The Delivery Man est une nouvelle comédie de six épisodes diffusée depuis la mi-avril sur les ondes d’ITV en Angleterre. L’action commence avec le premier jour de Matthew (Darren Boyd) à son nouvel emploi en tant que… sage-femme (même en anglais, on garde le terme féminin midwife). Bien qu’ayant reçu une formation exemplaire, parce qu’étant homme, il ne cesse d’être l’objet de taquineries de la part de ses collègues féminines et des patients. Pourtant, « ce » sage-femme a plus d’un tour dans son sac. De son côté, Peter Kay’s Car Share est une comédie d’autant d’épisodes diffusée à partir de la fin avril sur les ondes de BBC One. L’histoire est très simple : John (Peter Kay) et Kayliegh (Sian Foulkes) travaillent tous deux au même supermarché et après que l’établissement ait mis sur pied un service de covoiturage, ces deux-là font la route ensemble tous les jours et les nombreux kilomètres qu’ils ont à parcourir sont une opportunité pour ces quasi étrangers de faire connaissance, et peut-être même plus? De ces deux comédies de styles fort différents, c’est celle d’ITV qui se démarque non seulement pour l’originalité du scénario, mais aussi pour son personnage principal attachant. À l’opposé, celle de BBC, passé le premier charme, devient vite redondante.
The Delivery Man : on en voudrait davantage
Auparavant, Matthew était policier, mais après des années à donner des contraventions, il a envie d’un travail qui lui offre davantage l’opportunité de s’épanouir et c’est vers le métier de sage-femme qu’il se tourne, laissant son collègue et meilleur ami Ian (Paddy McGuinness) sur la touche et très sarcastique. Son premier jour à l’hôpital ne s’effectue pas sans heurts puisque sa première patiente est une jeune fille de seize ans et que son petit ami, présent pour le grand jour, n’a pas encore rencontré ses beaux-parents. Dans l’épisode suivant, il a à sa charge une femme acariâtre et ce n’est que plus tard qu’il découvre que son mari est aussi à l’hôpital pour assister à l’accouchement de sa maîtresse… dans la pièce voisine. Dans le troisième épisode, c’est une tueuse en série qui est sur le point de donner naissance et la police qui n’est pas bien loin aimerait bien que Matthew les aide à lui extorquer quelques informations sur l’emplacement cadavres…
Évidemment, ce qui fait le charme de The Delivery Man est que le protagoniste soit un homme sage-femme : un territoire jamais exploité en comédie, mais qui a beaucoup de potentiel et dont ITV sait tirer le meilleur. Non seulement il sait s’y prendre avec ses patientes, mais il se débrouille aussi bien avec les maris souvent laissés pour compte durant les différentes étapes de l’accouchement. Le personnage principal s’éloigne aussi des clichés : il n’est pas efféminé ni à l’autre bout du spectre un fier-à-bras machiste. Malgré sa taille imposante et une carrure qui seyait à son profil d’ancien policier, Matthew aime réellement les enfants et est d’une authenticité avec entourage qui force le sourire. Justement, l’humour n’est pas en reste comme lorsqu’il fait jouer des sons de baleines pour relaxer une patiente, mais que tout d’un coup, on entend sur l’enregistrement le bruit d’un chalutier et de chasseurs essayant de tuer les pauvres bêtes ou encore lorsqu’il tente d’interroger (aussi subtilement que possible) sa patiente psychopathe. Enfin, l’atout considérable avec Matthew est bien le fait que le téléspectateur puisse voir à l’œuvre un homme exercer ce métier et s’en tirer admirablement puisque d’après des statistiques en 2014, l’on ne comptait au Royaume-Uni que 103 hommes sages-femmes versus plus de 31 000 du sexe opposé et que ceux-ci n’ont été admis à faire ce métier qu’à partir de 1983. Démystifier et faire rire; voilà un bon mélange.
Peter Kay’s Car Share : redondance
Le concept est fort simple : John (Peter Kay), manager d’un supermarché, vit à quelques pas de Kayleigh qui travaille au secteur des ventes au même établissement. Avant de se lancer dans cette aventure de covoiturage, ils ne s’adressaient à peu près pas la parole et ces trajets en voiture leur en donne l’occasion. Au cours des trois premiers épisodes, ils discutent de sujets divers comme leurs relations amoureuses passées, leurs collègues de travail, leurs aspirations, etc. Le concept, fort simple, n’est pas sans nous séduire au premier abord d’autant plus qu’il s’agit d’une création de Peter Kay, comme l’indique le titre. Celui-ci est un humoriste extrêmement apprécié des Anglais alors que son dernier spectacle d’humour est entré dans le livre des records Guinness comme étant le plus populaire de tous les temps puisqu’en tout, il s’est produit devant plus de 1,2 million de spectateurs. Certes, le scénario est à la fois spontané et amusant et on s’attache rapidement aux personnages, mais à la longue, le concept devient un peu redondant. Pour pallier à cette difficulté, la production aurait pu s’inspirer de la série Inside no 9 de BBC Two et changer les personnages à chaque épisode tout en conservant le même concept. Dans la mise en scène aussi on aurait pu se montrer un peu plus audacieux et proposer par exemple des épisodes filmés en plan-séquence, d’autant plus qu’on a l’impression que l’action se déroule sans ellipse de temps.
Par contre, force est d’admettre que Peter Kay’s Car Share est bien de son temps puisque John Leguizamo sera éventuellement à la barre de Taxi 22 (aucune date de diffusion pour le moment) à CBS; un remake de la série éponyme québécoise qui mettait en vedette Patrick Huard dans le rôle d’un chauffeur de taxi n’ayant pas la langue dans sa poche. Tous les épisodes se dérouleront à l’intérieur d’un des célèbres véhicules jaunes et tirera sa force (on l’espère) des interactions en le conducteur et ses clients. Dossier à suivre.
The Delivery Man a attiré 2,65 millions de téléspectateurs pour son premier épisode et ce chiffre a diminué significativement la semaine suivante (1,55 million), mais s’est stabilisé lors du troisième (1,23). Pour le moment, on ne sait si la série sera reconduite. De son côté, Peter Kay’s Car Share a fait beaucoup mieux avec 6,85 et 4,56 millions pour ses deux premiers épisodes. Il faut aussi mentionner que pour la première fois de son histoire, BBC a décidé de suivre les traces de Netflix et d’abord de mettre la saison en entier sur sa plateforme iPlayer avant d’être diffusée sur la télévision en mode traditionnel, ce qui, on le voit bien, n’a pas affecté l’écoute en direct outre mesure. Bien que le format de cette fiction ne se prête pas particulièrement au binge-watching, la stratégie vaut la peine d’être mentionnée et on espère qu’il ne s’agit que d’un début.