Une famille, quatre enfants, une maman. Le père est décédé, il a fallu vendre la maison. A l'occasion de cette vente, ils se retrouvent entre les quatre murs, entre leurs quatre voix, entre leurs quatre vies et leurs quatre manières d'avoir vécu leur enfance. Ils s'appellent Saul, Hélène, et les jumeaux Réna et Elias.
On voyage entre la maison familiale de Somanges, celle qu'il a fallu vendre et dans laquelle résident tous les souvenirs...et la maison des Cyclades que leur frère Saul a achetée et dans laquelle il convoque la réunion familiale. Sur le chemin pour arriver aux Cyclades, chacun appréhende les retrouvailles et essaie de se mettre au point avec lui-même. Ainsi un chapitre est dédié à chaque enfant et on plonge dans le passé de chacun, levant peu à peu le voile sur les dessous de l'histoire familiale.
Kéthévane Davrichewy est une auteure qui dissèque les relations. J'avais beaucoup aimé Les séparées sur l'amitié mais aussi La mer noire sur les relations familiales. A chaque fois, on retrouve le style à la fois épuré et tellement juste et incisif de cette auteure. Chaque être, chaque relation est disséquée, aucun n'est épargné, chacun a ses raisons...et ses torts. Ce livre ne faillit pas à la règle. A partir d'une histoire simple, ce que chacun peut être amené à vivre, la disparition d'un père et les relations intra-familiales, Kéthévane Davrichewy nous embarque avec force et émotions au coeur du tourbillon. J'ai particulièrement aimé le personnage d'Hélène. Hélène est la deuxième de cette fratrie, emberlificotée dans les relations familiales, prise en tenaille entre son grand frère qu'elle admire, son cousin très proche et sa relation particulière avec sa soeur handicapée, Réna. Hélène a souffert (comme tous), a mis toute son énergie dans son boulot, s'est protégée, s'est enfuie à sa manière. Les dialogues avec sa mère sont à la fois violents et tendres....
Une analyse forte et tendre des relations familiales qui montre bien qu'une même histoire ou qu'un même fait peut être vécu et perçu de bien des manières. Personne n'en ressort indemne, personne n'est épargné, personne n'a gagné, sauf peut-être les regrets. Un livre fort, que je recommande chaudement.