Deux proches de l'ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012) seront
jugés à l'automne en France pour des détournements présumés de fonds
publics au ministère de l'Intérieur entre 2002 et 2004, a annoncé
mercredi le parquet financier français.
M. Sarkozy dirigeait à l'époque le ministère. Il n'a jamais été mis
en cause personnellement dans cette affaire. Elle vise en revanche son
ancien directeur de cabinet, Claude Guéant, devenu lui-même ministre de
l'Intérieur en 2011-2012, et un ex-patron de la police nationale, Michel
Gaudin, directeur du cabinet de l'ancien président depuis 2012.
Leur renvoi en justice avec trois anciens collaborateurs du
ministère, révélé par le quotidien Le Monde avant d'être confirmé
officiellement, était attendu depuis plusieurs mois. L'ouverture du
procès de cette affaire dite des "primes en liquide" a été fixée au 28
septembre, selon le parquet.
Claude Guéant devra répondre de complicité et recel de détournement
de fonds publics. Il est accusé d'avoir perçu quelque 10.000 euros
mensuels non déclarés entre 2002 et 2004, quand il dirigeait le cabinet
de M. Sarkozy au ministère. Lui aussi très proche de l'ex-président,
Michel Gaudin a été renvoyé de son côté pour détournement. Il était
chargé au moment des faits des fonds ayant servi à verser les primes
incriminées. M. Guéant avait lui-même affirmé avoir touché des primes en
liquide pour s'expliquer sur des factures payées en espèces et
retrouvées à son domicile, lors d'une perquisition dans le cadre d'une
autre enquête portant sur le financement de la campagne présidentielle
victorieuse de M. Sarkozy en 2007.
"On renvoie à la va-vite Claude Guéant comme un voleur de mobylette,
dans un calendrier politique que tout le monde aura bien compris", a
déploré son avocat, Philippe Bouchez el-Ghozi, contacté par l'AFP.
"On veut juger des pratiques qui ont eu lieu pendant 70 ans et ont
concerné des milliers de fonctionnaires", a-t-il ajouté, en rappelant
que les faits étaient "très anciens".
Michel Gaudin et Claude Guéant avaient été placés en garde à vue en
décembre 2013 dans cette affaire. C'était la première fois en France que
deux anciens responsables de la police de ce niveau étaient entendus
sous ce régime privatif de liberté. L'annonce de leur renvoi devant un
tribunal survient à trois jours du congrès fondateur des "Républicains",
nouveau parti lancé par Nicolas Sarkozy pour succéder à l'UMP, au nom
lesté par une série d'affaires susceptibles d'entraver ses ambitions de
reconquérir la présidence française en 2017.
Source : Lorientlejour