La soul folk de Joe Bel est bien trompeuse ! Effectivement, tout laisse à croire que cette artiste de 27 ans est une Américaine biberonnée à la soul de Marvin Gaye. Et pourtant, cette chanteuse est bel et bien une Française autodidacte, originaire de Grenoble. Mais on comprend mieux ses influences lorsque l'on apprend que Joe Bel est issue d'une famille éparpillée aux quatre coins du monde et notamment aux Etats-Unis. Ainsi, à peine un an après avoir donné ses premiers concerts seule, à la guitare, à Lyon, elle est repérée par le chanteur Asaf Avidan qui l'emmène avec lui lors de sa tournée européenne, en 2013. Elle foulera alors les planches de l'Olympia. Puis après une tournée en Allemagne durant l'été 2014, la chanteuse réalise son 2ème EP " Hit the roads " (mars 2015), 4 chansons portées par les mélodies de sa guitare acoustique.
Comment as-tu fait tes premiers pas dans la musique ?
Mes parents écoutaient beaucoup de musique et mon père avait un piano. J'ai d'ailleurs pris des cours quand j'avais 6 ou 7 ans, mais j'ai vite arrêté. J'ai passé mon enfance à chercher des choses, inventer des chansons, à l'oreille, à tâtons, sur cet instrument. La guitare est arrivée dans mon univers bien plus tard, vers l'âge de 22 ans.
Comment as-tu décidé d'en faire ton métier ?
Plus les années passaient et plus la composition prenait de la place dans mon esprit. Les chansons s'entremêlaient, résonnaient sans cesse dans ma tête et un jour, alors que j'étais à la fac, j'ai compris que pour être heureuse j'avais besoin de m'occuper de tout ça sérieusement, de prendre ces chansons, ces mélodies, et de les amener à vivre vraiment.
En 2013, ton 1er album est repéré par le chanteur israélien Asaf Avidan qui t'invite à faire la première partie de sa tournée européenne. T'a-t-il donné des conseils musicaux ?
J'ai quasiment découvert ce métier avec lui, cela ne faisait qu'un an que j'avais fait mon premier concert dans un café ! J'ai découvert ce que signifie se préparer techniquement avant un concert, gérer le son, le temps, les déplacements, la fatigue. J'ai observé son implication et son exigence professionnelle, son talent et son lâcher prise sur scène. Il m'a conseillé d'assumer mes émotions quelles qu'elles soient, et notamment la tristesse ou la mélancolie, de ne pas les cacher.
Comment a été créé ton EP "Hit the roads" ?
Les chansons " Stronger " et " Lonely as I Am " existent depuis longtemps tandis que " A While " et " Hit The Roads " n'ont que quelques mois. J'aime que les chansons m'accompagnent longtemps, j'aime les faire vivre sur scène, les transformer, les interpréter encore plus près de ce que je suis.Les quatre chansons évoquent des thèmes différents : " Hit The Roads " parle de l'aventure, d'oser se lancer vers l'inconnu pour mieux se connaître. " A While " : d'oser être libre, être soi, sans penser à ce que les autres vont penser. " Stronger " parle d'oser montrer ses faiblesses pour être plus fort. Et la chanson " Lonely as I am ", évoque la difficulté d'aller vers l'autre et de la solitude. Le thème majeur de cet EP est " oser ", quelque chose de récurrent dans ma musique.
Le titre de l'EP est-il un clin d'oeil à la chanson "Hit the road Jack" de Ray Charles ?
Non, " Hit the road " signifie prendre la route, c'est une expression très courante. Ma chanson signifie " prendre les routes ", partir à l'aventure.
De qui t'es-tu entourée pour le créer ?
Je compose, j'écris et j'arrange les chansons. J'ai cherché à m'entourer d'un réalisateur multi instrumentistes afin de réaliser cet EP à deux, uniquement. Je voulais rester dans un univers très intime, car même si ce disque est bien plus orchestré que le premier, je ne voulais pas que cela parte dans tous les sens. Plus on est en studio, plus il y a d'idées, ce qui est super, mais je ne voulais pas me perdre. C'est Julien Jussey du groupe Animali qui a travaillé avec moi. C'était une vraie aventure, incroyablement éprouvante et belle.
J'ai lu que cet EP est un " carnet de croquis sonores d'un voyageuse alternativement spectatrice et actrice de son trajet ", qu'est-ce que cela signifie ?
Pour écrire j'ai besoin de vivre les choses et de les comprendre. Je pense que c'est ce que signifie cette phrase.
Je pense être " spectatrice ", " observatrice " des sentiments, des gens, des émotions, et actrice dans ma musique pour retranscrire tout ce que je vis ou ce que je ressens.
En écoutant ton EP, on pourrait penser qu'une Américaine est derrière le micro... Quelles sont tes influences ?
C'est toujours difficile de savoir ce qui nous " influence ". J'écoute très peu de musique, peut-être justement pour ne pas être " influencée ", mais surtout parce que lorsque j'écoute un disque, j'ai besoin de m'asseoir et de l'écouter, vraiment. Je ne peux pas écouter de la musique en faisant autre chose, ça me déconcentre ! Et j'ai beaucoup écouté Stevie Wonder et Paul McCartney, chez mes parents quand j'étais plus jeune, c'étaient un peu les dieux de la musique ! Ce sont deux icônes très fortes, deux mélodistes aussi sensibles que géniaux, l'un pour la soul et le groove, la musique afro-américaine, et l'autre pour la pop anglaise, simple et complexe à la fois, naturelle et savante.
Les réseaux sociaux sont-ils indispensables pour percer aujourd'hui en tant qu'artiste qui débute sa carrière ?
C'est une possibilité de présenter facilement son travail ! Cela permet de partager ce que l'on créé avec les autres, et d'avoir une première existence " publique " en tant qu'artiste, c'est quand même génial. Mais cela ne suffit pas, justement parce que tout le monde peut le faire. C'est une super base de partage, mais ce n'est pas là que se trouve la réalité de la vie d'artiste. Heureusement !
Est-ce pour toi un plaisir ou une contrainte d'être sur les réseaux sociaux ?
C'est un plaisir, bien sûr, de partager mon travail et des moments importants de ma vie avec ceux qui me suivent depuis le début, ou les personnes qui me découvrent. J'ai l'impression qu'on vit ça tous ensemble, ça me porte énormément.