Headless Chickens venus de la très prude Nouvelle-Zélande, avaient bien trompé leur monde dès la fin des années 80. Leur credo étant davantage la danse des corps, un hédonisme affiché, au service de textes absurdes et déconcertants. Ces impayables allaient jusqu'à arborer le sigle de KFC sur le défunt Myspace !
Et en personnes de goût, il faut voir le traitement qu'ils surent réserver au sombre "Used To" de Wire. Enfants du Dunedin Sound de la très riante et catholique cité de Dunedin, Headless Chickens avait pourtant emboîté dès leurs débuts le pas de leurs collègues Chills, Verlaines, Bats ou autres The Clean. C'est-à-dire celui d'une pop à guitares de bonne facture, avec arpèges et tout, brillante mais un peu austère, louchant du côté des ténors US de l'époque tels que l'était R.E.M ou comme pouvait l'être nos chouchous indé de Yo La Tengo. Cela avait donné notamment un premier EP sans titre, puis un premier LP ("Stunt Clown") plutôt pas mal, mais encore engoncé dans ses références indé.
Faisons court : avant de devenir le meilleur groupe néo-zélandais du monde, le style de Chis Matthews et de ses hommes était encore à parfaire. La riche idée fut ainsi de recruter dès le deuxième album à une nommée Fiona McDonald (nom généralement bien porté dans l'histoire de la pop), jeune femme à la voix scintillante qui avait auparavant œuvré dans d'autres encore plus obscurs combos kiwis. Celle-ci allait emmener la touche de folie qui manquait à cette troupe qui dès le départ, voulait user de la technologie et du sample de manière non conventionnelle et désordonnée, presque profane.Un peu à la façon des très bons Snapper, autre groupe mythique de cette scène aujourd'hui disparue.
Fiona allait emmener en sus un paquet de chanson déjà testées en groupe, dont elle allait remanier les lyrics, changer un titre ici ou là et en faire profiter le nouveau répertoire de Headless Chickens. On pense notamment à l'excellent "Juice", présent sur la version enhanced de Body Blow, réunissant l'indispensable compilation de singles Headless Chickens (94), avec versions remixées de simples de l'album.
D'un genre qui abhorre le solo, Body Blow fait la part belle au strumming de guitare, au rendu percussif des claviers, et est assez réjouissant. A cet égard les débridées "....Pollo" (qui a dû plus qu'inspirer Happy Mondays), "Gaskrankinstation" et la quasi funky " Body Blow" ne sont ni plus ni moins que des boules à facettes ambulantes -que dire de "Choppers" sur la version enhanced- : le remuage de cul qui s'impose.
A côté de cela, le versant plus posé de "Mr Moon" (de la version enhanced), "Cruise Control" (qui part en vrille dans ladite version) ou à "Nose" confère un charme particulier au deuxième effort de notre volaille. Et offre cette dichotomie pop décomplexée / ballade angoissée souvent de mise pour la cohérence d'un bon album. La formule existerait jusqu'en 1997 et la sortie d'un Greedy moins convaincant. Et du départ de Fiona Mc Donald qui scellerait la fin du groupe.
En bref : un classique de pop foutraque débridée de l'hémisphère sud. Pour certains déjà un classique, pour d'autres un secret encore bien gardé qu'il sera opportun de faire découvrir. Groovy thang.
"Donde Este La Pollo" :
"Nose"
video de "Mr Moon" (extrait de Headless Chickens inclus dans la version enhanced)