Son projet principal, qui lui a permis d’être couronné de lauriers, restera à jamais son arrivée au sein du groupe californien en 1989. Et ce fut autant la banco pour lui que pour le groupe, dès lors installé sur la cime d’un style déjanté mêlant autant le métal que le rap ou encore le lyrique. Tout cela, grâce au talent incommensurable de Patton derrière le micro (il veut, peut, sait tout chanter) et des musiciens autour de lui.
Réunis il y a quelques années pour des concerts, un nouvel opus était amplement prévisible, et le voici enfin !
Sol Invictus reprend là où Faith No More avait fait pause, après un Album Of The Year mi-figue, mi-raisin, mais avec de grands et bons moments, comme ce fut le cas sur les précédents.
L’entrée en matière se fait en légèreté, on retrouve la voix, le clavier, la batterie… Faith No More reprend bel et bien son parcours, que Mike Patton n’avait pas interrompu, lui, à la vue du nombre des projets développés.
Après le liminaire « Sol invictus » en moins de trois minutes, « Superhero » donne un gros coup de pied et toute l’énergie virulente du groupe décolle comme on en avait coutume il y a deux décennies déjà. C’est l’un des grands moments du disque. Déjà un !
Ensuite, « Sunny side up » rappelle les moments plus calmes où Patton se prend pour un crooner. Mais les variations existantes d’un morceau à l’autre sont également valables au cours d’un même morceau, comme c’est définitivement le cas ici. Et une deuxième réussite, deux !
« Separation anxiety » ne dérogera pas non plus à la règle – et ce sera notre troisième moment fort -, avec une certaine froideur, une lourdeur même, et un Patton qui devient aussi glacial qu’envoûté ! Superbe, et j’imagine tout à fait la version live qui pourrait très vite dériver et durée aussi longtemps que l’envie leur viendrait !
On a le droit à une pause quand démarre « Cone of shame ». Le titre décolle à mi parcours et, quand bien même il nous réveille assurément, il demeure un poil en dessous des précédents titres et est surtout beaucoup moins intéressant.
« Rise of fall » n’est pas non plus à la hauteur de la triplette plus haut mentionnée, mais l’intérêt semble renaître un peu, du moins en surface, notamment quand le groupe s’énerve un peu lors du refrain.
Le style fusionnel de Faith No More, qui ne les aura jamais quitté de toute leur carrière, tout spécialement comme on peut l’entendre sur les trois albums des années 90, vient ici nous étinceler en pleine figure, et vous l’aurez compris : « Black Friday » est bien le quatrième très grand moment de Sol Invictus !
À nouveau, avec « Motherfucker », Faith No More joue bien dans la cours des grands, mais ce morceau est trop expérimental à mon goût, racoleur aussi peut-être. À moins que ce soit le genre de morceau nécessitant du temps pour en enlever la couche externe, d’apparence vulgaire, pour réellement l’apprécier, avec toute son ironie peut-être moins explicite qu’il n’y parait.
« Matador » est un morceau long, volontairement empli de souffrance, avec son clavier plein de lamentation. Malgré cette souffrance exprimée, donc, les six minutes deviennent très vite indispensables à l’ensemble de l’album. Encore une fois, ce titre devra très sûrement faire le bonheur des fans lors des concerts.
En somme, si Faith No More ne ravira pas tout le monde, je suis pour ma part de ceux qui se délectent de la renaissance de ce phénix dont on attendait plus rien tant Mike Patton semblait vouloir tout faire sauf poursuivre sur la voie la plus commerciale de sa carrière. Mais il n’est vraisemblablement pas de ceux à renier quoi que ce soit de leur vie, et sans Faith No More, peut-être serait-il, malgré tous ses talents, un homme de l’ombre, comme tant d’autres.
Faith No More is back « From the dead », ainsi nous le disent-ils en quelque sorte sur le dernier morceau de Sol Invictus, album au cœur d’une brillante noirceur.
(in heepro.wordpress.com, le 28/05/2015)
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