Critique écrite dans le cadre du Festival de Printemps.
"The tree of life", un des films les plus attendus de l'année, et sans doute le film le plus attendu à Cannes, est au final assez décevant, Terrence Malick ne parvenant pas à donner à son oeuvre la profondeur nécessaire. La première partie du film et la deuxième semblent totalement indépendantes: d'abord, les parents qui viennent de perdre leur enfant (probablement mort au Vietnam) et une brillante séquence expérimentale, où la nature sert à exprimer la douleur de la mère. Ensuite, retour dans le temps pour suivre l'enfance de cet enfant et de ses frères, écrasés par un père autoritaire qui est persuadé de savoir ce qui est bien et ce qui est mal. L'aîné des fils profitera d'une absence du père pour s'émanciper, quitte à devenir comme son père faute d'un autre modèle. Devenu adulte, il fera une brillante carrière, mais ne parviendra jamais à être véritablement lui-même: errant au milieu des buildings ou en plein désert texan, écrasé par la ville dans ce qu'elle a de plus moderne, comme par la nature dans ce qu'elle a de plus aride, il finira par se retrouver face à lui-même en rencontrant les fantômes de son enfance sur une plage.
A la fois oeuvre sur la vie, dénonciation du pouvoir (ici le père perd son travail et son enfant malgré toutes ses croyances), regard sur l'homme qui a perdu le contact avec la nature (au profit de la ville, de la carrière, de la maison accueillante malgré le peu d'amour qui y règne, de la jalousie envers le voisin), "The tree of life" aurait pu être une très grande oeuvre si le réalisateur s'était moins attaché à représenter le quotidien de ses personnages, au profit de la poésie, présente dans certaines séquences (les enfants seuls avec leur mère, la mère après avoir appris la mort de son fils) mais pas assez pour donner une unité au film lui-même. C'est ainsi que la séquence finale des "retrouvailles", une des plus belles du film, semble totalement déconnectée du reste, et pour avoir été mise à la fin du film, traîne en longueur et nous fait oublier son caractère poétique, qui est son essence même. Le fils aîné, devenu adulte, est aussi perdu au milieu des buildings qu'en plein désert américain, On retiendra néanmoins une belle réalisation, de superbes images, et l'interprétation des enfants et de Brad Pitt, ce dernier trouvant ici un de ses meilleurs rôles.