Avec Le garçon qui voyait des démons, Carolyn Jess-Cooke nous offre un récit profond et touchant. L'auteure a construit son récit de manière assez singulière. Anya et Alex s'alternent dans le rôle de narrateur-personnage. Ils racontent chacun les événements vécus selon leur propre point de vue ; Alex à travers un journal qui débute toujours par une blague de son invention, Anya en nous racontant les événements de manière classique (narrateur à la première personne qui s'adresse à la cantonade, sans interaction particulière avec le lecteur). Ce va-et-vient qui était une bonne chose au début, permettant ainsi une meilleure appréciation de la situation, est devenu plutôt pénible au fil des chapitres. En effet, le récit peine à se mettre en route, à avancer. A tel point, qu'arrivé à la moitié du roman, le lecteur peut se demander s'il a lu 20 ou 200 pages. Que s'est-il donc passé depuis le début ? À quoi ont servi toutes ces pages ?
Certes il est important de développer au mieux les personnages ; Anya et Alex ayant des personnalités et un passé vraiment passionnants. Mais malgré tout, malgré l'intérêt manifeste porté aux personnages et à l'intrigue, cette sensation de trainer les pieds page après page ne m'a pas quittée, comme si la lecture tournait en rond.
En revanche, le récit a une réelle force émotionnelle, force qui réside dans la manière de l'auteure d'insuffler une dose de suspense de plus en plus marquée à l'approche du dénouement : Alex voit-il vraiment des démons ? Est-il fou à lier ? Le roman oscille-t-il en réalité et magie ou aborde-t-il les troubles psychiques de l'enfance liés à d'anciens traumatismes ? L'enfer est-il au bout du chemin ? Pour le découvrir, je vous invite à lire ce roman qui saura vous triturer les méninges à son aise, n'en doutez pas.