A l’heure où pas mal de films peu ambitieux et très minimaliste et dans le scénario et dans la mise en scèneviennent fleurir sur les écrans ( et le dernier festival de Cannes semble malheureusement avoir prouvé dans l’ensemble cette tendance), il est plutôt salutaire de mettre en avant un film sorti malheureusement un peu dans l’indifférence général en novembre dernier, et dont la récente sorti en DVD le 15 avril dernier chez Blaqout pourrait permettre de le re considérer à sa vraie valeur.
Ce film c’est l’oranais réalisé par l’acteur et metteur en scène Lyes Salem qui avait tourné il y avait quelques années le sympathique mais assez anecdotique Mascarades et qui là passe largement le niveau au dessus avec une fresque qui mélange avec énormément d’habileté petites et grande histoire, à travers un pan de l’histoire qu’on connait assez mal de ce coté là de la méditerannéen, la guerre d’indépendance de l’algérie mais vu du coté des algériens, et de leur difficile reconstruction et autonomie après les accord d’Evian de 1962.
Bref, un film qui se propose de nous traiter à travers plusieurs destins individuels l'accès à l'indépendance, la conquête du pouvoir sur un pays qui doit vivre avec sa propre culturelle et son lien encore très prégnant avec la culture française ( et notamment la langue de ce pays, les dialogues du film oscillant sans cesse entre arabe et français, qui contribuent également beaucoup au charme du film).
Lyes Salem pose son intriguedeux amis d’enfance, Djaffar et Hamid, qui ont partagé la vie dans le maquis entre 1957 et 1962 et qui se trouvent face à des choix lorsque la guerre est terminée.Le film traite surtout de l’épineuse question du pouvoir et de ce qu’on en fait une fois qu’on la conquis, à travers des combattants de longue date, qui avancent avec leurs convictions et qui doivent composer entre valeurs et éthiques discordantes, quitte à perdre de son idenité propre .
Cette saga qui se propose de raconte l'Algérie de 1962 aux années 80, possède en elle une puissance romanesque assez incroyable, pas si éloignée des plus grandes fresques du genre qui mélange politique et destinées intimes, de Il était une fois en amérique ou nous nous sommes tant aimés .
Le film de Lyes Salem compose avec des éllipses et des flash backs intlligents et audacieux et les quelques petites maladresses ( notamment dans l’interprétation de certains acteurs) minorent à peine le plaisir énorme qu’on prend devant ce très beau film, composé de mangifiques séquences, parmi lesquelles évidemment, une longue scène d'une dizaine de minutes d'un spectacle théâtral un peu à la manière d'un théâtre japonais, qui montre l'histoire de Jaffar sous les yeux ébahis des protagonistes.
Le grand mérite du film est d'avoir réussi à nous intéresser à quelques destins individuels en même temps qu'à belle une réflexion sur l'Algérie en s'appuyant sur des personnages follement romanesques, qui échappent souvent à la caricature et qui existent pleinement, même les personnages plus secondaires (tel ce personnage d'origine russe dont le commerce florissant va malheureusement décliner).
Fresque humaine et historique, l'Oranais est un sacré beau film, qui donne de belles nouvelles d'une cinématographie ( l'Algérie) plutot râre, et qui donne envie de voir Salem sur d'autres films de cette ampleur et de cette ambition là.
Bande-annonce : L'Oranais - VOST