Beaucoup en ont parlé, certains continuent de le faire, mais les avis restent mitigés. Quoi qu'il en soit Les Amours Imaginaires de Xavier Dolan ne laissent personne indifférent. Qu'ils suscitent de l'admiration ou de l'agacement, les sentiments se révèlent eux bien réels.
Certains films empêchent tout jugement immédiat. Leur saveur continue de titiller notre palais mais on ne parvient à en saisir les éléments. En fait on aime mais on ne sait pourquoi. Les Amours Imaginaires, le dernier film tendance issu du cerveau fécond et des doigts habiles d'un petit jeune nommé Xavier Dolan (20 ans), correspond exactement à ce profil.
On voit le film, certaines choses nous semblent familières, on reconnaît quelques références, sans que cela soit pour du plagiat pour autant, et finalement on apprécie. Mais a-t-on aimé le film en lui-même ou les multiples références qui l'assaisonnent ? Dans le cas des Amours Imaginaires a-t-on aimé cette histoire de triangle amoureux nous renvoyant au célèbre Jules et Jim de Truffaut ? Ou l'énorme attention stylistique portée à l'encontre des plans, de la musique, des décors et des vêtements ? Ou bien seraient-ce les multiples clins d'œil à l'encontre de la Nouvelle Vague dont on sent la toute puissante influence auprès du jeune Dolan ? En fait l'assemblage de toutes ces choses finissent par produire un patchwork séduisant où cohabitent ses passions artistiques. Wong War-wai, Godard, Truffaut, la littérature, la mode, ce dernier se pose en héritier d'un courant qu'il actualise plutôt bien.
Beaucoup lui reprochent la simplicité de son histoire de laquelle pointe une naïveté trop enfantine. C'est oublier ce que fut la Nouvelle Vague et ses ambitions. Celle-ci souhaitait traduire l'ambiguïté des sentiments et des désirs humains au travers d'une mise en scène particulièrement élaborée. L'histoire ne demeurait le plus souvent qu'un prétexte permettant le déploiement d'un style novateur. Ce que fait Dolan avec cette histoire de triangle amoureux. Sauf que nous ne sommes plus dans les 60's (même si on en ressent toute l'influence). S'intègrent donc l'homosexualité, la musique pop, l'environnement Montréalais (avec ses tags, ses coffee shops...), bref ce qui constitue le quotidien du réalisateur.
Ce film constitue donc une véritable œuvre pop en ce sens qu'elle actualise le style Nouvelle Vague. La méthode reste la même mais l'esthétique change (et les deux sont maîtrisées). Par ce collage rassemblant ses influences, Xavier Dolan se présente à nous avec assurance et détermination. Ne lui manque plus qu'un vrai scénario maintenant. Mais quoi qu'il en soit nous sommes heureux de le rencontrer car son talent n'a rien d'imaginaire.