sa vengeance. Au jour levé, Elle porta de l'eau à son chien Mais rien de plus, ni soupe ni pain. Le lendemain, de nouveau, Sémillant N'eut rien à manger. La bête furieuse, le poil hérissé Tirait sur sa chaîne éperdument.
Le jour suivant, Avec de vieux vêtements, La veuve confectionna Un mannequin bourré de paille. Autour du cou de cet épouvantail, Elle ficela Un gros morceau de boudin Et attacha L'ensemble au portail de son jardin.
Une heure après, La vieille a déchaîné Sémillant. Le chien, sans discernement, S'est jeté sur sa proie, la déchira, S'acharna et la dévora. Ensuite, la veuve l'a renchaîné. Pendant trois jours, elle le fit jeuner.
Jugeant enfin suffisant Ce cruel entrainement, Elle se rendit chez l'assassin, Tenant en laisse son chien. En chemin, elle acheta, Un morceau de boudin Et le fit renifler à son chien Dans le but de l'exciter.
Dès que chez Ravoleti elle fut arrivée, Elle lâcha son chien en hurlant : -" Va, dévore, dévore ! " Le chien s'élança sur Ravoleti qui s'écroula. L'animal lui fouilla le corps, Arracha la chair par lambeaux. Le sang coulait à flots. Ravoleti se tordit de douleur un instant, Puis expira.
La veuve Baranis, apaisée, rentra Chez elle avec son fidèle Sémillant.