Critique écrite dans le cadre du Festival de printemps.
Pourquoi réaliser "La conquête" aujourd'hui? Parce que la présidentielle a lieu dans un an? Le film de Xavier Durringer a en réalité le même défaut que "The social network" de David Fincher: il est sorti trop tard. On aurait bien aimé voir ces films un an (trois maximum pour Fincher) après l'arrivée au pouvoir des personnages, alors qu'on n'avait pas encore eu le temps de s'habituer.
Résultat, on se retrouve face à des films qui, malgré tous leurs mérites, ne nous apprennent absolument rien de ce qu'on sait déjà. "La conquête" se contente d'ailleurs de reprendre les gros titres de la presse de l'époque . La réalisation de Xavier Durringer est aussi impersonnelle que peu transcendante, l'interprétation des acteurs est bonne mais pas vraiment magistrale.
Et puis, quel est l'intérêt d'entrecouper le film par des séquences montrant Nicolas Sarkozy tout au long de la journée du 7 mai? Pourquoi ne pas les avoir placées en fin de film, de façon conventionnelle mais sans prise de risques? Le spectateur finit par perdre les pédales, en voyant partir Cécilia au milieu du film alors que les séquences en question ont déjà annoncé qu'elle est partie, mais c'est un autre jour, et d'ailleurs elle revient, elle s'en va, elle revient, et ainsi de suite.
Restent au film quelques points positifs: les dialogues, tous plus incisifs les uns que les autres, et toujours bien trouvés quand ils ne sont pas véridiques; et la superbe musique de Nicola Piovani, plus ou moins bien synchronisée avec l'histoire. Mais cela ne sauve pas le film, qui devient malgré lui (?) un outil efficace dans la course à la présidentielle de Nicolas Sarkozy.