Du 4 juin au 6 septembre 2015, la galerie de l’hôtel Elysées Mermoz présente la première exposition solo à Paris de la peintre Lena Hilton.
Découverte lors du Salon de Montrouge 2014, son travail abstrait tranche par son sens des proportions, l’économie des moyens mis en oeuvre, sa simplicité apparente et la prise en compte de l’espace dans lequel les tableaux sont présentés.
Suite à ma visite dans son atelier pour préparer cette exposition, je lui ai proposé quelques questions auxquelles elle a bien voulu répondre. Dans ce court échange retranscrit ci-dessous, Lena Hilton parle de son processus de travail et de la manière dont elle a abordé le projet de cette exposition.
Olivier Breuil : Les œuvres que tu présentes ont toutes ou presque été réalisées pour cette exposition. En quoi ce lieu particulier, situé dans un hôtel, a t il guidé ton travail?
Lena Hilton : Les peintures que je montre font partie de deux séries en cours : les petits formats ovales (tondos) qui préexistent à ce projet d’accrochage, et les tableaux plus grands, dont certains d’entre eux ont été élaborés en prenant en compte ce lieu. Il était difficile de nier les spécificités de ce lieu qui n’a pas la neutralité d’une galerie. Les murs de l’hôtel sont des surfaces encadrées par des moulures ou du mobilier et donc, en quelque sorte, déjà des formats définis. C’est cet aspect qui a rencontré le travail déjà engagé et qui est devenu un paramètre pour déterminer les formats de ces tableaux. Penser le tableau sur le mur comme un format dans le format. Pour les tondos, ils sont possibles dans cet accrochage d’une part par leur format non-rectangulaire, mais aussi parce qu’ils ont été pensés comme des tableaux qui en regarderaient d’autres, le hall de l’hôtel me semblait permettre ces face-à-face.
2014, Tondo n°10, 24 x 30 cm
Tu travailles avec une grande économie de moyens : 3 couleurs primaires, de l’eau et de la toile de coton brute. Est ce dans ces contraintes que tu t’imposes que tu trouves ta liberté de création ?
Ces contraintes sont une conséquence de ce principe d’économie fondamental. Elles sont définies au cours du travail et sont toujours à redéfinir. Elles deviennent alors des constantes à la série en laissant possible des modulations d’un tableau à l’autre. Cela implique une série de choix qui nécessitent de penser avant d’agir. Beaucoup de possibilités sont éliminées au préalable ou pendant le travail pour arriver en quelque sorte au seul choix possible. Il s’agit à chaque fois de trouver le point d’évidence, le point de tension ou de fusion entre format/forme/geste/couleur, entre ce qui est peint et la manière de peindre.
À propos de la liberté, oui, il me semble qu’elle peut se réaliser dans la répétition et à travers une discipline d’atelier.
Vue d’atelier (mai 2015)
Ce travail par jus dilués superposés à commencé avec la série de peinture tondo, dans lesquelles les couches successives font apparaître des masques ou des visages. Dans les peintures par bandes réalisée pour l’hôtel les jus se superposent pour arriver à des nuances de noirs toutes différentes et laissant passer entre elles une lumière intense. Est ce la lumière que tu cherches particulièrement dans ces peintures?
Ce que je cherche avant tout c’est une présence physique du tableau. La forme ovale de ces petits tableaux et la manière dont les limites du châssis sont reprises dans le format dessinant des masques ou l’idée d’un visage humain, vont dans ce sens. C’est avec cette série des tondos que j’ai pu commencer à préciser mon utilisation de la couleur. Premièrement en éliminant le geste de préparer une couleur avant de peindre, de choisir une couleur au préalable. Les trois primaires se mélangent directement sur la toile. Oui, il s’agit de lumière et d’absence de lumière, car dans ce travail de superpositions, les couleurs tendent à s’éteindre, à aller vers le noir. C’est donc même plus des valeurs que des couleurs. Le tableau est le résultat de la fusion de ces différents plans colorés. Il renvoie plus ou moins de lumière.
Vue d’atelier (mai 2015)
Après la série des masques, le motif est encore simplifié en utilisant une bande de largeur unique quelque soit la dimension de la toile. Ces bandes renvoient à l’histoire de la peinture abstraite. Quels sont les artistes qui t’ont le plus intéressé ?
Dans un premier temps, la peinture de Bram Van Velde puis de Malevitch. Souvent des artistes qui sont ou ont été dans une forme de radicalité. Pour ces tableaux à bandes de largeur unique qui est en fait la largeur du pinceau, on peut penser au geste de Toroni, ses travaux et ceux du groupe B.M.P.T m’ont beaucoup intéressé pendant mes études. Il y a aussi les tableaux de Martin Barré. Parmi les plus importants pour moi, il y a Barnett Newman, Ad Reinhardt, Ellsworth Kelly, les constructivistes, mais aussi Helmut Federle, Ed Ruscha, Gerwald Rockenschaub, Giorgio Morandi, Shirley Jaffe, Paul Klee, Guy de Cointet, Paolo Uccello, Sol Lewitt, Piero della Francesca, Dan Walsh, Heimo Zobernig…
(mai 2015)
Exposition du 4 juin au 6 septembre 2015
Galerie Hôtel Elysées Mermoz
30 rue Jean Mermoz
75008 Paris