La technique des virus oncolytiques, qui consiste à injecter un virus capable d’infecter uniquement les cellules cancéreuses et de les détruire, est une voie prometteuse, testée actuellement par de nombreuses recherches, contre les cancers de l’enfant, le cancer du foie, de la prostate,…Après le succès récent d’une virothérapie oncologique à base de virus de la rougeole, une autre essai avec le virus respiratoire syncytial (VRS), une équipe du Harvard Stem Cell Institute avait déjà testé la voie prometteuse des cellules souches chargées avec le virus de l’herpès. Mais l’obstacle rencontré, jusqu’à cette recherche, restait de parvenir à faire » travailler » suffisamment longtemps le virus de l’herpès sur le site de la tumeur.
Cette grande collaboration de chercheurs d’instituts américains, dont l’Université de l’Utah et l’Institut du cancer du New Jersey a testé l’injection directe au site de la tumeur, de T-VEC un virus de l’herpès modifié dérivé du virus herpès simplex 1 (HSV-1), qui cause l’herpès labial, chez la moitié des 436 participants, âgés de 63 ans, atteints de mélanome avancé. Ce virus oncolytique a été conçu pour se reproduire de manière sélective dans les tumeurs et favoriser la production de facteur de stimulation des colonies de granulocytes et de macrophages (FSC-GM), un composé clé de la réponse immunitaire naturelle et déjà utilisé pour atténuer les effets secondaires de certains traitements de chimiothérapie. Les autres participants ont reçu des injections sous-cutanées de FSC-GM.
L’analyse montre que les injections de T-VEC directement dans le mélanome entrainent une réponse immunitaire efficace contre le cancer, en simulant la production de FSC-GM.
· Avec T-VEC, le taux de réponse, complète ou partielle, perdure sans interruption pendant au moins les 6 mois qui suivent la fin du traitement (durée moyenne de 23 semaines).
· ce taux de réponse est significativement meilleur dans le groupe T-VEC (16,3%) vs FSC-GM (2,1%-durée moyenne du traitement : 10 semaines).
· Soit, un taux de réponse avec T-VEC 9 fois supérieur au taux de réponse avec FSC-GM (OR : 8,9).
· Pour lespatients répondants, le temps moyen de réponse est estimé à 4,1 mois dans le groupe T-VEC vs 3,7 mois dans le groupe FSC-GM.
· La survie moyenne avec T-VEC est estimée à 23,3 mois, vs 18,9 mois avec FSC-GM.
· Quelques effets secondaires (fièvre, fatigue) sont constatés avec les 2 traitements.
T-VEC est la première immunothérapie du mélanome à faire ses preuves. Un grand espoir donc, pour les patients atteints de mélanome métastatique.
N.B. L’étude a été financée par le Laboratoire Amgen
Source:Journal of Clinical Oncology May 26 2015 doi: 10.1200/JCO.2014.58.3377 Talimogene Laherparepvec Improves Durable Response Rate in Patients With Advanced Melanoma