Jean-Christophe Rufin : Le collier rouge

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

Le collier rouge de Jean-Christophe Rufin   3,75/5 (18-05-2015)

Le collier rouge  (160 pages)  est sorti le 3 février 2014 aux Editions Gallimard. depuis le 10 avril 2015 il est disponible en version poche chez Folio (164 pages).

  

L’histoire (éditeur) :

Dans une petite ville du Berry, écrasée par la chaleur de l'été, en 1919, un héros de la guerre est retenu prisonnier au fond d'une caserne déserte. 
Devant la porte, son chien tout cabossé aboie jour et nuit. 
Non loin de là, dans la campagne, une jeune femme usée par le travail de la terre, trop instruite cependant pour être une simple paysanne, attend et espère. 
Le juge qui arrive pour démêler cette affaire est un aristocrate dont la guerre a fait vaciller les principes. 
Trois personnages et, au milieu d'eux, un chien, qui détient la clef du drame...

Mon avis :

Ce très court roman, proche de la nouvelle, évoque avec beaucoup de retenu le thème de la fidélité et de l’honneur.

En août 1919, la guerre est finie. Le commandant, chef d’escadron Hugues Lantier du Guez nommé juge militaire après l’armistice, vient dans une petite ville du bas du Berry instruire l’affaire Morlac.

Le caporal Jacques Morlac, a qui ont a attribué la légion d’honneur, est détenu dans l’ancienne caserne (transformée en  prison pendant la guerre) pour avoir commis des méfaits envers la nation. Durant ces quatre jours d’interrogatoire, Lantier va essayer de juger sa part de responsabilité, d’établir les causes dans l’accusation et de comprendre les circonstances pour ensuite statuer sur son cas.

Le collier rouge est vraiment un récit captivant. On se plonge avec facilité dans cette époque, (moins abordée que d’autres dans la littérature) à la sortie de la guerre, où les mentalités sont encore meurtries et où les populations rurales vouent une certaines hostilité envers les gradés et les gens au pouvoir, pointant du doigt leurs ordres d’emmener leurs fils, frères ou pères à la boucherie (entre autres imbécilités liées à la guerre).

Bien plus qu’un récit de combat, le collier rouge est un texte plein d’humanité sur la fidélité, l’amour et le dévouement et l’orgueil.

Au fils de l’interrogatoire et de l’enquête de de Lantier, on apprend l’histoire de Morlac et de son chien Guillaume (personnage à part entière qui impose sa présence dès les premières pages). Jean-Christophe Rufin narre cette histoire (qui lui tenait à cœur) à avec subtilité et humanisme. Il dévoile les choses avec douceur. Instaurant beaucoup de mystère, il nous fait attendre les dernières pages pour connaître les faits (que l’on attendait depuis le début) dont on accuse Morlac, et finalement cette révélation arrive à passer au second plan n’ayant plus autant d’importance une fois que l’on a compris l’état d’esprit du prisonnier et pourquoi il tient tant à être condamné.

Tout la subtilité de la narration est là et rend cette histoire passionnante. L’auteur va à l’essentiel dans le choix de ses mots mais garde un part d’ombre dans son intrigue. Son écriture est belle, simple, sensible et  sans aucune longueur (bien que l’atmosphère soit chargée de langueur et l’action quasi inexistante).

En bref : Le collier rouge est un petit roman à découvrir.