J'ai bien conscience de faire partie du lot. Oh oui. Je suis même reconnue pour mon célèbre "regard puant", celui qui dissuade quiconque de m'adresser la parole. J'en viens à me demander ce qui nous pousse à tenir les autres à l'écart de nous, à laisser fermée la porte du contact humain.
Aujourd'hui, j'ai été vers un étranger, ce qui ne m'arrive pour ainsi dire jamais. J'ai été amenée à le côtoyer dans le cadre de mon job. Il venait simplement m'apporter quelque chose. C'était déjà la troisième fois que je le voyais et à part un "bonjour" vite fait, je ne m'étais pas attardée sur lui. Néanmoins, il possédait quelque chose qui m’interpellait. Cependant, la peur de l'autre ou je ne sais quoi m'interdisait de lui poser des questions, même s'il paraissait très ouvert. Finalement, ce matin, alors qu'il venait à moi avec un large sourire, je me suis lancée. Nous avons parlé pas mal de temps et la conversation était très animée. C'est là que j'ai réalisé quelque chose. Ce gars est d'origine africaine et j'ai été frappée par son ouverture d'esprit et sa disponibilité. Il aurait pu abréger la discussion mais pas du tout, il répondait à mes questions avec force détails.
Et puis je me suis rendu compte d'une chose: si je ne lui avais pas parlé, il n'aurait jamais osé discuter avec moi et j'aurais perdu l'occasion d'avoir une conversation très enrichissante avec quelqu'un qui a vécu plein de choses, qui a une culture différente de la mienne et qui a beaucoup à apporter à une occidentale telle que moi.
Finalement, je trouve cela triste que nous nous renfermons à ce point. Sans le savoir, nous perdons souvent de formidables occasions d'échanger avec des gens complètement différents de nous, des gens intéressants car, oui, tout le monde mérite notre intérêt. Parfois, il faut un peu creuser, mais je suis persuadée que l'on peut trouver de l'intérêt chez tout le monde.
Est-ce que j'aurais agi de la même façon avec un Belge? Franchement, je ne crois pas, à moins qu'il ne m'ait paru aussi ouvert d'esprit que le Sénégalais avec qui j'ai discuté aujourd'hui.
Pourquoi a-t-on si peur des autres? Qu'est-ce qui nous rebute autant à s'intéresser aux autres?
Le pire c'est que ce comportement nous l'enseignons à nos enfants. Minifée n'est pas très sociable, pourtant elle côtoie des enfants deux jours par semaine. Néanmoins, quand un enfant étranger s'approche d'elle, elle fronce les sourcils et s'écarte. Elle n'a que 2 ans et est pourtant déjà conditionnée à repousser les autres. Bon, elle est encore petite et j'ai l'espoir que cela change avec le temps.
C'était ma petite pensée du jour, certainement influencée par ma lecture actuelle sur le fait d'arrêter de râler pour être plus heureux.