Si l'on est amoureux de la langue française, si l'on voue aux belles-lettres françaises une dévotion sans bornes, c'est à Paris, au Quai Conti, qu'il faudra être demain. Pour dire toute son admiration à un homme, à la gouaille superbe et mélodieuse, au verbe de feu et de beauté : cet homme s'appelle Dany Laferrière, que l'Académie française s'apprête à mettre à juste titre sur le piédestal. Le temps d'une cérémonie d'intronisation teintée de tambours stridents, de défilé d'hommes et de femmes en habits verts.
Ici, il y a un rite, un code, une solennité pluriséculaire ; la langue française est chez elle, elle est dans son sanctuaire. C'est tout cela qui confère en ces lieux une majesté supérieure.
Et on ne doute pas un instant que Dany Laferrière y fera éclater son talent étincelant dont la mission sera désormais de défendre la langue de Molière, " ce trésor pour toujours. " Qui aujourd'hui trouve ses plus fervents défenseurs en Afrique, dans les Amériques. A Haïti, patrie de M. Laferrière : ce berceau de la négritude conquérante et victorieuse, cette terre si féconde en créations littéraires et artistiques, où écrivains et dramaturges, poètes et musiciens ont compris que les choses de l'esprit étaient l'unique chemin de rédemption et de résilience à proposer à un territoire régulièrement malmené et foudroyé par les éléments.
La terre haïtienne est souvent présente dans les œuvres romanesques de Dany Laferrière. Et L'énigme du retour en est la très belle illustration : là, l'auteur nous présente un narrateur qui foule sa terre natale, après plusieurs années d'exil. Il y découvre ce pays avec son peuple souffrant, sa jeunesse, son parfum éternel...
Guillaume Camara