Sur un palmarès...
Profitons de la totale absence de films remarquables (désolé, Philippe Garrel !) dans les sorties du mercredi 27 Mai pour revenir sur le Palmarès du Festival de Cannes, soixantième édition cette année.
Cannes, miroir aux alouettes, Cannes, bûcher des vanités... Pour avoir un petit peu fréquenté dans ma carrière cette ville au milieu du joli mois de Mai, je peux dire que toutes les banalités que je viens d’énoncer sont vraies, toute aussi vraies que l’affirmation de la suprématie de Cannes au niveau de la défense du cinéma d’auteur économiquement parlant, ce Festival est le reflet de l’importance de l’industrie du cinéma en France, pays sans lequel de nombreuses cinématographies nationales, sur la planète, auraient du mal à exister ( en Afrique et Amérique du sud, notamment ).
Alors, bien sûr, il est assez surprenant de voir, en bas de l’escalier, sur le célèbre tapis rouge, un grand nombre d’élégantes, ou supposées telles, parader en robe du soir prêtées par des couturiers en renom, venant assister à des films tiers-mondistes luttant pour les droits et la dignité d’autres femmes qui, elles, sont à des années lumières de cet univers de strass et de paillettes... Mais que l’on me pardonne cette réflexion un peu sexiste. Le ridicule vient aussi de l’attitude de beaucoup d’acteurs connus, qui, sous prétexte de notoriété, font étalage de beauferie satisfaite (je pense actuellement, je ne sais pas pourquoi, à un acteur français VRAIMENT très connu...).
Toute autre est l’attitude d’un acteur dont je vous parlais la semaine dernière : Vincent Lindon. A 55 ans, il vient d’accéder à la notoriété suprême, avec le Prix d’Interprétation Masculine pour « La loi du marché ». Malgré une filmographie déjà conséquente, il n’avait jamais eu la moindre nomination à Cannes, et son émotion, dimanche soir, faisait plaisir à voir. Et, quoi qu’en pense une certaine presse, le film de Stéphane Brizé mérite tous les éloges, car, pendant une heure et demie, on assiste, sans pathos et sans misérabilisme, à une tranche de vraie vie, dans laquelle les comédiens et comédiennes, tous non-professionnels, qui donnent la réplique à Vincent Lindon, donnent une formidable crédibilité à cette simple histoire se déroulant dans la France d’aujourd’hui.
Oui, il faut voir « La loi du marché », ce film a toute sa place dans un cinéma commercial comme le Gaumont Wilson, parce que c’est du grand cinéma, mais il a toute sa place aussi à l’Utopia (qui avait mis en avant le film dans le dernier numéro de sa Gazette), car parler de droits et surtout de dignité humaine, c’est aussi vouloir que la société change.
PS : Il serait quand même injuste de ne pas citer « Dheepan, l’homme qui n’aimait plus la guerre» de Jacques Audiard... Ce film, dont on a assez peu parlé et qui n’était pas franchement pas favori, a eu la Palme d’Or, quand même... Il m’est difficile de vous en parler, ne l’ayant pas vu, mais si je vous dis « De battre mon cœur s’est arrêté », « Un prophète », ou « de rouille et d’os », vous saurez qu’il s’agit du plus grand cinéaste français actuel... tout simplement (sortie France 26 Août 2015).
Christian Seveillac
- Lieu
- La chronique Cinéma de Toulouseweb par Christian Seveillac