Stéphane Durand-Souffland, chroniqueur "Justice" au journal Le Figaro et Eric Dupont-Moretti, avocat de Daniel Legrand (fils) I ©FranceInter
©Anne-Christine Poujoulat /AFP
Une subtile fourberie s’est installé dans l’affaire du nouveau procès de Daniel Legrand (fils), "Présumé coupable" de viols sur les enfants Delay-Badaoui. Un vertige prenant sa source dans une relation très amicale, entre les "dires" de deux hommes et la réalité. Dans un hiatus entre manipulation et indélicatesse, souci de fausseté et rage de pourfendre un client, Me Dupont-Moretti et Stéphane Durand-Souffland rament sur les eaux claires de la Justice, déversant ici et là quelques substances polluantes. Le passage d’informations de l'un à l'autre semble entraîner une déperdition voulue de véracité. Mais la personnalité singulière du Maître, presque étouffante à force d'existence, subit désormais une sorte d'atténuation, voire de banalisation. La "bête" des assises, le drogué de l'intelligence des procès, le plaideur enfumé/enfumeur rassemble l’immoralité et la déloyauté d'une apparente malversation. L'avancée de la machine de guerre semble rongée par le temps. Le verbe tonitruant est parfois dévastateur avec la parole. Une arme absolue pour "Acquittator", persuadé -et il le sait- que la forfaiture qu'exige sa fonction est aux antipodes d’une Justice libre et éclatante.
Le procès de Daniel Legrand (fils) n'arrive ni trop tôt ni trop tard. Il se rapporte à cette chance rare de découvrir ou de révéler, une fois pour toute, la vérité presque infaillible du dossier de pédophilie d’Outreau ; Affaire mettant en lumière la sincérité d’enfants meurtris, violés, abîmés. Même dans ses contenus sordides, très souvent admis, ce nouveau procès cherche à enseigner plus qu'à détruire, sans une once de vanité ni d'affectation. Mais d'autres le présentent comme une infamie. Il est loin le temps où Stéphane Durand "soufflait" de dépits en écrivant ses premières colonnes au Figaro sur les tumultes de la Cour d’assises à St Omer. Il succédait au journaliste Jean Valbay en ces termes : "Vomir. Ou, de rage, hurler (…) Les faits d’abord. Comment les relater ? Ce sont des viols présumés, commis par des adultes sur de très jeunes enfants -les leurs, souvent-, avec constance, avec violence. Il sera temps d’en dire plus, lorsque l’oralité des débats permettra de rapporter ce qu’auront entendu les jurés. Mieux vaut ne pas retranscrire les phrases de l’ordonnance de renvoi. Pour contenir la nausée. Pour ne pas aviver la fureur. Des viols donc, parfois à l’aide d’objets de toute nature, accompagnés à plusieurs reprises, selon l’accusation ‘d’actes de torture et de barbarie’ notamment accomplis à l’aide d’animaux et perpétrés sur des moins de quinze ans. Ce sont trois des victimes, trois frères, qui ont révélé à des assistantes maternelles les sévices qui leur étaient infligés chez leurs parents. Le comportement des malheureux ne lassait pas d’intriguer. Ainsi le petit D. s’enfonçait-il des crayons dans les fesses avant de les faire renifler à ses camarades…"(Figaro / 03.05.2004). Deux jours plus tard : "Dimitri, Kevin, Dylan, les deux Jonathan, Malvina, Corentin, Aurore, Amanda, Freddy, François-Xavier, Maxime, Julien, David, Jean-Marie, Cassandra, Lucas, Anthony n’étaient pas là, hier, pour voir les dix-sept adultes qu’ils ont dénoncés entrer furtivement, tête basse, dans la cour d’assises. Mais ils viendront les toiser, ces enfants dont l’aîné, aujourd’hui, n’a que quinze ans. Ils raconteront aux jurés ce qu’ils ont subi, et leur parole exceptionnellement dans ce type de dossier, sera publique."(Figaro / 05.05.2004). Et les mois, les articles défilent jusqu’au lundi 26 décembre 2005, fin du procès des assises de Paris, qui allait acquitter 13 individus. Un chiffre porte-malheur... sans doute. Est-ce faire honneur à deux personnalités qui, chroniqueur et avocat, sont parvenues à détourner le lecteur de la véracité des faits, que de taire une approche malveillante s'espérant complaisante ? Après tout l'avocat même le plus brillant qui soit, se trouve toujours des excuses, des causes extrinsèques pour éviter une défaite insupportable.Depuis vendredi dernier (22.05.2015), Homayra Sellier, Présidente de l’association Innocence en Danger, citée comme témoin dans le procès de Daniel Legrand (fils), est victime de tentatives de pression et de menaces, toutes débutées le 20 avril dernier. Ces menaces sont montées en puissance depuis le début du procès qui se déroule devant la Cour d’assises de Rennes. On exige qu'elle se "rétracte", qu'elle "demande pardon à Daniel Legrand" ou encore qu’il ou elle "va tout faire pour la mettre hors d'état de nuire". La plainte déposée vendredi est prise très au sérieux par la police judiciaire.FG