Quel temps fait-il ?
J'ai interrogé le vilain petit canard
Qui socratise à l'instar de Socrate.
Lui, préfère ne rien savoir
Que d'avoir l'air de celui
qui ignore qu'il est ignorant.
Le vilain petit canard
n'aime que les questions
Et non les réponses aux questions.
Même toutes faites,
aucune à ses yeux, n'est parfaite.
Un seul point de divergence
se situe au niveau du statut
de l'innocence.
Pour Socrate
nul n'est méchant volontairement
Pour le vilain petit canard
Même le moins sensé
Est censé savoir le mal qu'il fait
Le méchant choisit d'être méchant.
Mais cela ne nous dit pas
le temps qu'il fait vraiment
J'ai réinterrogé
le vilain petit canard
Qui platonise à l'instar de Platon
Et reste persuadé que
seuls nos idéaux nous feront
sortir la tête de l'eau
Qu'il y a autant d'irréalité
dans la réalité
Que de réalité dans l'irréalité
La beauté transcende les deux
fort heureusement !
Le vilain petit canard platonise
En prenant l'amour platonique
pour seule et unique devise
Un seul point de divergence
Consacre leur différence :
Pour Platon le néant n'existe pas
L'être, non plus
rétorque le vilain petit canard
Mais enfin qui va nous dire
le temps qu'il fait ou fera ?
Le vilain petit canard
n'en démord pas
Il dissipe tous les remords
Et aristotélise à l'instar d'Aristote
Et me propose trois visions du temps
quoi qu'on fasse, le temps passe
me dit le vilain petit canard
il est dans un premier temps,
ce qui s'étale sous nos yeux.
Le temps mesurable,
celui des astres et des horloges
qui distingue midi et minuit.
Les secondes qui font la ronde,
Et toutes les variables
qui se présentent
comme des constantes...
c'est le temps que la science
a apprivoisé
en toute bonne conscience
elle en a fait
une quatrième dimension
où temps et espace
sont interchangeables.
Retenez juste le mot énergie...
et vous aurez tout compris !
Et le vilain petit canard
m'emboita le pas
en me confiant
une seconde version du temps
qui glissa entre lui et moi.
C'est le temps subjectif,
renchérit le vilain petit canard
Le temps propre à chacun...
à son vécu, à son ressenti.
Temps très long
pour celui qui vise le très haut.
Très très court
pour celui qui atteint le très bas.
C'est le temps
qui affecte tout le monde.
Il peut être comique,
dramatique ou tragique.
C'est selon votre tempérament.
Et pour conclure
le vilain petit canard
atteint l'apothéose
en prétendant
que l'être et le temps
ne font qu'un.
Vous passez, vous passerez,
mais le temps lui,
ne passera pas
et savez-vous pourquoi ?
Parce qu'il est présence pure.
Pas de point de divergence
mais un désir de convergence
Qui a trait à toute une ontologie
dont le vilain petit canard
a le secret :
Pour lui, le temps
c'est le Dieu vivant !
Et il m'a priée
de ne pas divulguer son secret
sous peine de devenir vilaine
à pleurer !