Malgré une certaine avance dans le domaine du mobile, l’Italie maintient un grand retard pour ce qui est de la transition numérique à en croire une étude de la Commission européenne.
En 2003, L’Atelier numérique interrogeait Luisa Bordoni, spécialiste italienne de la transformation numérique chez Accenture. Cette dernière soulignait alors l’avance de son pays pour ce qui était du mobile. L’Italie était en effet une des premières à lancer la 3G. Paradoxalement, la même année, une étude du site Libero montrait que près de 91 % des Italiens ignoraient jusqu’à l’existence du Wi-Fi. Douze ans plus tard, où en est le pays ? La Commission européenne a passé au crible les différentes attitudes face au numérique sur le continent. Et, dans ce domaine, le pays de Dante garde un retard certain.
Infrastructures et usages pas encore adaptés au numérique
En fait, l’étude de la Commission européenne met en lumière le même paradoxe qu’en 2003 : pour ce qui est du mobile, les Italiens sont largement équipés mais pour le reste, les outils numériques sont loin d’être des évidences. Ainsi, 66 % des habitants de la Botte possèdent un smartphone avec haut-débit (par comparaison, ils sont 67 % dans l’ensemble de l’Union européenne). En revanche, seuls 21 % des foyers italiens ont un accès Internet haut-débit quand la moyenne européenne dépasse les 60 % et que la Belgique, par exemple, atteint presque les 100 % de foyers connectés en haut-débit.
Mais au-delà de l’équipement, le rapport souligne le retard dans les usages chez les particuliers comme chez les professionnels. Ainsi, près d’un tiers des Italiens n’a jamais utilisé Internet alors que la moyenne européenne tourne autour de 18 %. Et même les entreprises rechignent à utiliser le web avec seulement 5,1 % de petites et moyennes entreprises (PME) vendant leurs produits en ligne (la même statistique atteint 25 % en Allemagne par exemple).
Un problème qui vient d’en-haut ?
Comment expliquer ces retards ? Une enquête récente du cabinet Sda Bocconi montrait que le problème – pour ce qui est des entreprises – venait du top management. Pour plus de la moitié des professionnels sondés, les dirigeants sont conscients des retards mais ne lancent pas de politique pour évoluer vers le numérique. Selon l’étude de Sda Bocconi, la raison principale à cette frilosité se résume aux « trois C » : coût des investissements, changement dans les usages et compétences digitales. Les entreprises, en Italie plus qu’ailleurs, semblent donc réticentes à investir et à changer leurs habitudes. Le baromètre GE Global innovation qui interroge chaque année des managers du monde entier mettait également en avant ce problème. Les responsables italiens sondés étaient 66 % à citer l’inertie interne comme obstacle principal à la digitalisation quand la moyenne mondiale tournait autour de 57 %.
Côté public en revanche, des efforts sont lancés depuis plusieurs années. L’Agence pour l’Italie digitale fondée en 2012 par le gouvernement Monti poursuit ainsi l’objectif de meilleurs équipements et de services publics numérisés plus efficaces et coordonnés. Reste que la politique numérique passe par une agence extérieure avec peu de moyens alors même que les gouvernements peinent toujours à prendre en compte les nouveaux outils numériques.