Série: Martin Milan Tome 12: Le cocon du Désert Editeur : LombardAuteurs : Christian Godard couleur : Alain SirventAnnée : 1995
Résumé : Martin Milan revient pur cette curieuse aventure intitulée « Le Cocon du Désert ». Notre héros a posé le vieux Pélican, son petit avion-taxi, au cœur du bush australien. Cherchant comme à son habitude la tranquillité, il va vite tomber des nues quand vont débarquer tour à tour une chasseuse de papillons autoritaire, un vieux copain d'enfance et une quête étrange qui va entraîner tout ce petit monde au fin fond du désert australien ! Voici donc le douzième tome des aventures de Martin Milan. Notre héros est revenu avec cet épisode après plusieurs années d'absence puisque sept ans se sont écoulés depuis le tome 11 « Eglantine de ma jeunesse ». Et son métier d'avion-taxi l'a emmené bien loin de ses destinations habituelles. En effet, c'est sous le dur soleil du bush australien que nous retrouvons Martin, qui tente de mettre un peu d'ordre dans sa vie, ou plutôt, qui tente d'en supporter le désordre. Ce qui nous amène à un début étonnant où Martin résume ce qui s'est passé entre le tome dix « L4ange et le surdoué » et le début de celui-ci. Car rappelons que le tome précédent reprend une histoire bien plus ancienne. Godard fait donc le pont avec l'histoire précédente, qui n'est pas celle du tome précédent - on reste concentré dans le fond - !Une vague mélancolique se dresse et pourrait s'abattre sur tout l'album mais elle est désamorcée par les effets comiques de Godard, qui saupoudre habilement les moments forts de quelques gags typiques de l'humour pince-sans-rire de Martin. Le Vieux Pélican aura aussi un rôle à jouer dans cette histoire puisqu'il permettra à Martin d'aider son vieux copain d'enfance Othello en leur permettant de suivre à la trace une bien singulière personne. Et l'avion, dans cette immensité désertique, est bien le moyen le plus rapide de se rendre d'un point à un autre.Comme chaque aventure de Martin, on ne peut pas vraiment dire que les obstacles fleurissent sur la route de notre pilote d'avion-taxi. Ce sont plus les contraintes psychologiques qui jalonnent l'histoire, avançant tant bien que mal vers un dénouement surprenant. En effet, tout l'humour de la BD vole en éclat dans cette fin dure et triste où le drame évoqué que vraiment montré. Rien n'est vraiment dit mais, lecteur adoré, tu comprendras tout de suite la dure conséquence que vont avoir les actes commis. C'est un peu la gorge serrée qu'on finit l'histoire. Martin, comme à son habitude, se retrouve une nouvelle fois plus témoin d'événement frappant son entourage que partie prenante. Mais cette fois-ci, en se contentant de ne pas agir, il participe indirectement au drame qui se joue. Cette responsabilité, on s'en doute, va le suivre longtemps et rejoindre le fardeau déjà lourd de ses échecs passés. Martin Milan reste et restera toujours, pour moi, un personnage touchant, par son sale caractère si humain et aussi par l'ironie malheureuse de ses mésaventures. Godard manie aisément cette mélancolie du personnage et des situations et comme l'évolution de ses histoires s'éloignant du pur comique de situation et des gags en brochettes, son trait évolue aussi vers des tracés moins cartoons et trouve un certain aboutissement dans cette forme que l'on retrouve dans ce cocon du désert. Martin Milan devient plus réaliste, tout en gardant toujours cette distance qui l'éloigne d'un réalisme trop pur. Si ces corps, ces visages sont vraiment expressifs, ils n'en gardent pas moins un style typique. Et les couleurs de Alain Sirvent contribuent aussi beaucoup à créer ce fragile équilibre entre réalisme cru et ambiance satyrique. Ces mêmes couleurs qui permettent tout de suite de différencier flashback et époque présente. Ces couleurs qui rendent la puissance du soleil du désert, tout en le faisant un chouïa trop jaune pour être vraiment purement réaliste. Cette curieuse alchimie est la même que celle qui lie l'humour au drame chez Godard. Les décors sont dans la veine des personnages. Détaillés mais imparfaits. Tout cet ensemble permet de poser l'ambiance de cette série, qui ne demande qu'à être redécouverte, quelque soit l'époque des albums. J'adore Martin Milan, alors je défends cet ovnidans le monde de la BD, cet anti-héros qui ne fait pas toujours les bons choix, ce taciturne au cœur d'or, ce pilote d'avion-taxi qui a pensé que dans les airs, l'homme lui ficherait la paix. A tort ou à raison...L'emblématique Vieux Pélican, le coucou de Martin, vous laissera là aussi un chouette souvenir. Cet avion représente typiquement l'aéroplane où l'on ne voudrait mettre les pieds pour rien au monde et pourtant, qu'est-ce qu'on aurait envie de faire un voyage avec Martin dans ce vieux coucou ! Cher lecteur, tu n'oublieras pas si vite ce petit avion rouge, témoin de bien des larmes, mais aussi de nombreux rires. A travers Martin Milan et son avion-taxi, ce sont les travers de l'humanité, voire même la folie des hommes et ses tristes conséquences que nous dépeint Godard. Et pour que le choc ne soit pas trop fort, il sait assaisonner d'humour tout ce qu'il raconte, comme l'histoire de ce mystérieux cocon du désert.Zédava-t-il franchir le pas et monter dans le Vieux Pélican, l'avion de Martin ?David