A la faveur de la nouvelle phase de recherches historiques que j'entreprends pour me lancer dans la rédaction des troisièmes aventures du Commissaire des Lumières et de la Révolution Française, Pierre Castilhon, aprés " Le Complot des Salines" et " Echec au Roy", mes deux premiers polars, je découvre en ce moment une nouvelle collection de livres et d'études qui viennent rafraîchir l'historiographie de la Révolution Française, laquelle, depuis les années 1980, semblait s'être arrêtée aux analyses de François Furet et de Mona Ozouf.
Ainsi, mon dévolu s'est jeté récemment sur l'" Histoire de la Révolution Française" d'Eric Hazan, parue aux Editions de La Fabrique, qui est non seulement une lecture facile et rapide pour qui s'intéresse au sujet mais surtout, il s'agit enfin d'une première pierre dans la réhabilitation d'une histoire moins idéologique de la Révolution Française.
Nourries à l'ombre des totalitarismes du XXème siècle, les analyses de Furet et Ozouf avaient fait la part belle à encenser les débuts de la Révolution Française (1789 - 1791) comme étant une révolution libérale et démocratique, et à bâtir une légende sombre sur la République (1792 - 1794), n'y voyant que la Terreur et les excés d'un jacobinisme qu'il était de bon ton de mépriser. Ce penchant correspond à l'air du temps de la seconde moitié du XXème siècle, trés orienté "guerre froide", avec d'un côté le camp libéral et de l'autre le camp soviétique, qui inscrivait la Révolution russe de 1917 dans la continuité de l'oeuvre des Jacobins et de la République et de la Révolution sociale des années 1793 - 1794..
Aujourd'hui que nous vivons le temps de la fin de l'Histoire, selon le mot de Fukuyama, c'est-à-dire que le monde n'est plus divisé en blocs et que le marché, comme organisation économique la moins inefficace de toutes, qu'il soit régulé ou non, est devenu la norme indépassable de nos sociétés ; le retour de nouvelles analyses sur la Révolution Française sans a priori idéologiques, juste en se basant sur les faits et données de première main comme le fait Eric Hazan me semble une initiative intéressante.
En effet, il
n'oppose pas d'un côté les élites éclairées qui auraient accomplies les grandes conquêtes de la liberté en 1789 face au peuple barbare qui aurait ensuite voulu aller trop loin dans l'égalité, mais il construit son récit sur ces deux voix/voies de la Révolution, qui en réalité se mêlent à chaque moment d'incandescence.Depuis deux siècles, de Tocqueville à Thiers en passant par Michelet, Quinet, Jaurés ou Mathiez, les historiens de droite ne voient plutôt que le premier aspect, les historiens de gauche se concentrent sur le second. Liberté versus égalité ? La Révolution avait résolu le problème, et à l'heure du débat sur la justice fiscale en 2013, nous semblons l'oublier..
Car même si, avec la chute de Robespierre en 1794, depuis deux siècles les gouvernants successifs, par peur de la Révolution sociale, ont plutôt mis en avant le premier des axiomes du souffle de 1789, ce petit livre est là pour rappeler que notre Nation s'est construite dans les moments où personne n'avait peur d'affirmer que "les malheureux sont les puissances de la terre", que "l'essence de la république et de la démocratie est l'égalité" et que "le but de la société est le bonheur commun".
L'Histoire de la Révolution Française recèle encore de nombreux germes d'avenir pour qui n'a pas envie d'avoir la main tremblante au moment de traduire en actions ce principe qui nous rassemble tous, l'Egalité au service de la Liberté ! Bonne lecture !