Queen and Country // De John Boorman. Avec Callum Turner et Caleb Landry Jones.
John Boorman a présenté Queen and Country lors de la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2014. Celui que l’on n’avait pas vu au cinéma depuis le très médiocre The Tiger’s Tail (avec Brendan Gleeson) n’avait pas fait de bons films depuis 2001 et Tailor of Panama. Par chance pour lui, son Queen and Country est acceptable. Je voudrais bien l’avoir apprécier plus qu’il n’en faut pas ce n’est pas non plus le cas. Le film manque parfois d’un peu de fluidité alors que le récit évolue de façon parfois un peu trop tendre, quitte même à alourdir son propos qui n’avait pas besoin d’être alourdi. Cependant, on retrouve dans ce film tout ce qui fait le cinéma de John Boorman, celui à qui l’on doit d’excellents films comme Délivrance (certes aidé par un excellent roman). Par ailleurs, ce que je trouve de charmant dans ce film, c’est la façon dont John Boorman semble parler de sa propre jeunesse mais avec beaucoup de légèreté et d’humour (alors que la période dépeinte n’est pas forcément la plus joyeuse qu’il soit, sans compter que le film reste assez dramatique et tragique par moment). On retrouve un peu de Hope and Glory, un autre film où John Boorman avait parlé de son enfant durant la guerre. Ici il parle plus de son adolescence. L’angle est réaliste, ce qui manque c’est juste d’un peu de surprises dans un récit qui manque de fluidité.
1952. Bill Rohan a 18 ans et l’avenir devant lui.
Pourquoi pas avec cette jolie fille qu’il aperçoit sur son vélo depuis la rivière où il nage chaque matin ?
Cette idylle naissante est bientôt contrariée lorsqu’il est appelé pour effectuer deux années de service militaire en tant qu’instructeur dans un camp d’entraînement pour jeunes soldats anglais en partance pour la Corée.
Bill se lie d’amitié à Percy, un farceur dépourvu de principes avec lequel il complote pour tenter de faire
tomber de son piédestal leur bourreau : le psychorigide Sergent Major Bradley.
Tous deux parviennent néanmoins à oublier un peu l’enfermement et la discipline à l’occasion de rares
sorties. Mais leur est-il encore possible d’y rencontrer l’âme soeur ?
Après Hope and Glory, il y aura donc eu Queen and Country, une suite qui ne fonctionne peut-être pas aussi bien que le premier volet des aventures de la jeunesse du réalisateur. Il a pourtant mis du temps avant d’accoucher de ce film du haut de ses 81 ans. C’est honorable mais l’on sent aussi que son cinéma s’est légèrement encroûté. C’est joli mais cela se perd parfois un peu entre comédie de guerre (on ne peut que penser à la 7ème Compagnie en version britannique) et drame historique dont les britanniques ont le secret (et de ce point de vue là, le film ne réussi pas pour autant tout ce qu’il entreprend non plus). A vouloir faire une comédie un peu old-school, inspirée par des influences proche des années 80 (impossible de ne pas penser à M.A.S.H. ou encore Papa Schultz). Ces influences sont importantes car elle forgent l’humour suranné du réalisateur. John Boorman n’est pas moins bon dans ce registre que des plus jeunes avec un humour ciselé. De plus, dans le registre des films de guerre un poil amusant, on est tout de même loin du ridicule de The Monuments Men (de George Clooney, qui est probablement l’un des pires films du genre où tout était plus ou moins raté).
Côté mise ne scène, John Boorman parvient à faire quelque chose d’assez agréable. Les scènes les plus touchantes sont plus celles entre les deux héros que les histoires d’amour et de femmes qui se sont glissées là dedans. Je n’ai peut-être pas été suffisamment ému pour autant, malgré tous les efforts que fait le metteur en scène pour appuyer ces jolis moments d’émotion. Le film prend parfois son temps, afin d’exposer certains éléments plus ou moins dispensables. C’est ainsi que cette satire dramatique (c’est assez drôle tout de même d’associer ces deux mots qui n’ont rien en commun) militaire tente de nous séduire. C’est souvent old-school (mais dans le bon sens du terme) et même assez classique (dans l’écriture comme dans l’utilisation de la caméra, parfois simplement là pour filmer ce qui se passe, sans chercher à faire quelque chose d’une grande envergure). On ne retiendra pas non plus Queen and Country comme l’un des meilleurs films de ces derniers temps. John Boorman nous a déjà proposé beaucoup mieux mais c’est déjà moins pire que ses deux dernières oeuvres, pas toujours très justes, voire même de vraies catastrophes.
Note : 5/10. En bref, une satire dramatique de guerre qui ne fonctionne pas toujours, malheureusement. Quelques bons moments éclatants donnent au film son intérêt.
Date de sortie : 7 janvier 2015