Par Clémence Vergne, économiste à l'A.F.D
Au cours de la dernière décennie, le Ghana a enregistré des taux de croissance moyens supérieurs à 7 % par an, ce qui lui a permis d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Toutefois, la croissance a récemment marqué le pas pour s’établir à 4,2 % en 2014, ce qui soulève la question de la pérennité du modèle de développement du pays. Le Ghana se trouve désormais à un stade critique de son processus de développement.
© Olaoluwa/IITA
Une transformation structurelle de l’économie relativement modérée
Après être restée relativement stable de 1970 à 1990, la structure de production de l’économie ghanéenne s’est progressivement modifiée, en particulier au cours de la dernière décennie. L’examen de la décomposition sectorielle du PIB ghanéen révèle deux caractéristiques majeures dans la structure et l’évolution de la répartition de la valeur ajoutée par secteur. Premièrement, le Ghana demeure un pays fortement agricole dans la mesure où la part du secteur primaire représente toujours près d’un tiers de la valeur ajoutée totale et plus de 40 % de l’emploi total. Toutefois, à l’instar de la plupart des exemples de développement, la croissance ghanéenne s’est caractérisée par un recul marqué de la part du secteur agricole dans l’économie, laquelle est passée de 56,5 % de la valeur ajoutée totale au cours des années 1970 à environ 26 % sur la période 2010-2012. Deuxièmement, la diminution progressive de la part du secteur agricole s’est essentiellement effectuée au profit du secteur des services et non du secteur secondaire. La part du secteur des services est ainsi passée d’un peu moins de 25 % dans les années 1970 à près de 50 % en 2010-2012. La part du secteur industriel est quant à elle restée stable depuis 1990, à moins de 25 % de la valeur ajoutée totale. En outre, la part du secteur manufacturier accuse un recul significatif, passant de 10 % au cours des années 1990 à 7 % sur la période 2010-2012.
Comme de nombreux pays africains, le Ghana connait un processus de transformation structurelle relativement lent et récent. En outre, la transformation structurelle s’opère par la voie des services et non par une hausse des activités manufacturières. Toutefois, le secteur des services demeure très concentré dans les services informels à faible valeur ajoutée comme le commerce de détail ou les services à la personne. Le secteur informel représente 80 % de l’emploi total au Ghana.Malgré la vigueur de la croissance (taux de croissance annuel soutenu de plus de 5 % depuis 1990), pourquoi la transformation structurelle de l’économie ghanéenne en cours se fait à un rythme lent ?
L’affaiblissement de l’investissement risque de peser sur le développement des infrastructures
L’investissement joue un rôle majeur dans la croissance économique. D’après la Commission sur la croissance et le développement (2008),
les pays qui ont atteint une croissance forte et soutenable consacrent en moyenne plus de 25 % de leur PIB à l’investissement et financent ce dernier principalement via un recours à l’épargne nationale.En comparaison internationale, le Ghana présente des taux d’investissement relativement modestes. Sur la période 2005-2012, le taux d’investissement s’établit à 20 % du PIB, contre 27 % en moyenne dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieur. De surcroît, le taux d’investissement ghanéen oscille fortement en fonction des évolutions macroéconomiques et politiques du pays. A partir de 1984, le taux d’investissement s’est progressivement renforcé, en particulier grâce à l’accroissement de l’investissement public financé en partie par d’importants flux d’aide financière. Cette tendance générale s’est inversée à partir de 2006. Globalement,
la faible dynamique de l’investissement tient à l’essoufflement de l’investissement public sur la période récente d’une part, et à l’insuffisance de l’investissement privé d’autre part. Ce dernier demeure pénalisé par l’effet d’éviction généré par des déficits publics croissants. En effet, il s’opère un détournement de l’épargne domestique, laquelle est canalisée vers le financement des déficits publics, ce qui force les entreprises à autofinancer leurs investissements, d’où la réduction de l’investissement privé. De manière générale, la faiblesse du taux d’épargne domestique (4,6 % du PIB sur la période 2005-2012) pèse sur la dynamique d’investissement.Pour lire
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- MacroDev n°15 | Ghana : les enjeux de la croissance face à la montée des déséquilibres