"Un jour, les hommes se souviendront, et comprendront que j'ai donné naissance au XXe siècle."
Cela faisait un petit moment maintenant que je n'avais pas revu "From Hell" dont je gardais pourtant un bon souvenir. Profitant du fait que je suis en train de me mater quelques films avec des serials killers, j'ai donc sauté sur l'occasion pour me refaire une piqûre de rappel avec ce long métrage.
Dès les premières secondes avec cette citation de Jack l’Éventreur et cette atmosphère atypique, je me suis replongé dans ce film. Amateur de tueurs en série au cinéma, c'est avec un certain délice que j'ai été captivé par ce scénario écrit par Terry Hayes et Rafael Yglesias d'après l’œuvre d'Alan Moore et Eddie Campbell, surtout que le mythe de Jack L’Éventreur est toujours aussi fort cinématographiquement. Je n'ai malheureusement pas lu le roman graphique d'origine (même si j'aimerais bien) mais ce récit m'a vraiment passionné.
J'ai suivi cette enquête avec plaisir surtout que l'ambiance un peu glauque des meurtres associés à l'ambiance de l'époque offre un mélange parfaitement homogène. La reconstitution semble alterner à merveille avec faits avérés et faits de fiction ce qui nous donne un thriller assez efficace. En fait, le seul bémol que je peux émettre, c'est que (bien que je le comprenne), je ne suis pas fan de la théorie soulevé par le scénario. J'aurais préféré que l'on reste sur l'imaginaire, l'énigmatique, le mystérieux et c'est vrai que ce parti pris de dire une vérité parmi tant d'autres m'as un peu dérangé surtout dans son final.
A côté de ça, le casting est très bon à commencer par un Johnny Depp parfait en Inspecteur Fred Abberline. C'est un registre que l'acteur maitrise bien et j'ai apprécié qu'ici il ait réussi à lui donner une personnalité propre sans qu'on est à repensé à un autre de ses rôles. Son duo avec Heather Graham en Mary Kelly est très bon. Je ne suis pas un grand fan de l'actrice qui surjoue toujours trop à mon goût et qui n'est pas toujours crédible mais ici, la comédienne réussit bien à incarner la naïveté et la fraicheur de son personnage.
J'ai beaucoup aimé aussi Robbie Coltrane en Peter Godley. Son personnage est vraiment sympathique et la foi qu'il possède en Abberline m'amuse beaucoup tout comme la complicité qu'il peut y avoir entre eux. Ian Holm dans la peau de Sir William Gull fait lui aussi le boulot. Son personnage est en grande partie responsable du fait que je ne suis pas fan de la théorie avancé (même si elle avait déjà été évoqué) car l'évolution de son rôle me semble un peu brutal et peu convaincante mais l'acteur tient bon la route quand même et ça fait plaisir de le retrouver dans cette distribution.
Pour le reste, on a du très bon et du bon. Dans la première catégorie, je pense par exemple à Jason Flemyng qui fait un excellent Wetley. Sa personnalité est un peu dur à cerner et c'est vrai que même si il apparait comme un outil plus qu'autre chose, je trouve que son personnage n'en ait pas moins très intéressant. Pour la seconde catégorie, je pense principalement aux "collègues" de Mary Alice qui en font beaucoup trop parfois ou encore à Ian Richardson en Sir Charles Warren beaucoup trop caricatural et prévisible.
Ce qui fait la force du long métrage au-delà de sa simple histoire mythique, c'est aussi la réalisation très stylisé d’Albert Hughes et Allen Hughes. Les réalisateurs réussissent à bien traités des sujets de société de l'époque tout en montrant un certain sérieux dans le traitement de cette affaire. Visuellement, c'est vraiment très beau avec une photographie impeccable et un jeu de lumière qui contribue pour beaucoup à l'ambiance glauque que j'apprécie tout en ayant un aspect tellement proche du roman graphique que la violence me semble "presque" dédramatisé. Je dis presque car il y a quand même une certaine violence visuelle à l'écran indéniable même si on aurait pu avoir bien pire en terme de voyeurisme. Là, ça reste quand même globalement plutôt gentillet.
Les costumes sont eux aussi très bons. J'ai trouvé qu'ils collaient bien avec les caractères des différents personnages. Les décors sont eux aussi remarquable avec une Angleterre fin 19ème siècle qui apporte beaucoup de charme. Il y a une certaine harmonie entre le noir et le rouge que j'apprécie grandement. Le film possède une identité visuelle en tout cas si forte qu'il est vrai que maintenant lorsque l'on parle de Jack L’Éventreur au cinéma, ce film occupe assez vite mes pensées.
Même la bande originale signée Trevor Jones me parait bien pensée. Après, c'est peut-être parce que la thèse avancé et donc sa construction à l'écran ne me plait pas des masses, à moins que ce ne soit la faute à un montage qui aurait gagné à avoir un peu plus de rythme mais je trouve malgré tout que ce film possède quelques petites longueurs et aurait sans doute mérité d'être amputé d'un petit quart d'heure selon mon goût. Je ne me suis pas ennuyé non plus mais si cela avait pu être un tout petit peu plus dynamique, je n'aurais pas dit non.
Pour résumer, j'ai vraiment bien aimé revoir "From Hell". Le scénario est bien ficelé, l'interprétation très bonne et la mise en scène très stylisé des frères Hughes permet à ce long métrage de sortir du lot et de nous proposer une ambiance cinématographique assez plaisante. Dommage qu'il y ait quelques longueurs et que je ne sois pas un grand fan de la théorie avancé (je préfère qu'on garde un certain mystère) mais c'est en tout cas un film que je pourrais revoir assez facilement.