Près de 2 mois après sa sortie française, le documentaire Citizenfour débarque enfin en Belgique. Sous ce nom de code étonnant, Edward Snowden contacte en 2013 la documentariste américaine Laura Poitras. Il a l’intention de révéler des documents secret-défense de la NSA et ainsi déclencher l’un des plus grands séismes politiques de l’histoire des États-Unis. Elle part alors le rejoindre à Hong Kong, avec le journaliste politique Glenn Greenwald, et réalise en temps réel Citizenfour, un document historique unique et un portrait intime d’Edward Snowden.
Malgré mon intérêt relativement limité pour le genre, le sujet et les retours de celui-ci étaient suffisamment bons que pour m’inciter à tenter l’expérience. Et je ne regrette absolument pas tant le documentaire se révèle passionnant de bout en bout.
A l’heure où les moyens de communication ne cessent de se multiplier (téléphone, sms, mail, réseaux sociaux…), au point de complètement régir nos sociétés modernes, Edward Snowden dénonce avec courage la surveillance de masse orchestrée par la NSA, sous couvert de la paranoïa qui étreint le peuple américain depuis le 11 septembre. Entre guerre contre le terrorisme et atteinte à la vie privée, il n’y a apparemment qu’un pas. Un pas que les autorités ont allègrement franchi et qui resterait inconnu (malgré la forte suspicion) sans la démarche de Snowden. Une démarche qui trouve son apogée dans une chambre d’hôtel de Hong Kong lorsqu’il dévoile avec froideur des informations confidentielles, et terriblement sensibles, auxquelles sa fonction lui donne accès. En ce sens, le jeune homme apparaît comme un véritable héros, capable de tout risquer pour protéger le peuple. Un choix dont il est pleinement conscient et qui rend son geste encore plus héroïque.
Comme il ne cesse de le répéter dans le documentaire, l’important est de rendre publiques les informations. La personne qui y contribue, elle, n’est pas importante. L’ingénieur n’a d’ailleurs aucune ambition personnelle autre que celle d’éveiller les consciences. Il n’y a aucune motivation politique ou révolutionnaire derrière son acte. Et là encore, c’est incroyablement courageux lorsqu’on sait que ce simple choix va considérablement mettre sa vie en péril. Le film fonctionne énormément sur l’empathie que suscite Snowden, et la proximité de la caméra de la réalisatrice l’accentue grandement. L’autre élément qui rend le film aussi fascinant est sans aucun doute sa portée informative. Qu’on ait suivi de près ou non l’affaire, le récit fait effectivement la lumière sur beaucoup d’éléments du dossier et montre avec efficacité les dérives des médias, ainsi que les manipulations dont ils font l’objet. Certaines révélations sont d’ailleurs particulièrement terrifiantes.
En définitive, Citizenfour s’impose donc comme un documentaire exceptionnel, aussi passionnant que terrifiant. Le portrait d’Edward Snowden est incroyable et les informations délivrées extrêmement riches. Incontournable !