Le petit prince, le nouveau film d’animation de Mark Osbourne, a été présenté cette semaine à Cannes, hors-compétition. Un des plus beaux films de ce 68ème Festival.
Il faut tout d’abord se remettre dans le contexte, qui a probablement eu une incidence favorable sur notre réception. On sortait ce matin de la projection, dure et éprouvante, du film de Michel Franco, Chronic. Grâce à la magie de la programmation, nous voilà donc quelques minutes plus tard en place pour un tout autre film, radicalement différent : Le petit prince, de Mark Osbourne. On n’en attendait rien de particulier ; on est là par curiosité. Pourtant, voilà que les lumières s’éteignent. Le générique du Festival de Cannes retentit. Le film commence, et l’effet de surprise commence alors à agir et dissipe progressivement les mauvais pressentiments que l’on avait jusque-là.
C’est avec une certaine liberté que Mark Osborne adapte le célèbre conte d’Antoine de Saint-Exupéry. Il crée en fait une histoire en forme de poupée gigogne, une sorte de récit dans le récit. Une petite fille (très bien doublée par la jeune Mackenzie Foy), dont la vie est quadrillée et extrêmement planifiée par une mère idéaliste, se lie d’amitié avec son voisin, un grand-père en apparence excentrique et à l’âme d’enfant. Il commence alors à lui raconter l’histoire de cet enfant, rencontré en plein désert, qu’il a appelé « le petit prince ». De là, s’ensuit alors une course, ou plutôt une ode à l’imagination, mêlée à de jolies leçon de vie autour de l’amitié, de la famille, et de l’enfance.
Pour raconter son histoire, Mark Osborne joue avec la matière, ou du moins avec son support visuel. Il entremêle deux techniques d’animation différentes : la modélisation 3D, souvent très épurée, et la stop-motion, utilisée pour illustrer les instants de rêve. Les deux finissent par se croiser, et se mélanger. Où commence la fable ? Où s’arrête la réalité ? Le Petit Prince brouille habilement les pistes, et incite ainsi le spectateur à se laisser emporter par ce conte intemporel et universel, qui a traversé les années sans pourtant perdre de son propos et de sa force.
Même si cela peut sembler manquer par moment, Mark Osborne ne cherche pas vraiment à jouer sur l’humour, comme beaucoup d’autres films d’animation, malgré quelques situations amusantes qui prêtent à sourire. Le Petit Prince est avant toute chose un récit fondé sur le rêve et l’émotion. La poésie et la grâce qui échappent des images et de l’œuvre, joliment soulignée par la composition d’Hans Zimmer, émouvront à la fois les jeunes spectateurs et leurs parents. En fin de projection, à Cannes, nous avons vu beaucoup de larmes, et beaucoup d’étoiles, dans les yeux des festivaliers, dont nous faisions partie. Bien qu’il soit présenté hors-compétition et contre toute attente, cette petite pépite de rêve est pour nous l’une des plus tendres expériences de ce 68ème Festival de Cannes. Le film sortira le 29 juillet dans les salles françaises.