Alors, pendant notre adolescence, je l'ai tantôt admiré tantôt "détesté" pour les mêmes raisons: nos différences.
Admiré parce qu'à certains moments je voulais vraiment être comme lui. N'avoir peur de rien et faire tout ce que je souhaitais. Affronter l'autorité, tenter des choses et réussir à attirer toute l'attention du monde sur soi parce qu'on est drôle et intéressant justement à cause de la somme de nos expériences.
Je l'ai "détesté" plus que je ne l'ai admiré parce que ce tempérament du je-n'ai-peur-de-personne affectait l'ensemble de la famille. Ma mère était constamment sous tension à cause de lui. Toujours dans la crainte d'un nouvel "exploit" de mon frère. Des fois, il lui ruinait sa santé tant elle s'inquiétait. Ce sentiment étrange qu'est la maternité? Aimer aussi fort son enfant même quand il choisit délibérément de vous faire mal. Je ne le comprenais pas. (J'étais jeune). Surtout que j'estimais être un enfant modèle et être gravement puni à ma première erreur. J'ai donc "détesté" mon frère aussi pour ça... De me donner l'impression que les parents étaient plus tolérants avec lui malgré ses crasses.
Alors cet amour-haine a fini par se transformer en distance. J'ai inconsciemment choisi de réduire notre relation au vrai essentiel pour ne pas être dans cette constante mauvaise comparaison.
Puis j'ai grandi. Et lui aussi. Il a pris conscience de ses erreurs et moi de ma bêtise. Et sans qu'on puisse vraiment le comprendre tous les deux, le temps tout en nous éloignant projetait de mieux nous réunir. Plusieurs réunions de familles plus tard, des affaires étranges gérées a deux, des coups de main naturels entre frères, on comprend que rien, absolument rien dans la vie n'est irréversible. Un peu "détesté" hier, c'est tout l'inverse aujourd'hui. Le temps a rendu notre lien naturellement "unbreakable" plus vrai.
Alors je comprends que le temps est plus un ami qu'un ennemi. Et comme le disais je-ne-sais-plus-qui:
Le temps, c'est l'autre nom de Dieu.
J'écris cet article pendant que je deviens le parrain de sa fille. Comme quoi!!
A mon grand-frère, qui à lui seul représente valablement deux plaisantins!