Le pays de la peur

Publié le 25 mai 2015 par Lecteur34000

« Le pays de la peur »

ROSA Isaac

(Bourgois)

Une famille madrilène. Dont la vie tourne au cauchemar. Des billets de dix ou vingt euros disparaissent du portefeuille de la maman. Mais aussi de menus objets qui se volatilisent à l’intérieur de l’appartement. Les soupçons se portent sur la femme de ménage, une jeune immigrée marocaine. Laquelle femme de ménage est licenciée sans autre forme de procès. Sauf que les larcins continuent. Et qu’il s’avère très vite qu’ils sont le fait de l’enfant du couple, pauvre gamin régulièrement racketté aux portes du collège qu’il fréquente. Le père se lance alors dans une aventure dont il ne maîtrise ni les tenants ni les aboutissants. Il se heurte à une petite bande organisée qui parvient à le « terroriser ». Ni la direction de l’établissement scolaire ni la justice ne lui portent assistance. La situation se dégrade à un point tel qu’il finit par demander aide et assistance à son beau-frère, flic municipal et fier à bras.

Etait-il nécessaire d’user de tant d’artifices pour mettre l’accent sur la peur que génère la violence subie par d’honnêtes citoyens ? Les multiples digressions dont Isaac Rosa parsème son récit suffisent-elles à éclairer son propos ? Le Lecteur en doute, tant il s’est senti délesté de son libre-arbitre. Il lui fut insupportable d’emprunter, à l’insu de son plein gré, les cheminements initiés par l’Ecrivain. Comme s’il lui était interdit, à lui, le Lecteur, de dévier et d’emprunter des sentiers de traverse. L’anecdote s’avère certes intéressante. Mais le fait qu’elle ait été reléguée au second plan, supplantée et noyée au beau milieu d’analyses sociologiques fort convenues, a généré un palpable malaise qui a fini par le confiner aux marges du roman.