Dérapages de Danielle Thiéry 3,5/5 (21605-2015)
Dérapages (371 pages) est sorti le 21 mai 2015 aux Editions Versilio.
L’histoire (éditeur) :
Un corps d'enfant, très déconcertant, est découvert sur une plage du Nord de la France. Un cas troublant, qui laisse totalement perplexes les médecins légistes. Même le commissaire Edwige Marion, qui dirige un important service de la PJ parisienne, n'a jamais rien vu de tel. Au même moment, Edwige Marion, récupère sa fille Nina, choquée et couverte de sang. Elle a fui Londres et sa soeur Angèle. Nina est mutique. Angèle et son mari, un scientifique renommé, ont disparu. Quels peuvent être les liens entre cet enfant mort noyé, une adolescente, et un scientifique spécialiste du génome humain... Commence pour la commissaire Marion une enquête complexe, aux ramifications internationales, et qui va vite sombrer dans l'horreur.
Mon avis :
La dernière lecture de Danielle Thiéry remonte à 1997 avec Le sang du bourreau (mon Dieu, 18 ans déjà…). Je ne me rappelle plus vraiment de l’intrigue, mais le livre est resté dans ma biblio depuis et ça c’est un bon signe. Rencontrée l’année dernière lors du Salon à Saint Maur, Danielle Thiéry m’avait fait forte impression en m’évoquant son ancienne activité et en parlant de la genèse de son écriture. J’avais du coup acheté Affaire classée qu’elle m’avait vivement conseillé (mais que je n’ai pas encore eu le temps de lire). Je suis du coup contente d’avoir eu l’opportunité de me replonger dans son œuvre avec ce nouveau titre.
Danielle Thiéry revient donc cette année avec Dérapages qui met à nouveau en scène son personnage récurrent : Edwige Marion, commissaire divisionnaire à l’OCRVP de Paris. Cette dernière est dépêchée à Lille où le corps d’un enfant, semble-t-il, a été retrouvé échoué sur la plage de Berck. En découvrant le cadavre les enquêteurs sont stupéfaits par son état. La créature apparaît à la fois vieille et jeune : l’était clinique tend à penser qu’elle n’a que 6 ans mais l’état de ses membres, de son crâne et de certains de ses organes donnent l’impression d’avoir affaire à un vieillard. Elle prend immédiatement en main l’affaire et demande le rapatriement à Paris des preuves et du corps. Sa vie personnelle vient cependant prendre le pas sur son travail lorsqu’elle reçoit un appel l’informant que sa fille adoptive Nina, qui vit à Londres avec sa sœur et son mari, vient d’être retrouvée dans les toilettes de l’Eurostar, terrifiée et mutique. La commissaire Marion doit alors travailler sur deux plans qui vont vite avoir quelques points communs : essayer de découvrir ce qui s’est passé à Londres où Angèle, la sœur de Nina, et son mari le scientifique Azonov, sont désormais introuvables, et enquêter officiellement sur l’affaire de « le noyée de Berck Plage ».
Dérapages est un polar à l’intrigue riche (très riche !) et minutieuse. On suit en parallèle trois histoires : celle qui concerne Nina et le cas Azonov, celle du corps étrange et enfin l’histoire en huis clos de Jennifer, une jeune mère enfermée chez elle et obligée de dispenser des soins à une autre créature.
Même si j’ai trouvé ce roman dense et par moment presque un peu lourd dans l’accumulation d’informations, de personnages, de découvertes et de références aux précédents romans (pas suffisamment explicites pour ne pas se sentir larguée sur certains points), il reste tout de même palpitant et prenant. On bascule constamment d’un point de vue à l’autre et surtout d’une affaire à l’autre, ce qui rend la lecture très rythmée, devenant presque pressante. L’envie de comprendre ce qui se cache derrière tout ça et surtout de découvrir ce qui va arriver à certains personnages donne envie de tourner encore plus vite les pages. Franchement, on se demande comment tout cela va finir par s’assembler et si les protagonistes ne vont pas mal finir.
L’auteure est une professionnelle à double niveau. La narration est fluide, elle ménage les révélations et nous gâte aussi bien au niveau des scènes de tension que des rebondissements. D’autre part, le côté policier (avec ses procédures et son parler) sonne vrai, tout autant que l’aspect scientifique, qui donne la sensation d’avoir été minutieusement travaillé. Les explications ne sont pas livrées en abondance mas progressivement au rythme de l’enquête, apportant un intérêt supplémentaire à la lecture.
Dérapages et un roman qui commence fort et qui se complexifie au fil de la lecture, sans pour autant perdre le lecteur. Danielle Thiéry réussit à embarquer, à captiver et à surprendre. Sur fond d’espionnage, de manipulations scientifiques et de courses poursuites, l’enquête du commissaire Edwige Marion ne devrait pas vous laisser de répit.