Il existe beaucoup d'ouvrages à propos de Star Wars. Il convient par conséquent de connaitre les meilleures publications à ce sujet. Star Wars Storyboard : La Trilogie Originale se propose de revenir sur les trois films fondateurs de la saga grâce à des dessins, des croquis, des ébauches, des concepts art. L'intérêt de l'ouvrage est d'être un livre pour tous les publics : les passionnés de la saga grâce à des oeuvres issues des archives officielles, les cinéphiles car les storyboards désignent les images successives qui ont été utilisées pour organiser la réalisation et le découpage des différents films, et bien-sûr les curieux.
Huginn & Muninn a édité et assuré la traduction d'un ouvrage sorti en 2014 aux Etats-Unis et Angleterre. L'intérêt de l'ouvrage se confirme au sein des 350 pages : 92 pages sont consacrées à l'épisode IV, 112 sont dédiés à l'épisode V et, enfin, 143 pages sont liées au Retour du Jedi. Chaque page est commentée, chaque source est officiellement extraite des archives LucasFilm. Les espérances à propos de la publication étaient haute et, nous pouvons le confirmer, le livre s'avère être un produit dérivé d'excellente qualité ! Le Blog La Maison Musée partage sa lecture de trois manières différentes : les apports de l'ouvrage, les défauts constatés et nos quelques regrets, ainsi que la place dans les publications Star Wars et cinéma.
Eléments inédits, scènes supprimées et inspirations
Les storyboards ne constituent pas réellement des oeuvres d'art en de nombreuses exceptions. Pour les trois premiers épisodes de Star Wars, les dessinateurs principaux ( Joe Johnson et Nilo Rodis-Jomero) ont été pressés par le temps, le réalisateur et l'équipe de production. Ceci n'a pas empêché ces deux designers de mettre des traits de crayon sur des idées. Le premier défi extrêmement appréciable réside dans les personnages. Le premier Dark Vador, par exemple, était un être inadapté pour le tout public en raison de sa violence très explicite. (Arracher le bras d'un rebelle ?) L'un des vilains les plus emblématiques du cinéma change tour à tour d'aspect d'une page à l'autre de façon surprenante : casque bulldog, casque imposant ... Les dessinateurs rappellent que leurs oeuvres forment des indications à la réalisation sans être définitifs lors du tournage ni lors de la création des costumes.
Les artistes, par modestie et avec recul, admettent que leurs dessins ont été parfois imparfaits et incomplets. Il fallait être ultra-productif pour finaliser le projet The Star Wars à l'époque. A titre personnel, la réalisation des personnages reste quelque chose d'assez stupéfiant. La princesse Leia que l'on pense si singulière à l'aide de ces coupes de cheveux extravagantes était initialement pensée comme une héroïne digne d'une bande-dessinée. Les meilleurs comics servaient de référence : les dessinateurs derrière les storyboards de Star Wars ont eu Alex Raymond comme maitre spirituel. Moebius est souvent cité comme une influence nette révélée fondamentale dans les différentes planches de Star Wars : L'Empire contre-attaque.
George Lucas n'a jamais caché ses inspirations cinématographiques : Akira Kurosawa en tête. Du côté des dessinateurs, les influences sont un peu plus surprenantes. Alexandre Nevski de Serguei Essentein, film d'un réalisateur enclin à retracer la grande histoire de la Russie, a été un point de repère visuel pour les grandes étendues gelées de la planète Hoth. Parmi les autres artistes, les commentaires ne tarissent pas d'éloge à propos du magistral 2001 : L'Odyssée de l'espace qui avait déjà bien marqué des esprits dans les années 1970 ou encore Metropolis de Fritz Lang.
Il y aurait bien des exemples à développer de nouveau. En tête, le personnage de Chewbacca devenu tour à tour un extraterrestre costaud et même une femme-alien ! En dépit de ses détails, l'ouvrage a fait des sélections : tout ne peut pas être dit en 350 pages.
Des ellipses galactiques
La critique se justifie aussi parce que l'ouvrage est déjà complet. Pourtant, parmi les paroles plus mémorables du cinéma, il y a cet échange entre Carrie Fisher et Harrisson Ford : " - Je t'aime. " " -Je sais. " En quelques mots, si la cité des nuages Bespin est bien représentée, aucune planche dessinée ne fait état de la transformation de Han Solo en grâce (à cause) de la carbonite. Trois dessins lui sont associés dans le répertoire de l'épisode VI.
En tout état de cause, nous pouvions nous attendre à beaucoup plus de scènes indicatives pour Star Wars IV : Un nouvel espoir. Du moins, c'était notre intime conviction surtout lorsque l'on pense à créer quelque chose de nouveau. Les commentaires sont des atouts précieux pour les quelques 92 pages dédiées au premier film. Les écrits des dessinateurs compensent un léger manque d'illustration : il y est question des premiers noms de Luke Skywalker (Starkiller) et d'un frère emprisonné. (Deak Starkiller) Des idées non illustrées mais toutefois suffisamment suggérées pour avoir connaissance de cette éventualité dans le scénario de Star Wars.
La traduction française d'Huginn et Muninn est agréable à lire. Fluide, elle retranscrit parfaitement les quelques notes sur les dessins préparatoires. Seule une faute de frappe est repérable à la page 103 : " Il a l'heur [...] ". Au reste, Star Wars Storyboards : La Trilogie Originale est aussi plaisant à lire qu'à feuilleter : l'ouvrage ne comporte pas de faute d'orthographe.
Regrets de passionnés, les choix opérés par l'auteur J.W. Rinzler offrent une synthèse adaptée aux trois films. L'intérêt de l'ouvrage est également à resituer dans la portée cinématographique de Star Wars. Le potentiel est finalement bien mis en valeur.
Commentaires, indications, vocabulaire du modne du cinéma
Artbook ? Storyboard ? Produit dérivé ? Star Wars Storyboard ne se perd pas et est avant tout une oeuvre didactique. L'ouvrage mélange des planches colorées, d'autres plus détaillées, certaines ont tout simplement été des dessins d'hommage. Tout cela se mêle avec une fonction bien précisée. Les scènes les plus importantes sont truffées d'annotations de réalisation : tel est le cas dans l'épisode V au moment du duel entre Dark Vador et un Luke Skywalker très affaibli. Un simple cadre bleu délimite exactement la zone qui devait être réalisée sur le tournage, le reste devait être comblé en décors et suggestions. Dès lors, on comprend aussi la présence de scènes simples, schématiques, sans plus de détails. Les dessins sont alors des brouillons rapides et pourtant indispensables pour mettre en scène des idées.
Pas à pas, les commentaires nous expliquent souvenir après souvenir le pourquoi et le comment des cases qui défilent au fil des pages. Pour les amoureux du cinéma, si tout n'est pas révélé, beaucoup d'idées, de mouvements, de scènes, de regrets également sont formulés. Initialement, les trois films devaient s'ouvrir sur une scène de vaisseau impérial. L'énorme mastodonte aurait pu être filmé de plusieurs manières : en contreplongée, de front ... C'est pourtant un point fixe qui permet de découvrir l'énormité du bâtiment. Le storyboard aide aussi le lecteur à faire la comparaison entre la réalisation finale et les différentes cases dessinées. Dans le cas de l'épisode 6, l'on s'apercevra finalement que les scènes de combat ont été préparées et copiées presque au millimètre près.
Si l'avis et les idées des dessinateurs n'ont rien de définitif, ils constituent presque une éminence grise à la réalisation. En images, dessin après dessin, beaucoup d'entre vous se remémoreront image par image le film tel qu'il l'est aujourd'hui, dans ses dernières versions. Nous étions intrigués par les moyens de filmer et reporter les grandes scènes d'action du film, de la manière de filmer les scènes à l'aide de jouets ... Si les scènes d'action semblent parfaitement claires, peu d'éléments sont rappelés sur la manière de créer cet univers à l'aide de modèles réduits.
Les ouvrages consacrés au domaine du storyboard, hors dessins-animés, ne sont pas monnaie courante. A propos de Star Wars, on peut parler d'une oeuvre à plusieurs atouts pour tout cinéphile qui se respecte. Les impressions, les exigences, les besoins, les mouvements de caméra, les nécessités d'éclairage : beaucoup d'éléments sont partagés comme une introduction dans le monde du cinéma. Artistiquement, l'oeuvre mélange toutes les bribes qui ont constitué Star Wars. Les idées non retenues auraient pu constitué une version longue de chaque film tant les ébauches et les dessins développent une imagination rêveuse.
Huginn et Muninn ont traduit une oeuvre a la valeur quasi indispensable. Elle s'adapte à tous les profils sans manquer de précisions, sauf pour les plus exigeants. Et encore. Un ouvrage recommandé, peu promu ( La prélogie semble plus populaire ...) et pourtant riche de connaissances, autant cinématographiques que scénaristiques.
Envie d'en (sa)voir plus ? N'hésitz pas à jeter un oeil du côté de notre galerie de photos de Star Wars Storyboards : La Trilogie originale !