11 Janvier 2015 : quand les langues se délient enfin - 3

Par Sergeuleski

   Après l'attaque de janvier qui a décimé la rédaction, Charlie Hebdo a récolté entre 4,3 et 4,5 millions d’euros de dons. Le journal a réalisé 12 millions euros de marge brute depuis les attentats. Les deux actionnaires de l'hebdomadaire prévoient de finir l’année avec un excédent de 10 à 15 millions d’euros.

   Qu'à cela ne tienne ! Depuis que Charlie Hebdo croule sous le cash, rien ne va plus.

   Une tribune dans Le Monde  en mars dernier au titre de "Pour une refondation de Charlie hebdo" chagrinera les patrons de l'hebdomadaire ; en effet, maintenant hors de danger sur un plan financier, des journalistes de l'hebdo militent pour une forme de société coopérative qui se situerait dans la droite ligne de l’économie sociale et solidaire que Charlie est censé prôner depuis toujours en lieu et place d'un journal au statut d’entreprise commerciale contrôlée seulement par deux actionnaires qui possèdent la totalité du capital du journal.

Bientôt un courrier fuité dévoilera le contenu de la lettre de convocation à un entretien préalable de licenciement pour faute grave envoyée par l'hebdomadaire à Zineb El Rhazoui, journaliste signataire de la tribune qui en appelle à une refondation de Charlie Hebdo.

Zineb El Rhazoui ne se laissera pas intimider pour autant : elle dénoncera l'accaparement des dons recueillis par les actionnaires.


   « Ces millions ne sont absolument pas gérés par les journalistes. Nous ne savons pas ce qu'il est prévu d'en faire. La plupart des grandes décision qui concernent Charlie sont le fait d'avocats. »

   Jeannette Bougrab, - la Yoko Ono de l'hebdomadaire -, ancienne compagne de Charb (ou non... car là encore,  la confusion règne) qui ne souhaitait pas être en reste, qualifiera Luz de caricaturiste médiocre et lâche...

   Premier épilogue : Luz qui avait perdu une occasion de se taire à l'occasion des obsèques de Charb avec son "Qu'est-ce qu'on a pu s'encu*** toi et moi !" annonce qu'il quitte le journal.

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   Charlie Hebdo ne semble pas se relever depuis l'attentat de janvier. Faut-il y voir là le pourrissement d'une contradiction majeure ?

Un journal au contenu libéral, atlantiste, sioniste et islamophobe au coeur d'une tradition libertaire ; tradition des Wolinski et Choron qui ne se reconnaissaient ni responsabilité ni devoir.

   Le beurre et l'argent du beurre ; mariage de la carpe et du lapin... embrasement, conflagration et implosion : c'était assuré, et c'est arrivé.

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   Pour prolonger, cliquez : Siné explique Charlie Hebdo