En marchant plein ouest, vers Compostelle, l'été 2012, j'avais eu l'impression que l'ancien mourait en moi, avec ce désagréable sentiment d'avoir du mal à retrouver le nord à mon retour. En m'engageant plein est, au pays du Soleil-Levant, c'est comme si une nouvelle aurore avait pointé en mon for intérieur. Le principe bouddhique de l'« impermanence » nous apprend d'ailleurs que nous ne cessons de mourir pour renaître à nouveau. Je suis en perpétuelle évolution, en éternel devenir. Rien n'est jamais figé.
Cette aventure a été comme un réveil pour l'ensommeillée que j'étais, une invitation à rentrer dans la danse de la vie, qui est là et partout. Jour après jour, il m'est apparu de manière limpide que la réponse à cette soif se trouvait là où s'était formée la question : à l'intérieur de moi. « Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? » dit Angelus Silesius, mystique allemand du XVIIe siècle. M'ouvrant peu à peu au mystère de l'infini au creux de mon Être, j'ai cheminé vers une source, que je pourrais nommer noyau divin, lumière, Être, Dieu.
Ce voyage a suscité en moi l'envie de retourner à l'Église, avec une nouvelle qualité de présence, plus d'intériorité. Quelle révélation lorsque j'appris que la méditation était déjà présente chez les Pères du désert ! J'ai découvert aussi l'hésychasme, pratique spirituelle dans la tradition chrétienne orientale, la « quies », le repos en Dieu, cher à saint Bruno et aux Chartreux... Puisque ma propre tradition détient de vrais trésors pourquoi irais-je chercher ailleurs ? Depuis, Dieu a pris un autre visage : j'ai rencontré un Jésus proche et touchant de par son humanité, un Dieu accessible, une figure du Christ incarnée.
Un livre et une conférence
Pour un premier ouvrage, c'est une réussite. Avec talent, Marie-Édith Laval partage au fil de ces 300 pages son chemin initiatique en terre nippone, sous la forme d'un journal de bord. Jour après jour, le lecteur est emporté par cette escapade où le concret côtoie le spirituel, où l'horizontalité semble ne faire qu'un avec la verticalité.
L'auteure donnera une conférence sur le pèlerinage de Shikoku, le 28 mai au Forum 104 (104 rue de Vaugirard, Paris VIe), de 20 h à 22 h 15. Dès 19 h, elle se tiendra disponible pour échanger sur son expérience.
Comme une feuille de thé à Shikoku. Sur les chemins sacrés du Japon, de Marie-Édith Laval.
Le Passeur Éditeur, 19,50 EUR.
'source : La Vie)