Le pont Manera construit en 1780, tel qu'on peut le voir aujourd'hui au dessus de l'Aire, à coté de Bricomarché
Aujourd'hui encore Le Dauphiné Libéré publie un article sur le "pont de la discorde" où se mettent en scène les défenseurs du patrimoine d'un coté et de l'autre les partisans de la réalisation d'un accès Ouest à la ville, ceci afin d'apporter une amélioration de la circulation dans notre ville de Saint-Julien-en-Genevois. Comme souvent, entre deux maux, il faut choisir le moindre et c'est pourquoi, comme je m'y suis engagé le 7 mai dernier sur ce même blog, je soumets à mes lecteurs la proposition que je fais pour la reconstruction du pont Manera.
Disons le tout d'abord, je pense qu'il est souhaitable et nécessaire de réaliser cet accès Ouest dont la ville a besoin. Il ne s'agit ni plus ni moins que de revenir à la situation antérieure lorsque Saint-Julien disposait de deux entrées qui se faisaient alors via deux passages à niveau. Au vu de l'accroissement du trafic et de la population, il est devenu indispensable de réaménager un nouvel accès à l'ouest de la ville.
Cependant, après réflexion, je pense que le projet défendu par la municipalité en place, et qui n'est ni plus ni moins que la poursuite du projet engagé par la municipalité précédente, peut et doit être amélioré, en prenant en compte la préservation d'un patrimoine, non seulement remarquable de beauté mais aussi l'un des plus anciens de la ville.
Pour moi, quand on fait les choses, on ne les fait pas à moitié! Reconstruire uniquement l'arche du pont comme le propose le projet de la mairie (voir ci-dessous à gauche de la route) me parait dénué de sens. Ce n'est qu'une parodie de préservation du patrimoine, sans compter que la faisabilité de cette reconstruction à cet endroit peu hospitalier, en bordure du magasin Bricomarché , me parait bien hasardeuse.
Selon moi, soit on reconstruit le pont et on lui garde sa spécificité de pont, soit on ne fait rien.
Pour consulter l'ensemble du projet élaboré par la municipalité, cliquez ICI
Ne rien faire au niveau de la circulation ne serait pas raisonnable. Mais ne rien faire pour préserver le pont Manera me parait tout aussi exclu compte tenu de l’intérêt que la population a récemment manifesté envers ce pont. J'opte donc pour la solution qui me parait la seule susceptible de concilier les deux impératifs opposés et irréconciliables: la reconstruction du pont comme un vrai pont avec sa fonction de base de franchir un obstacle.
Compte tenu des impératifs de coûts et de problèmes techniques, j'écarte d'emblée l'option d'en faire un pont pour la circulation automobile et je privilégie plutôt l'option mobilité douce et lieu de promenade.
Se pose alors la question du lieu de la reconstruction!
Veut-on garder le pont à Saint-Julien ou accepte t-on de le transférer dans un autre site du canton ou du département, puisque finalement ce qui compte c'est de préserver un patrimoine qui appartient à tout le monde.
A cette question qui reste ouverte, je privilégie toutefois la solution Saint-Julienoise puisque le pont fait partie du patrimoine de la ville, et que ce serait à mon sens une perte pour notre ville de le reconstruire ailleurs.
Si on accepte ce préambule, la grande question est donc: Où reconstruire le pont Manera?
Rappelons qu'historiquement le pont fut créé pour enjamber l'Aire à Saint-Julien afin de créer une route directe et rapide de Carouge vers Seyssel et Chambéry. Il me parait donc logique d'examiner prioritairement la possibilité de le reconstruire sur cette même rivière.
D'accord mais alors où?
Le pont ne peut pas être reconstruit n'importe où car il faut tenir compte des impératifs de relief: en effet le pont est très haut, près de 7 m au centre de l'arche. Il serait donc absurde de le faire relier deux cotés d'un obstacle en créant un dos d’âne de plus de 6 m, ce qui serait le cas par exemple si on le mettait dans la plaine de l'aire au niveau de la Paguette où par ailleurs, il serait fort bien mis en valeur.
Voila en effet un autre critère de choix pour le site de la reconstruction: mettre en valeur ce joyau architectural qui fut si longtemps caché aux yeux des Saint-Juliennois. En reconstruisant le pont, il faut donc faire en sorte que celui-ci soit mis en valeur à sa juste mesure.
C'est pourquoi, après mure réflexion et rapides études topologiques, je suis persuadé que le meilleur et seul endroit qui convient pour abriter le pont à l'avenir est de reconstruire le pont à quelques mètres en parallèle du pont de Thairy qui enjambe l'Aire avant la fruitière, sur la route des Vignes.
Le pont routier de Thairy, route des Vignes (vu depuis le sud)
Le même pont, vu depuis le nord
A cet endroit, comme on peut s'en rendre compte sur les 2 photos ci-dessus, existe un dénivelé de près de 4 m, ce qui aurait l'avantage de justifier la réalisation d'un pont aussi haut et de l'intégrer harmonieusement au paysage. Comme on peut le voir sur la photos ci dessous, la reconstruction du pont à cet endroit précis pour abriter une mobilité douce aurait tout son sens puisqu'il permettrait de relier deux pistes cyclables (déjà existante coté Thairy, à aménager coté Saint-Julien)
Vue actuelle du site proposé (on voit la piste cyclable coté Thairy)
Tracé proposé du pont Manera reconstruit sur son nouveau site (en orange le pont)
Outre son intérêt évident pour la mobilité douce , il pourrait de surcroît servir de recours en cas de crues exceptionnelles.
Il deviendrait sans conteste le point d'orgue du site de la Paguette et des berges de l'Aire, devenant une curiosité touristique et un but de promenade.
Enfin, alors que nous célébrons cette année le cinquantième anniversaire de l'unification de Thairy et Saint-Julien en une seule et même commune, quel plus beau symbole pourrait-on trouver que la décision de réaliser un pont pour unir à jamais nos deux anciennes communes.
En termes de coûts, outre la reconstruction proprement dite du pont, il faudra réaliser un remblai de biais qui puisse de chaque coté relier le pont à la voirie existante. Cela ne devrait guère poser de problème technique puisque le pont sera réservé à la mobilité douce (piétons et vélos) et ne devrait pas non plus coûter une fortune.
Bien entendu, il faudra restaurer le pont dans sa beauté naturelle originale en le débarrassant de cet horrible tablier qui lui fut ajouté dans les années 1970 et reprendre une partie des pierres d'origine du parapet qui sont aujourd'hui à l'abandon dans le cours de la rivière, à l'emplacement actuel du pont.
Un tel projet pourrait sans problème obtenir des subventions du Conseil Départemental, de l'intercommunalité, ou de la région, voire même de l'Europe. Il pourrait aussi faire l'objet d'une souscription publique, (comme cela fut fait pour la grotte d'Orjobet au Salève)
Sans vouloir minimiser le coût, rien n'est impossible aux cœurs vaillants, et si impossible n'est pas français, ce l'est encore moins pour nous savoyards. Mais bien sûr, rien n'est possible sans une volonté politique affirmée et résolue.
J'invite donc tous ceux qui soutiennent mon initiative à me rejoindre et à faire pression sur notre municipalité pour qu'une étude de faisabilité soit rapidement menée afin que le pont Manera puisse être sauvé et reconstruit sur ce nouvel emplacement. Ainsi, beaucoup plus visible et mieux valorisé il pourrait sans conteste devenir le symbole de notre ville qui sait allier modernisme et tradition.
NB: Pour ceux qui doutent de la faisabilité de ce projet, je les invite à se référer à ce qui fut fait à Abou Simbel ou plus près de nous à la grotte Chauvet.