TAPAGE NOCTURNE, 15 NOUVELLES SUR LA NUIT, Collectif (2011)
Tandis que le chameau blatère, le sanglier grommelle, le dindon glougloute, le bloggeur lui ronchonne. Car, si les éditions aNTIDATA m’avait littéralement enchantée avec Jusqu’ici tout va bien – compilation de nouvelles toutes plus réjouissantes et euphorisantes les unes que les autres sur la phobie -, la réitération de l’expérience de courts textes sur un sujet déterminé me laisse aujourd’hui extrêmement amère, voire franchement désabusée. Pour ceux habitués à jouer aux oiseaux de nuit je ne vous apprendrai rien, la vie nocturne est un univers à part, fascinant, troublant et, qu’aussi vaste qu’un océan, il permet tous les excès, toutes les surprises, tous les désirs de chimères. Car la nuit est un formidable point de départ pour donner vie à des contes incroyables, noirs, effrayants, tristes, exaltés ou simplement sujets à l’onirisme. Malheureusement ici, les auteurs de ces quelques nouvelles n’alimentent en rien ni nos fantasmes, ni nos rêveries, ni nos peurs les plus profondes, salmigondis maladroit de chroniques en forme de pondéreuse fausse note…
Voici donc quinze écrits étalés sur moins de 200 pages et, disons-le carrément : diantre que c’est long et terriblement ennuyeux ! Tellement assommant que ces histoires de famille déchue, d’équipage en proie à des hallucinations ou encore de perte de mémoire un brin ridicule, récits fantastiques ou surréalistes qui n’accrochent jamais l’œil et l’attention du lecteur, s’oublient à la seconde ou le regard dévie de son sujet. Parce qu’ici tout paraît épouvantablement confus, parfois inintelligible, succession de mots et de phrases qui laissent insensibles et peu enclins à tourner la page d’après. Quant à la nuit, elle ne semble pas vraiment être la préoccupation première, évoquée de très loin, comme si chaque auteur s’était courageusement et inutilement démené pour parvenir à écrire le texte le plus original, le plus singulier, tellement étrange que les digressions s’enchaînent et que le postulat de départ finit par être totalement occulté.
Tout ceci manque de queue et de tête, de passion et de tendresse, de début et de fin, de nuances et d’extravagance. Bien évidemment l’on ne demandait pas d’évoquer de pragmatiques problèmes de voisinage, d’enchaîner de basiques supputations sur la vie des étoiles, ou d’affermir de longues et fastidieuses descriptions du silence noir d’encre, mais il aurait tout de même été de bon ton de trouver un juste milieu – entre prosaïsme inintéressant et surréalisme déroutant – et de s’employer à captiver le lecteur, pour que chaque minute de sa lecture soit dévorante, pour que chaque instant de sa nuit soit rempli d’émotions, de fantasmes, de doutes, de violence ou de douceur.
C’est donc avec une déception certaine qu’en refermant ce court livre, l’on se dit qu’il est grand temps de retrouver le chemin du sommeil…