AN INTERVIEW WITH CAROL RAMA with Corrado Levi and Filippo Fossati.
(Torino, Carol’s Studio, september 1996)
Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris présente, pour la première fois en France, une rétrospective consacrée à l’artiste italienne Carol Rama. Née en 1918 à Turin, elle a développé un travail riche, surprenant, et obsédé tout au long du XXè siècle. Ne se limitant à aucun médium, pas plus qu’à un courant artistique, son œuvre est guidée par le désir. « J’ai toujours été curieuse pour des raisons érotiques » confie-t-elle.
Le parcours s’effectue de façon thématique plus que chronologique. On découvre d’abord les images les plus connues de l’artiste : des aquarelles où s’entremêlent des corps nus dont s’échappent de frêles plantes et des sexes ardents. Puis l’accrochage nous guide autour des années 1960 : les tableaux se chargent d’yeux et d’objets rapportés, collés directement sur la toile qui ne semble plus rien figurer mais qui, bientôt nous regarde.
Carol Rama, Nuove Seduzioni, 1985, Collection privée, Turin © Photo Studio Dario & Carlos Tettamanzi © Archivio Carol Rama, Turin
Enfin, nous découvrons les travaux sur les pneus, et chambres à air issus de l’usine de son père, dont elle s’est servie comme matériau décoratif qu’elle assemble en bandes parallèles sur la toile non préparée. Les tableaux ainsi constitués évoquent l’expressionnisme abstrait, et les recherches minimales, voire post-minimales contemporaines… qu’on oublie rapidement. En effet, une aquarelle, habilement présentée à côté d’un grand tableau fait disparaître les tuyaux de caoutchouc qui s’échappent de la toile pour faire voir qu’il pourrait en fait aussi s’agir des langues, des serpents et des sexes semblables à ceux du début du parcours…
Cette exposition, en plus de présenter un travail extrêmement passionnant, permet aussi une lecture riche des arts du XXème siècle. Sans tenter d’affilier l’artiste à une quelconque catégorie, il résonne avec les nombreux mouvements qu’a côtoyés l’artiste : surréalisme, arte povera, nouveau réalisme, expressionnisme abstrait, etc… qui sont ici support à une nécessaire et insatiable passion.
A ne pas manquer : le 11 juin à 19h, rencontre avec Fulvia Carnevale et Elisabeth Lebovici (« Biographie, histoire et fictions dans l’oeuvre de Carol rama et au-delà »).
Claire Parizel
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« La Passion selon Carol Rama » au Musée d’Art moderne de la ville de Paris
Jusqu’au 12 juillet 2015
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Plein tarif : 7 € Tarif réduit : 5 €
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