Un Tsui Hark au cinéma, cela ne se refuse pas. D'autant plus lorsqu'il est aussi jouissif et intelligent que La Bataille De La Montagne Du Tigre, un film qui surprend continuellement ses spectateurs pour mieux les embarquer dans une folle aventure comme on en voit que trop rarement au cinéma, et agrémentée de plusieurs niveaux de lecture pour notre plus grande joie. Une oeuvre aussi généreuse que fourre-tout, et dans laquelle on retrouve tout ce qui fait le charme du réalisateur. Immanquable !
Alors qu'il nous avait offert, avec Detective Dee 2 La Légende Du Dragon Des Mers, l'un des meilleurs divertissements de l'année dernière, celui que l'on surnomme le Spielberg asiatique réitère l'exploit avec La Bataille De La Montagne Du Tigre. Cette fois, il met de côté son goût pour les histoires issues du folklore chinois en choisissant de réaliser l'adaptation d'un roman populaire écrit par Qu Bo en 1957 intitulé Tracks In The Snowy Forest, se fondant sur des faits historiques. Les événements se déroulent en pleine guerre civile, après la capitulation japonaise, en 1946. L'on y suit la résistance d'un petit groupe de villageois, dans les montagnes du nord-est du pays, aidé par une unité de l'Armée de Libération du Parti Communiste, contre l'oppression d'un bandit tyrannique vivant reclus dans une forteresse imprenable, et dont les sbires imposent leurs lois auprès des populations avoisinantes. Si l'on pouvait s'interroger sur les motivations qui l'ont conduit à se pencher sur un tel récit, a priori propagandiste ou du moins politique, l'on a tôt fait de comprendre que ce qui captive ici Tsui Hark n'est pas dans la retranscription d'une certaine réalité historique, mais au contraire dans la façon avec laquelle celle-ci a pu, et peut encore, être interprétée. Ce que cherche à nous dire le réalisateur, c'est qu'il ne faut pas nécessairement croire en tout ce que l'on nous raconte, et qu'il est relativement aisé de modifier tout ou partie d'une histoire pour en tirer avantage. C'est ainsi que La Bataille De La Montagne Du Tigre s'ouvre par une scène se passant de nos jours, alors qu'un jeune étudiant chinois en informatique de la Silicon Valley s'apprête à retourner dans sa région d'origine. Pour occuper le temps pendant son trajet en train, il décide de visionner un film. Il s'agit de la version 70's de La Bataille De La Montagne Du Tigre, un opéra filmé. Il se met alors lui-même à imaginer cette fameuse bataille, qui sera la relecture moderne du réalisateur. Tsui Hark raconte un film, dans un film, dans un film, en quelques sortes. Cette structure n'a pour but que d'amener les spectateurs à réfléchir sur la notion de fidélité d'une histoire, y compris lorsque celle-ci est connue de tous et considérée comme véridique. Il semble nous dire d'emblée que La Montagne De La Bataille Du Tigre sera sa propre version, telle qu'il veut nous la présenter, mais qu'il ne faudra pas pour autant la prendre pour avérée, d'autant qu'il se permet une fantaisie aussi inutile (en apparence) que réjouissante pendant le générique de fin pour appuyer son propos.
Et quitte à suivre un récit à connotation politique, autant en profiter au contraire pour en faire un spectacle jubilatoire dans lequel la crédibilité ne sera pas nécessairement remise en cause : Tsui Hark fait ce qu'il sait faire, avec sa générosité habituelle. La Bataille De La Montagne Du Tigre est un serial, un film d'aventure, de guerre, voire d'espionnage, autant qu'un film historique.
Avec ses personnages attachants, ses idées de mise en scène inventives, sa parfaite
3D, ses scènes d'action démesurées, ses effets spéciaux convaincants (la scène du tigre est vraiment très bien faite) et sa direction artistique lorgnant vers le steampunk, La Bataille De La Montagne Du Tigre est une nouvelle réussite pour Tsui Hark.Les fans seront heureux de retrouver le réalisateur en grande forme !
The Taking Of Tiger Mountain/Zhì Qu Weihu Shan
En 1946, après la capitulation japonaise, la guerre civile fait rage en Chine. Des bandits sans foi ni loi en profitent pour occuper le nord-est du pays. Hawk est le plus puissant et le plus redouté de ces barbares. Avec ses hommes, il vit dans une forteresse imprenable, lourdement armée, au sommet de la Montagne du Tigre. L'Unité 203 de l'Armée de Libération traverse cette région lorsqu'elle tombe sur des hommes de Hawk en train de piller un village. Le Capitaine 203 décide alors de rester et de combattre le chef de ses criminels. Mais, cela n'est possible que si l'officier de reconnaissance Yang réussi à s'infiltrer d'abord dans le camp retranché de Hawk. Une bataille impitoyable, faite de force et de ruse, commence...