"Pendant toute notre vie, la violence et le sang versé avaient été notre addiction et notre fléau. Nous avions dilapidé notre jeunesse au Vietnam et en avions rapporté un héritage d'amertume et de vinaigre dont nous parvenions pas à rincer nos rêves." p. 366
Dave Robicheaux, son épouse Molly et leur Clete Purcel ont décidé de prendre le large après l'ouragan Katrina qui a détruit la Nouelle Orléans. Ils tentent de se ressourcer dans les paysages grandioses du Montana : "La campagne était magnifique, les falaises abruptes, les sommets des tertres couverts de pins jaunes, et les pentes de fleurs sauvages précoces. Sur le bord du ruisseau, les seules traces qu'il y eut dans le gravier moelleux étaient celles de cerfs et des élans. L'air sentait le bois, la fougère humide, la pierre froide, l'humus qui reste toujours à l'ombre et la vapeur irisée dérivant sur les rochers au mileu du courant. L'odeur d'un air qui n'avait jamais été pollué par les produits chimiques de l'ère industrielle. Il sentait comme sentait la terre, sans doute, le premier jour de la Création, pensa Clete." Mais un homme va émerger soudaineement dans ce paradis terrestre et ébranler l'ordre du jour : Ridley Wellstone. Ses hommes de main semblent en avoir après Clete, puis les meurtres qui secouent la région sonnent le glas de la tranquillité bucolique des deux amis.
"Mais un meurtre aux airs d'exécution avait été commis à portée de vue du bungalow où Molly et moi habitions, et prétendre qu'un acte aussi monstrueux n'avait aucun lien avec nos propres vies, attendre que les autorités, avec leurs moyens limités, assurent la sécurité de notre environnement, ça rappelle la conduite de quelqu'un qui se repose sur l'homme de la météo pour le protéger des astéroïdes." p. 92
Clete a alors rendez-vous avec un fantôme issu de son passé, Sally Dio, et Dave seconde le shérif du comté de Missoula. Ils se heurtent ainsi aux frères Wellstone, à Jamie Sue, chanteuse de talent, un musicien métis en fuite, un gardien de prison qui le suit à la trace, un prêtre peu orthodoxe. Les démons de James Lee Burke ne manquent pas à l'appel : l'alcool comme anésthésiant, la violence incontrôlée, le passé trouble qui hante les nuits, le paradis définitivement perdu... Les hommes combattent leurs propres fantômes, si bien qu'à l'orée des chemins, ils ignorent encore quels chemins ils vont prendre : celui de la violence ou celui de la rédemption ?
"Quel genre d'homme étais-je ? avait-il demandé. La réponse que je lui avais donnée était à la fois facile et cynique. Le fait est que, dans des moments pareils, je n'avais aucune idée de qui vivait dans mon corps." p. 419
Un roman profondément lyrique dans lequel sentiments et mort s'entremêlent pour enchanter le lecteur !
La série de Dave Robicheaux dans l'ordre :
Dernier tramway pour les Champs-Elysées
Pourquoi Swan Peak est le meilleur des derniers James Lee Burke ?
Swan Peak, James Lee Burke, traduit de l'anglais par Christophe Mercier, Rivages noir, 2014, 555 p.,