C'est un sujet banal, un marronnier quelconque, un objet pas vital.
C'est quelque chose de kitsch, de sans prétention mais c'est quelque fois les choses les plus insignifiantes qui révèlent aussi les réalités qu'on ne veut pas voir.
L'eurovision tenait salon à Vienne ce samedi soir, Vienne que j'avais visité il y a un peu plus d'un an.
http://lexilousarko.blog.fr/2014/04/17/il-faudra-repartir-18270007/
L'eurovision n'est rien, de plus, ni rien de moins qu'un concours de chanson internationale où viennent se dandiner des chanteurs plumés et pailletés.
Rien de plus donc qu'une sorte de télé crochet mais quand la France perd, certains en font une problématique nationale. Et les arguments volent haut, Nathalie André, Directrice des divertissement sur France 2, estime le concours est biaisé car les téléspectateurs votent pour leurs voisins, que la France ne méritait pas d'être dans les derniers et qu'il faut se poser la question de la non participation l'année prochaine. Rien de moins...
Encore une fois, il s'agit d'une tempête dans un verre d'eau, d'une chose qui ne fera pleurer pas grand monde, mais cette condescendance fait aussi à mon sens le problème Français. Pas de remise en question, ni sur le choix, le thème de la chanson et la scénographie en totale décalage avec les autres candidats. C'est sûr qu'il est plus facile de tirer à boulets rouges sur les autres quand on a merdé...
Oui, le choix de cette chanson anachronique sorti tout droit d'un grimoire était totalement en décalage avec les autres chansons. Je ne suis pas contre l'originalité mais tout de même.
Pourquoi ne pas réfléchir la prochaine fois à une stratégie, analyser les gagnants des 10 dernières années et choisir un artiste comment dire plus en phase avec cette thématique du concours.
Mais la France et ses dirigeants sûrs d'eux ne savent pas analyser ces contextes internationaux, ne savent pas faire preuve de modestie ou même de bon sens. Et le problème ne s'arrêtent pas à l'eurovision et c'est là que cela devient intéressant.
Dans des appels à projets institutionnels, des dossiers ont été rejetés car une mise en perspective internationale manquait. L'autocentrage sur soi, l'auto-satifescit c'est formidable mais cela ne dure qu'en temps. Le temps de se dire qu'on est le meilleur et qu'on va de toute façon gagner.
Jamais de remise en question, ou d'interrogations sur qu'on fait ailleurs, à l'étranger.
Comme un décalage entre ce qu'il faudrait faire, et ce qui n'est pas fait, presque du bon sens, un bon sens qu'on aurait perdu à vouloir s'enorgueillir de qualités non méritées.
Rien que lire les coulisses de la nomination de Delphine Ernotte à France Télévision donne la nausée. Le télé obs a sorti un excellent papier sur les couloirs obscures des nominations au CSA. On pourrait en rire tant cela parait grotesque mais c'est à pleurer.
Olivier Schrameck aurait pu profiter de l’occasion pour introduire dans le conseil un chef d’entreprise, un dirigeant de l’audiovisuel. Mais non. Son NOUVEAU CSA réunit deux universitaires, trois anciens journalistes, deux conseillers d’Etat, un ex-maire sénateur d’une ville de 34.000 habitants. C’est donc ce cénacle hétérogène (dont un des membres, après sa nomination, avait avoué à un dirigeant de chaîne ne pas avoir la télé), qui va décider du sort d’un groupe de 10 000 salariés, brassant 2,7 milliards d’euros de budget, très syndiqué et dominé par une tutelle étatique, étouffante.
http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20150513.OBS8904/csa-la-chambre-noire-de-l-audiovisuel.html
Collusion des élites, manque de transparence et arrogance, avant de croire que nous sommes les meilleurs, sachons regarder les dysfonctionnements, apprendre des autres, comparer les choses.
Mais cela, c'est sans doute trop compliqué. Quand on voyage un peu, quand on discute avec des étrangers, ils vous parlent des français arrogants trop surs d'eux, et ils ont malheureusement raison. C'est aussi pour cela qu'il est tellement difficile de réformer en france, car la remise en question, c'est jamais pour moi, toujours pour les autres...
Pour en revenir à l'eurovision, c'est la Suède qui a gagné. On ne peut donc que féliciter le gagnant et prendre une leçon de modestie qui ne fait jamais de mal, ni dans dans un concours de chanson international ni dans la gestion des affaires publiques.
La modestie est une juste modération de l'esprit et du cœur, une sage retenue qui tient les passions en bride, qui arrête les saillies de l'amour-propre, qui empêche de se prévaloir, aux dépens des autres, des dons de la nature ou de la fortune, et qui fait qu'on évite les louanges avec autant de soin que l'orgueil les recherche avec avidité. Jean-Jacques Rousseau ; Pensées d'un esprit droit (1826)