Né à Paris en 1903, Pierre Brossolette réalise de brillantes études, qui le mènent du lycée Louis-le-Grand jusqu'à l'Ecole normale supérieure qu'il intègre en 1922. Membre de la Ligue des droits de l'homme (LDH), de la Ligue internationale contre l'antisémitisme (LICA) et initié à la maçonnerie à la Grande Loge de France, il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en 1929. La menace de plus en plus réelle de la montée du nazisme en Allemagne le détourne peu à peu de sa position de fervent défenseur du pacifisme ainsi que des idéaux européens prônés par Aristide Briand. En 1936 il se présente et échoue, sous l'étiquette Front populaire, aux élections législatives dans l'Aube.
Sa carrière journalistique s'effectue, dès le milieu des années 1920, au sein de plusieurs journaux, notamment Notre Temps, L' Europe Nouvelle, La Jeune Europe, ou encore La Terre Libre. Il fait paraître dans quelques chroniques politiques intitulées " Sous son bonnet ", au ton enlevé et ironique, notamment le 26 octobre 1932, le 16 et le 23 novembre 1932. Il y fait preuve d'une finesse d'analyse et d'une liberté de ton qui l'accompagnent toute sa carrière et lui permettent également d'être chroniqueur pour radio-PTT. Il en est d'ailleurs licencié en janvier 1939 pour avoir critiqué à l'antenne la signature des accords de Munich et ses conséquences néfastes pour l'avenir de l'Europe.
Il est également rédacteur de politique étrangère dans l'organe officiel de la SFIO, Le Populaire. Il y signe entre autres un article sur un épisode tragique de la guerre d'Espagne, " La Catalogne héroïque a succombé " à la une du 6 février 1939. Dans " Le coup de théâtre du Kremlin " du 23 août 1939, suite à l'annonce du pacte germano-soviétique, il se félicite de sa défiance déjà exprimée face à Staline. Il égratigne au passage Aragon, coupable selon lui d'hypocrisie et de cynisme au sujet de ce même pacte dans son article paru dans du même jour. Il fait de même avec Eugène Hénaff et Marcel Gitton, secrétaire du parti communiste français, accusés de défendre l'indéfendable dans L'Humanité.
On retrouve sa plume de journaliste dans la presse clandestine de la zone nord pour présenter à ses concitoyens le portrait du chef de la France libre. Résolument gaulliste dès son entrée dans la Résistance en novembre 1940, il écrit sous le pseudonyme de Pierre Braud un " Hommage au général de Gaulle " dans Résistance du 2 mars 1943.
Son talent d'analyste apparaît dans l'article " Le renouveau politique en France " paru dans la Marseillaise du 27 juillet 1942. Il s'en prend aux anciens partis politiques qui ont accepté l'abaissement de la France et liquidé la IIIe République. Il prône pour le futur " la nécessité d'un exécutif stable et fort, nécessité d'une planification de l'économie... ". Un programme que de Gaulle parvient difficilement et partiellement à mettre en place à la Libération et qui trouve son aboutissement politique avec l'avènement de la Ve République en 1958.
Arrêté par la Gestapo puis identifié, Pierre Brossolette est transféré le 19 mars 1944 au Quartier général des services de renseignement allemand situé au 84 avenue Foch à Paris où il subit la torture pendant deux jours et demi. Profitant d'un moment d'inattention de son gardien, il franchit le rebord d'une fenêtre au cinquième étage du bâtiment et se jette dans le vide. Il succombe à ses blessures quelques heures plus tard, sans avoir dénoncé ses camarades de résistance.
Laurent Arzel - département Droit, économie, politique