En 1947, à son retour du Japon, Karlfried Graf Dürckheim écrit : « Face au zen deux attitudes sont possibles : on peut soit se convertir au bouddhisme, soit accueillir et réaliser ce qu’il renferme d’universellement humain. Seule m’importe la seconde attitude. » Dix ans durant, ce docteur en psychologie et en philosophie s’est plongé dans le monde du zen, pour, au final, l’importer en Europe, ignorante de cette pratique méditative.
Né en 1896 à Munich, Karlfried Graf Dürckheim montre très tôt un vif intérêt pour la vie mystique. Ses 18 mois de front durant la guerre de 1914-1918 le marquent profondément. Se dirigeant vers des études de psychologie et de philosophie, le jeune homme découvre un grand nombre de maîtres spirituels, dont Eckhart, « mon maître, le maître. » Professeur de psychologie à Breslau puis à Kiel, Dürckheim part ensuite au Japon, de 1937
à 1947, pour étudier l’éducationjaponaise d’un point de vue spirituel. Il tirera de cette expérience en terre nippone la majeure partie de tout son enseignement. De retour en Allemagne, il fonde, accompagné de l’analyste jungienne Maria Hippius, un Centre de formation et de rencontres de psychologie existentielle à Todtmoos-Rütte, en Forêt-Noire. C’est là-bas qu’il s’éteindra, en 1988.
Nous ne devons pas chercher Dieu seulement avec notre intellect et notre volonté mais aussi avec tout notre corps, voilà ce que Graf Dürckheim m’a appris. Faire l’expérience de l’Être est au cœur de son enseignement : ne pas chercher à savoir ce qu’est l’Être essentiel en utilisant la pensée, mais en faire l’expérience dans la réalité que je suis. L’Être ne peut se réaliser qu’en s’incarnant dans un corps, socle, au même titre que l’esprit, de la vie spirituelle.