Aziza Brahim, blues du Sahara

Publié le 25 mai 2015 par Yasida

Hijo de las Nubes

Eres hijo de las nubes, si

Eres libre como el viento, si

Eres hijo de las nubes, si

Eres libre como el viento, si

La sombra de la acacia que ví por primera vez

La sombra de la acacia que ví por primera vez

Más allá de la línea del miedo, quizás esté

Texte entier

Aziza est née en Algérie, près de Tindouf, où elle grandit avec ses neuf frères et sœurs. “ Je pensais que cet endroit était mon pays. Je ne savais pas que c’était un camp de réfugiés. L’innocence d’un enfant s’avère parfois appropriée pour résister, se protéger dans les contextes les plus durs. Comme on n’avait pas de jouets, on faisait de la musique pour s’amuser. Le jeu consistait à faire des chansons avec les poèmes de ma grand-mère. Ma mère et elle ou d’autres femmes du voisinage formaient le jury. Je faisais tout mon possible pour gagne r”, confie-telle, rappelant au passage avoir vécu ses premières expériences musicales lors de ces vendredis où les familles musulmanes se rassemblaient pour prier et chanter les louanges au Prophète.

Si elle commence à faire entendre sa voix dans les récitals avec sa grand-mère, c’est à Cuba – où elle est envoyée à onze ans pour suivre ses études secondaires – qu’a lieu sa première prestation en solo. Devant ses camarades d’école sahraouis, elle interprète une chanson du Libanais Walid Toufic. “ J’ai écouté Ali Farka Touré, mais aussi Warda, Oum Khalsoum, Salif Keita. Je me souviens du raï : Cheb Khaled, Cheikkha Rimitti, Cheb Mami… Du reggae, avec Bob Marley et Alpha Blondy et des cassettes arabes que mon oncle rapportait d’Alger. Et aussi de Dimi Mint Abba, la référence du haul (la musique traditionnelle, NDLR), avec Malouma ”, liste la jeune femme qui joue des percussions, comme sa mère et ses sœurs.

RFI


De La Tierra derrama lagrimas à Soutak

Forte de toutes ces influences, elle se met à composer ses propres titres lorsqu’elle retourne au milieu des années 1990 sur le sol africain, huit ans après l’avoir laissé. Son style ne tarde pas à attirer l’attention, à l’échelle locale. Avec La Tierra derrama lagrimas, devenu un morceau phare de son répertoire, elle remporte le premier prix du concours organisé dans le cadre du festival culturel de la République arabe sahraouie démocratique, État fantôme créé par les indépendantistes.

Tout en étant enrôlée au sein de l’ensemble national sahraoui avec lequel elle part en tournée dans les pays voisins, elle fait ses premiers enregistrements, qui atterrissent sur des compilations remarquées, et monte un groupe baptisé Leyuad pour l’accompagner sur les scènes de France, d’Allemagne et d’Espagne, son nouveau pays de résidence. L’équipe changera en 2006 pour devenir Gulili Mankoo, formation afro-latino. Le son d’Aziza se fait résolument moderne.

Cette fois, pour Soutak, son nouveau disque conçu à Barcelone et emballé par le producteur américain Chris Eckman (Samba Touré, Tamikrest…), elle a eu envie de revenir à un mode plus traditionnel, acoustique afin de “ faire ressortir le chant et souligner ce que disent les textes ”. Avec en filigrane un second objectif : voyager, en partant de sa culture pour aller vers celle du Mali,  “ le plus naturellement, sans problème, parce que ce sont des cultures proches ”.

Du blues des sables du Sahara chanté par une voix imposante. Critique et écoute.<

Née dans un camp de réfugiés du Sahara occidental et désormais résidente barcelonaise, Aziza Brahim, pour ses débuts dans la cour des grands (et après quelques productions plus confidentielles et musiques de films), s’invente un univers ample, sous-tendu par une tendresse inouïe. Grande activiste de son peuple et l’une de ses porte-parole, la chanteuse s’était en un passé récent égarée dans une tentative de funk fusion qui pénalisait la grâce infinie de ses vocalises.

Soutak (“Ta voix”) recadre idéalement les choses. Produit par Chris Eckman (Tamikrest), l’album décline les harmonies acoustiques de l’impeccable guitariste Kalilou Sangaré, et le caractère hypnotique de ces rythmes ancestraux du blues des sables. La puissance d’évocation de la jeune femme et une dualité assurée entre combat politique et propos intimes renvoient aux modulations désolées de Billie Holiday, et à sa puissance.

 LesInrocks