GAZA Film Festival – l’autre Tapis Rouge, interview Saud Abu Ramadan

Publié le 27 mai 2015 par Diesemag @diesemag

1ère édition : Gaza Film Festival of Human Rights

Le Festival de Cannes vient de s'achever sur la croisette, entre paillettes, stars, yacht et selfie sur la plage.

Pendant ce temps, un autre festival de cinéma avait lieu, un peu plus loin... A Gaza.
Dans le quartier est de Gaza al-Shuja'ia, complètement détruit par les bombardements de juillet 2014 qui avaient fait plus d'une centaine de morts (majoritairement femmes et enfants), avait lieu du 12 au 14 mai la 1ère édition du Festival du Film des Droits de l'Homme .

Organisé par un collectif de 7 personnes, réalisateurs et journalistes, sur une idée du réalisateur palestinien Khalil al-Muzayan, le festival présentait 28 films sur le thème des Droits de l'Homme, de réalisateurs Syriens, Égyptiens, Russes, Irakiens ...

Un tapis rouge et un grand écran ont été posés au milieu des ruines, dans ce quartier plongé dans le noir depuis des mois. L'occasion de rappeler à la communauté internationale à quel point l'aide pour la reconstruction (qui tarde toujours à arriver) est nécessaire, mais surtout à égayer et redonner de la couleur au quotidien des habitants, qui ont tout perdu.

Le premier soir, 2 films ont été projetés à ciel ouvert, lors d'une cérémonie d'ouverture animée par un spectacle musical et une chorale d'enfants.

Mais surtout, tous les habitants ont été invités à marcher sur le tapis rouge, pourtant habituellement réservé aux stars.

Saud Abu Ramadan , journaliste palestinien et membre du comité organisateur, nous a raconté les détails de l'organisation.

" Une fois le comité rassemblé, nous avons commencé à s'organiser pour que l'idée de Khalil al-Muzayan grandisse et se réalise.

La partie la plus importante du festival, était de dérouler un tapis rouge de 60 mètre au milieu des maisons détruites et laisser des personnes ordinaires marcher dessus. C'était notre but principal, passer un message : il n'y a pas que les stars qui ont le droit à ça, comme aux Oscars ou à Cannes. Des personnes pauvres, qui ont perdu leurs maisons durant la dernière guerre Israélienne à Gaza, peuvent également marcher sur le red carpet, comme un symbole de respect envers leur quotidien fait de souffrances.

Durant le festival, des personnes qui n'ont pas pu aller dans un cinéma à Gaza pendant 25 ans, ont pu assister aux projections dans une salle aménagée pour l'occasion.

Egalement, notre but est de mettre fin au siège Israélien et accélérer le processus de reconstruction des maisons à Gaza, qui avait été promis par la communauté internationale il y a déjà 9 mois. "

DM : Comment avez vous financé ce projet ?

Nous avons reçu un petit budget de Karama Film Festival , en Jordanie.

Pour le reste, c'était de l'auto financement. L'important pour nous était vraiment que ce projet voit le jour, coûte que coûte. Ainsi Khali, moi même et les autres membres avons payé nous mêmes personnellement la réalisation du festival pour que cela se fasse.

DM : Le Festival était en même temps que Cannes. C'était volontaire ?

Oui bien sûr, c'était pour établir une comparaison flagrante.

DM : Quel est le plus beau souvenir que vous garderez de cette première édition ?

Tout d'abord le moment où nous avons concrétisé l'idée du festival, c'était très excitant de savoir que ça allait se réaliser.

Mais le plus beau moment ça a été de voir ces centaines de personnes marcher sur le tapis rouge et regarder tous ensemble les films sur les Droits de l'Homme. Nous avons tous pleuré lors de ce moment très émouvant, mais nous étions également très fières.

DM : Pour la suite, qu'attendez vous, il y a t il eu déjà des répercussions, notamment de la communauté internationale ?

Malheureusement, nous n'avons eu aucun retour ou encouragement de politiciens, comme si nous étions sur une autre planète...

Mais nous avons eu des centaines de remerciements de la population et cela nous prouve que nous avons réussi à transmettre LEUR message au monde.